Come talk to me..

Comme tu aurais voulu que jamais cette douce nuit ne s'arrête. Oh qu'elle était courte, tu venais à en maudire ceux qui avaient eu la triste idée d'inventer les horaires. Si seulement tu avais pu profiter d'une seule petite heure en plus. Pourtant il fallait que tu te lèves et ce, pas plus lentement que les autres jours. Tes pieds avaient décidé d'être lourds, et tes pas ne se faisaient que plus pénibles à effectuer. Ton corps entier te semblait peser des tonnes. Ton dos courbé, tu te traînais à chercher quelque chose à te mettre.. Chaque jour tu regardais tes vêtements en te posant les mêmes questions et pourtant chaque fois tu prenais ceux de la veille. En réalité, tu espères que tes goûts changeront, que tu arrêteras de mettre les mêmes fringues jour après jour, tu espères qu'un matin tu te réveilles différente. Seulement, tu sais que ça n'arrivera pas. Alors chaque matin, sans une once de déception, tu remets ces vêtements que tu apprécies tant et tu sors un parapluie à la main, sans te soucier de l'état de tes cheveux et encore moins de ton visage.

Tes pauvres pieds nus subissent la température du sol sur lequel tu les déposes délicatement de manière régulière. Chacun de tes pas résonne doucement dans la ruelle que tu traverses sans aucune hésitation. Tes yeux restent fixés devant toi, ne faisant pas attention aux maisons délabrées qui hantent ces bas quartiers. Tu n'as pas choisi de vivre pauvre, pourtant tu en es responsable et tu le sais. Parfois, ces gens-là te plaignent mais toi, tu t'en contentes. Jamais tes désirs ne se sont portés sur une vie riche en confort.. Tu sembles si indifférente face à tout ce qu'il se passe sur ces terres. Tu n'imagines même pas à quel point tu as tords de te croire en sécurité. Au moins tu as conscience que tout cela est éphémère.

Tu arrives devant le bâtiment illuminé. Quelle idée de laisser un établissement pareil ouvert autant d'heures. Et toi, pauvre joueuse enfermée, tu es obligée d'y entrer et d'y bosser. Parce que c'est ce qu'on t'a dit de faire, parce que c'est ton unique moyen de survie en ce bas monde. Alors tu y entres et traverse les salles une par une pour aller chercher tes outils que tu laissais chaque jour dans le même local. Tu les accrocha à ta ceinture et te décida à aller observer toutes ces machines qui n'attendent que toi.

Sûrement aurais-tu réparé quelques-unes d'entre elles, alors pourquoi t'étais-tu arrêtée ? Tu savais bien que le travail t'attendait, mais tu étais restée stoïque, là, en plein milieu du chemin. Deux trois personnes ne t'ayant pas remarquée t'avait bousculée sans que tu fronces ne serait-ce qu'un sourcil. Immobile, tu fixais cette personne, perdue parmi tous. Ce n'était pas ton travail, de guider les gens dans la foule qui peuplait ton lieu de travail et tu n'aimais pas ça, le contact avec les autres. Alors pourquoi t'étais-tu avancée vers lui ?


Peut-être la question aurait-elle été plus charmante si ça avait été les jolies hôtesses sexy qui lui avaient posées. A côté, dans ta tenue sale et ton visage abîmé, tu faisais bien pâle figure, pas vrai ? Pourtant, sans savoir pourquoi, tu te trouvais mieux que ces pauvres filles utilisées dans leurs costumes de lapins. Ces jeux étaient si superficiels..