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 Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »
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Sharknado


Hope Corporation

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Sharknado

Messages : 34
Date d'inscription : 02/02/2014
Localisation : Partout.

Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » Empty
MessageSujet: Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »   Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » I_icon_minitimeVen 7 Fév - 23:36


❝SHARKNADO


✗ Comment tu t’appelais ?
Amandine Renard.
✗ Tu as choisi quel pseudo ?
Sharknado.
✗ Tu as quel âge en fait ?
21 ans. { 09/07/04 }
✗ Tu viens d'où ?
France.
✗ Tu veux aller sur quelle île ?
Hope Corporation.
✗ Tu fais quoi dans la vie ?

Elle customise des chaussures (et en garde la moitié pour elle, en bonne businesswoman). En clair, elle rajoute des trucs et des machins, découpe, recolore, greffe... Et comme toute artiste improvisée qui se respecte, elle ne fait bien sûr jamais deux fois la même chose. Pas qu'elle en soit capable non plus.

✗ T'es un super-héros ?
Fontaine de jouvence.

Si Sharky vous attrape la main gauche, peu importe le contexte, vous vous mettrez à rajeunir. Plus elle garde votre main longtemps entre la ou les siennes, plus vous rajeunissez : elle ne cherche pas à le contrôler. Elle peut au maximum vous faire revenir à vos dix ans. L'apparence que vous aurez sera celle que vous aviez à ce moment-là de votre vie, trait pour trait - ce qui implique que si vous avez aujourd'hui teinture et lentilles, vous ne les aurez plus une fois sous l'influence de son pouvoir. Les vêtements, eux, rapetissent avec vous.
A noter que si votre apparence et votre voix changent, vos capacités intellectuelles et vos souvenirs non. Vous aurez parfaitement conscience d'avoir perdu vingt centimètres. De même, si vous êtes aveugle aujourd'hui mais ne l'étiez pas avant, vous le resterez quand même. C'est purement esthétique, dans la logique du jeu - votre "avatar" change, mais pas votre personne ; ce n'est pas un VRAI retour en arrière. Si vous n'avez aucun souvenir de votre enfance, ça ne marchera pas. Si pour une raison X ou Y vous rajeunir pourrait vous causer préjudice (ex ; vous êtes dans le programme de protection des témoins, ou autres) je suppose que ça ne marchera pas non plus. Le fonctionnement est similaire à celui de tout don touchant aux souvenirs. A supposer qu'Euphemia ait une politique de respect de la vie privée.
Ça dure environ une heure une fois enclenché ; au bout de quoi, si elle ne vous retouche pas, vous reprendrez très rapidement votre apparence initiale façon vieillissement accéléré.


» Mémorisation Physique.



✗ La couleur de tes yeux de biche ?
Sharky a les yeux fins, bruns, foncés et ternes. Ils ne le sont pas, cela dit, au point de paraître noirs ; même à l'ombre, on distingue nettement les reflets noisettes qui entourent ses iris sans s'y confondre.

✗ Et celle de tes cheveux au vent ?
Parce que les gênes blonds ne sont pas vraiment un truc courant dans sa famille, la jeune femme avait bien peu de chances d'avoir les cheveux autre chose que bruns : pas de surprise donc de ce côté-là. Ils sont épais, foncés et, contrairement à ses yeux, pourraient être qualifiés de quasiment noir suivant l'éclairage. Elle les garde mi-longs, coupés au niveau du bas de la nuque ; suivant les jours et les besoins, elle les attache ou non. Pour des questions de praticité, elle a vite abandonné les franges pour plutôt laisser deux mèches encadrer son visage. Comme ça, au moins, c'est facile à coiffer et ça ne demande pas trop d'entretien.

✗ Tu sens la rose ou tu pues le yack ?
Elle sent ce qu'elle sent. Le déodorant, la lessive, le désinfectant ou la friture - tout dépend de ce qu'elle fait. Globalement, hormis occasions spéciales, elle s'en fiche.

✗ Taille & Poids ?
Pour une fille, elle a toujours été grande. Arrêtée à un mètre soixante-treize et relativement contente de sa taille, elle ne monte en revanche que rarement sur la balance : pas le temps, pas d'intérêt. Tant qu'elle ne voit pas ses os pointer et n'a pas de double-menton, ça lui suffit. Elle sait cela dit que, étant athlétique, elle pèse son poids. Pas les petits cinquante-cinq kilos des mannequins, c'est sûr. Plutôt dix de plus.

✗ Signe distinctif ?
Shark a, fait oh combien étonnant, un tatouage très discret sur l'omoplate droite représentant un requin. Elle n'a aucun piercing.
La jeune femme a la peau assez mate et des tâches de rousseur sur le nez et les joues, ainsi que les épaules. Elle a également, malgré une poitrine plutôt présente, une allure assez androgyne. Nez droit et long, lèvres fines, visage allongé et hanches étroites ont parfois, associés à sa voix grave et son style très peu féminin, réussi à mettre le doute sur son genre. Elle rectifie si besoin est, quand un coup d’œil à sa poitrine ne s'en charge pas, et s'en moque éperdument.




» Analyse cérébrale.



✗ On n'est pas parfait hein ?
Amandine est, a toujours été et restera une foutue emmerdeuse ; ses mauvais côtés, à défaut d'être innombrables, sont affichés en devanture avec un m'en-foutisme frôlant la fierté mal placée. Quand on est soi-même, apparemment, on a pas de défauts. Du moins le concept a de quoi laisser rêveur.
Pour commencer, elle parle fort :  vraiment fort. Pas un ton au-dessus, non – comptez-en plutôt deux ou trois. Elle a été habituée à devoir crier pour se faire entendre, a une voix qui porte naturellement et n'hésite pas à la hausser. Sa bonne humeur se manifeste donc généralement par un débit de paroles conséquent, difficile à ignorer, qu'il faut savoir interrompre pour avoir l'occasion d'en placer une – avec tact, si possible, parce que mademoiselle est vite vexée. Si vous lui dites de se taire trop violemment, elle n'hésitera pas à vous prendre au pied de la lettre. A savoir, en se plongeant dans des heures de silence à nier votre existence et tout ce que vous pourrez lui dire. La jeune femme a un sacré caractère, c'est indéniable. Elle démarre au quart de tour, pour les rires comme pour les cris. Pas question de se fâcher avec elle sans en passer par la case « exclamations violentes façon troisième guerre mondiale » ; ses poings se serrent au moindre problème et souvent, les meubles prennent cher. Elle est abrupte, assez colérique. Impulsive aussi, à l'évidence. Un vrai bijou de douceur et de tendresse.
La jeune femme, parmi ses défauts les plus évidents, déteste également déléguer. Elle préfère être en charge de tout et ne fait confiance à personne pour faire le travail à sa place ; certains la décriraient comme autoritaire, d'autres comme trop méfiante. Elle se plaint souvent d'avoir une montagne de choses à faire mais dès lors qu'on cherche à lui enlever un peu du poids qu'elle a sur les épaules, elle s'insurge et clame pouvoir tout faire toute seule sans l'aide de personne. Disons que Sharky, tout comme les requins, doit sans cesse bouger pour ne pas toucher le fond. Elle se passerait bien de ce détail mais fait avec.
Avec elle, quoi qu'il en soit, c'est toujours tout l'un ou tout l'autre. Elle peine à rester dans les justes milieux : n'a pas le temps, jamais, à aucun moment. Elle court sans arrêt. Ça la rend  nerveuse, exigeante, râleuse – vraiment, il y a le choix. On ne peut pas dire non plus que ce ne soit pas nécessaire pour se faire entendre ou qu'elle n'ait aucune raison de l'être. Les points de vue divergent.


✗ Mais on gère la fougère ?
Premièrement,  Sharknado n'est pas une brute. Peut-être en a-t-elle l'air, et sûrement la verrez vous donner de bons coups de pieds dans les murs lorsqu'elle est en colère, mais ça s'arrête là. Elle va rarement au-delà de la gifle ou du pied écrasé, avec une préférence certaine pour les attrapages de col et les serrages de bras : la violence ne la botte pas plus que ça, surtout concernant les personnes plus jeunes ou plus fragiles qu'elles. Si un type l'insulte et la bouscule alors qu'elle est déjà d'humeur exécrable, évidemment, c'est différent. Elle a ses limites, et parfois du mal à ne pas les dépasser. Tous les chiens qui aboient à s'en déchirer les poumons ne se contentent pas de tirer sur la laisse ; mieux vaut se méfier.
Dans la vie de tous les jours,  Amandine peut être du reste une jeune femme charmante. Tolérante, drôle et réceptive à l'humour, elle n'est pas du genre à jouer les rabats-joie durant les soirées entre amis ; c'est une fille pleine de bonne humeur et, surtout, d'énergie. Il est rarissime de la voir baisser les bras ou admettre une défaite – encore moins d'y rester sans cherche à faire mieux la fois suivante. C'est une battante dans l'âme, ambitieuse autant que réaliste, qui n'hésite pas à se priver de quelque chose si elle juge ne pas en avoir besoin à tout prix. Elle aime faire plaisir, offrir des cadeaux ; en recevoir également, cela va de soi, même si elle fait en sorte de ne pas laisser ses proches dépenser trop d'argent là-dessus. Elle sait se faire entendre, parle relativement bien et n'a aucun mal à communiquer ses idées, ses émotions : convaincre ou persuader, c'est son truc. Contrôler, aussi. Quoi qu'elle sache se taire et dire « oui, chef » quand la situation l'impose, elle n'a également aucun mal à gérer les troupes et mettre tout le monde en rang.
Digne de confiance à 100%, Sharknado n'a qu'une parole et ne rompt jamais ses promesses sans avoir au moins tout fait pour essayer de s'y tenir avant. Serviable mais pas complètement stupide, c'est une jeune femme indépendante sur l'épaule de laquelle on peut s'appuyer, pourvu qu'elle décide de rester là pour vous. Elle accorde assez facilement sa confiance et juge que si l'autre l'apprécie malgré ses – nombreux – défauts, elle est bien capable de faire pareil. Personne n'est parfait et elle n'est pas là pour juger.


✗ Tu préfères les garçons, les filles, les deux, les chatons ?
Bisexuelle à tendance chatons. Ou, comme elle le dirait elle-même, homosexuelle à 85%. Elle n'est pas dégoûtée par les garçons et peut tout à fait les trouver attirants, voire s'imaginer en couple avec l'un d'eux ; cela dit, sa préférence a toujours été aux filles.

✗ Moi j'ai un rêveuuuh ?
Devenir riche. Riche avec vingt mille zéros derrière, riche à en crever, pour pouvoir vivre confortablement sans devoir travailler. S'acheter une grande villa avec écran plasma et piscine. Mini-bar, aussi. Et des canapés à angle plus confortables que des lits partout où il y aurait la place d'en mettre. Des toilettes royales. Un piano. Un super grand aquarium dans le salon, avec un petit requin à l'intérieur. Des matelas sur lesquels sauter comme si c'étaient des trampolines. Des garde-robes remplies de fringues et de chaussures à ne plus savoir qu'en faire.
Fumer et boire une bière dans un verre hors de prix au milieu de la piscine, avec vue sur la décapotable. Pas grand chose, vraiment. Trois fois rien.


✗ T'as peur de quelque chose ?
Shark n'a pas peur des bestioles, qu'elles soient grosses ou minuscules. Elle n'a pas peur de se salir, non plus, ni de se faire mal ou d'avoir l'air ridicule, pas plus que du vide ou des clowns. En fait, c'est à se demander si elle a peur de quoi que ce soit.
A part peut-être ne pas être fiable et à la hauteur. En se retrouvant enfermée dans un jeu loin de ses résponsabilités, par exemple. Elle ne supporte pas ça.


✗ Quels sont tes goûts ?
La jeune femme est, pour commencer, complètement passionnée de requins ; elle avait des peluches requins au pied de son lit, tous les films et documentaires existant sur la question, ainsi qu'une bonne pile de livres concernant ces charmantes bébêtes. Tout le monde savait quoi lui prendre pour son anniversaire, disons.
Du reste elle aime les animaux petits et mignons, tels que les chats, petits chiens, lapins ou gros rongeurs type chinchilla ; le bleu marine, le rouge brique et les couleurs sombres qui ne se salissent pas trop ; les grosses chaussures pratiques et solides ; les trucs qui sortent de l'ordinaire. L'alcool, également, fort mais pas en trop grandes quantité. Rire. Souffler. Dormir. Les trucs chers et inutiles qui font du bruit. Les jolis fours et les beaux canapés.
Sinon, elle aime tout ce que les enfants aiment en général. Les bonbons, les attractions, les peluches, les gadgets marrants... Ce genre de choses.


✗ Signe distinctif ?
Sharky n'a absolument aucun problème psychiatrique. Fort heureusement, d'ailleurs.


» Chargement du jeu.




Septembre 2017
« VICTORIA ! AMANDINE ! »

D'un bond aussi preste qu'assuré, la petite silhouette brune passa par-dessus le muret séparant le jardin de la rue. Ses baskets abîmées gémirent désagréablement contre le trottoir ; elles n'étaient pas prévues pour les dérapages, contrôlés ou pas, et ne se gênaient pas pour hurler au martyr chaque fois que leur propriétaire passait outre. Bras noués autour de son cou, juchée sur son dos, la seconde demoiselle jeta un regard amusé par-dessus l'épaule de la fuyarde.
Ses sandales n'auraient pas aussi bien tenu le coup si les rôles avaient été inversés.

« Lalalala on t'entend paaaaaaaaas casse toiiiii.

-Amandine, tu reviens ici tout de –

-Même pas en rêve, vieux débris ! Je dégage, tu me saoules ! »

Yeux écarquillés, la quadragénaire pinça les lèvres comme seuls les adultes en colère savent le faire.
Amandine, par souci d'équité, lui tira donc la langue comme seuls les enfants insolents savent le faire.
Un point partout. Match nul.
Sans lâcher les jambes de son amie, la fugueuse posa un pied déterminé sur son skate. Leur poursuivante n'avait pas l'air décidée à sortir de la petite allée de l'immeuble pour leur courir après. Pas qu'elle ait la moindre chance de les rattraper. C'aurait bien été la première fois qu'elle décidait de faire un peu d'exercice ; personne n'y croyait, même pas deux secondes. Amandine, du moins. Victoria était plus inquiète de nature. Les yeux remplis de 'on ne sait jamais' là où sa meilleure amie jetait des 'on verra et on s'en fout' sans se préoccuper des collets et des pièges à ours.
Ou juste assez pour préférer la porter. Question de priorités.

« Eh ben vas-y, dégage, cracha-t-elle finalement. C'est pas Evan qui viendra se plaindre que je m'occupe mal de vous. »

Un sourire hypocrite vint éclairer le visage de la demoiselle.

« Ben ouiiii c'est pas Evan qui va s'en plaiiiindre, minauda-t-elle en levant exagérément les yeux au ciel. Tu vas voir ce qu'y te diras quand il reviendra, hin, tatie. »

Sans attendre une réponse – cinglante, forcément – qui aurait risqué de la faire revenir cracher sur le gazon, Amandine appuya violemment sur le bitume pour mettre cette vieille mécanique en route. Les roues se plaignirent du poids double mais guère plus ; c'était un vieux truc solide, pas prêt de lâcher pour une septantaine de kilos. Ça tiendrait encore longtemps.
Comme ses baskets, comme son pull. Comme l’élastique qui tenait tant bien que mal ses épais cheveux bruns. Comme ses treize printemps.
Rien que des affaires effilochées mais incassables.

« On va où ? »

La voix fluette dans son dos tira un sourire franc à la jeune fille.
Tu vas voir, ouais.

« ... J'en sais rien. »



Où il est, ton père ?
J'en ai pas.
Et ta mère ? Elle est où ?
On m'a dit « elle est très fatiguée ».
Elle ne répond pas au téléphone.
Elle dort, je vous dis.
Mais tu ne peux pas rester là toute la journée...
Ma tante.
Hm ?
Ma tante a dit qu'elle vient me chercher.
C'est pas la peine de rappeler. S'il vous plaît.
Ça pourrait la réveiller, et...

… Maman est vraiment fatiguée, vous savez.




Novembre 2018
« Amandi – ah, hu... »

Bras croisés derrière sa tête, l'adolescente leva le regard jusqu'à trouver celui de la petite. Plus tout-à-fait à l'aise, cette dernière jeta un coup d’œil gêné à la demoiselle affalée sur sa sœur. Elle peinait  à composer avec les êtres humains ne portant pas son nom de famille ; c'était presque physique. Le malaise et le rejet, brûlants sinon glacés, allaient d'autant plus croissant selon l'attention que ladite famille portait à cette personne.
Elle n'aimait pas se sentir laissée pour compte.

« Amandi ? »

Quoi que l'endormie ne risquait pas de remarquer son insistance et son manque de manières, l'enfant s'empressa de détourner le regard. Le sol, complaisant, resta aveugle et muet à sa gêne.

« Tu m'aides à faire mes devoirs ? »

Un souffle agacé gonfla les joue de l'aînée. Ses bras, ou du moins un, vint brasser l'air en guise de réponse muette : je peux pas bouger, marmonnait celui des deux resté coincé sous la silhouette pourtant menue de Victoria. Au bout d'un moment – d'années – passé à répéter les mêmes gestes pour dire les mêmes choses, les mots devenaient superflus. La courbe un peu stupide qui traçait des fossettes sur les joues d'Amandine, Prudence la connaissait par cœur. Par cœur par cœur.

Poings serrés, lèvres abîmées, ses deux grands yeux rivés sur le plancher.
Crss crss.

« Dis ? »

Son insistance, même vague, tira un froncement de sourcils à l'adolescente.

« Nan. Pas le temps. Allez, tire toi ! »

Tap tap tap.
La silhouette de sa tante, dans l'entrée, ignorée ; ignorée également, les ombres sur le visage de sa sœur. Qu'elle se débrouille. Ce n'était pas son boulot, à elle, de veiller sur les gamins pour écouter leurs divagations. Les adultes se débrouillaient très bien avec ça. C'était leur boulot, après tout, hein ? Ils les avaient fait, qu'ils assument.
Ses parents étaient vraiment très doués pour ça.
Tête reposée contre l'accoudoir, elle fit glisser une mèche de cheveux blonds entre ses doigts.

« Je t'aiiiime. »

Les sourires et le bonheur avançaient forcément main dans la main. L'un peignait l'autre qui peignait l'autre – il n'y avait pas de fin ni de début à ce genre de choses, c'était juste là. Évident et tout petit à la fois.
Quelle importance de tenir les comptes ? Savoir qui dit quoi ?
Tout était beau ou bien laid, stupide ou génial, évident ou absurde. Les milieux et les nuances, pour quoi faire ? Amandine aimait souffler les nuages loin de son ciel poussiéreux et éloigner les dragons sans  risquer de se brûler les doigts.
Le prix de la naïveté se paye à crédit. Impossible d'en connaître le montant avant d'avoir appris à compter.

« Moi aussi. »

Après un et deux, pour des enfants, ça devenait affreusement ennuyeux.



Juillet 2018
Un, deux, trois, quatre et cinq, six, sept et huit – Ciel.
Mains sur les oreilles, Amandine donna un violent coup de pied dans la pierre posée sur le trois.
Fais chier, fais chier.

« Maman. »

Terre.

« Moi. »

Un.

« Prudence. »

Deux.

« Sandrine. »

Trois.

« Nadège. »

Quatre.

« Claire. »

Cinq.

« Lydie. »

Six.

« Victoria. »

Sept.

« Tatie. »

Huit.

« Papa. »

Ciel.

Même pas. Recommence.
Recommence, recommence, recommence.


« Amandine ! »

Les deux pieds sur Terre, elle frissonna lorsque ses épaules furent brutalement enlacées ; plissa le nez, yeux piquants, joue caressée par quelques mèches de cheveux blond terne.

« Tu m'as fait tellement peur – ça va pas, de partir comme ça ! Je me suis inquiétée !

-Laisse moi, vieux débris. »

Doigts crispés sur son gilet, elle inspira par saccades. Le silence lui noyait les tympans.

« Il reviendra pas. Hein ? »

Le ciel me l'a pas pris, la terre me l'a pas pris.
Elle aurait beau tirer sur les barreaux, ça n'y changerait rien.
Papa reviendra pas.



Mai 2019
Ses doigts, gelés, tapèrent sur les touches tactiles en vain. Plus de batterie, plus rien – et pas moyen de trouver le moindre repère au milieu de ces foutues étoiles. Les maux de crânes empiraient. Pas le froid. Elle devait déjà être en stade d'hypothermie avancé ; ses bras nus frissonnaient à en trembler, au point où son esprit embrumé semblait presque net en comparaison. Et elle n'arrivait même plus à lire le panneau planté en face d'elle, pourtant. Ni à renouer correctement la lanière de ses foutues chaussures. Même ses cheveux, détachés, refusaient de tenir en place. L'autorité de ses mains engourdies faisait peine à voir.
Adossée à la porte d'entrée, c'était plutôt elle qui faisait pitié.
Do I wanna know ? If these feeling flows both ways...
Comme beaucoup trop d'objets ayant le malheur de se trouver près d'elle ces temps-ci, le portable finit sa course sur la chaussée. Le fracas, terrifiant, se répercuta jusqu'au crépitement discret d'une lumière à l'étage ; ça faisait comme un halo au-dessus de sa tête, moqueur et aveuglant. Elle aurait préféré que tout reste éteint. Tant qu'elle se souvenait, elle préférait que tout reste éteint. Ça faisait trop mal. Ses yeux brûlaient.
Victoria m'a traînée en soirée, Victoria a ri, j'ai ri, et ensuite...
Et ensuite ?
Où est-ce que cette abrutie de blonde s'était échappée de sa mémoire... ?
Et qu'est-ce qu'elle avait dit, déjà... Je... Je, je suis, j'ai... Hey, Amandine, je –

« … Pourquoi t'es plantée là... ? »

Visage enfoui contre ses bras, elle sentit à peine la veste que l'on posa sur ses épaules. Encore moins que c'était la sienne.

« Tu pouvais rester dormir.

-Je dois rentrer.

-Alors qu'est-ce que tu fous devant la porte ? »

Hey, Amandine, je pense que...

« … Gnnn.

-... Okay. Tu remontes. »

Les deux bras passés sous ses aisselles eurent du mal à la soulever ; quinze ans, tu parles. Elle avait mal partout et trop de poids sur les épaules. Foutue robe. Ses talons, clairement pas inventés pour aider à marcher droit, furent abandonnés sur le perron. Il ne s'en préoccupa pas.
Je pense que ce serait mieux, si...

La tête dans les nuages à en confondre luminaires et constellations, elle s'agrippa plus fort à l'épaule qui la soutenait.

Elle aurait tout oublié le lendemain, de toute façon.
Faites qu'elle ait tout rêvé le lendemain.



Décembre 2019
Il neigeait sans relâche depuis des heures.
La poudreuse, pour la première fois de l'année, semblait tenir au sol ; par la fenêtre du salon, Amandine avait longtemps regardé les flocons virevolter au rythme du vent. Une heure au moins. Deux peut-être. Le temps de lire une histoire aux plus jeunes, de vérifier les devoirs des plus vieilles. Lydie refusait de s'endormir seule dans le noir. Il fallait attendre près d'elle, économiser l’électricité. Chercher pendant vingt minutes le doudou de Claire, tout ça pour se rendre compte qu'elle était tombée de sommeil entre temps. Rassurer Nadège, lui expliquer qu'un chewing-gum dans les cheveux n'avait rien de dramatique – « ça te va bien, et puis ça repoussera ». Faire réciter sa poésie à Sandrine, en remerciant Dieu de lui avoir donné une si bonne mémoire. Tenter d'aider Prudence avec ses mathématiques, alors qu'elle se débrouillait déjà presque mieux qu'elle. Vérifier que sa mère s'était endormie, qu'elle n'avait pas avalé tous ses cachets. Appeler sa tante pour savoir si sa propre mère allait mieux. Demander quand elle pourrait revenir. Lui souhaiter bonne nuit, à elle aussi.
Se demander ensuite pendant une demi heure si les réveiller le lendemain servirait à quelque chose, puisqu'à priori rien ne circulerait. Peut-être qu'il vaudrait mieux les laisser jouer dans la neige. Pour une journée, personne n'irait s'en plaindre. Ce n'étaient que des gamines, après tout ; pas de quoi faire griller des fusibles à la directrice. Pas que ça lui importe vraiment. Mais Prudence voudrait sûrement y aller quand même, en cours, hein – allez savoir, il y avait des masos partout. Elle ne l'en décourageait pas non plus. Tant mieux pour elle si elle se débrouillait à l'école. Fallait bien qu'au moins une réussisse à faire des études.
Tout ça pour glisser sur le canapé et se rendre compte, sans regarder les messages non lus encombrant son portable, que de toute façon il n'y avait pas école le lendemain.
Demain c'est samedi.
Demain je dors.
Et après je fais la vaisselle, je repasse, je mets la machine en route, je prépare à manger, je réponds au téléphone, je...


Dos contre les coussins usés, l'adolescente poussa un soupir. Elle ne pouvait pas en vouloir à Victoria d'être repassée prudemment de l'autre côté de la ligne. Elle disait que c'était pour son bien et, au fond, n'avait pas tout à fait tort. Elle ne pouvait pas non plus en vouloir à son père de ne pas être là. Ce n'était pas de sa propre volonté qu'il était enfermé. Quant-à sa mère, elle ne faisait pas  exprès de déprimer et de passer sa journée à dormir. C'était médical. Justifié, un peu.
Même sa tante, trop absente depuis un moment, ne réussissait pas à se faire détester. L'argent ne tombait pas du ciel. Elle faisait ce qu'elle pouvait ; avait sa vie, elle aussi.
Regagnée au détriment de la sienne.
Mais c'était sûrement juste, après tout.
Lorsqu'elle s'étira, tous ses muscles crièrent à l'aide. C'était affreux. Constant. Yeux clos, exténuée, elle les mit en veilleuse d'un simple mouvement sur le côté.
Dormir, dormir, dormir.

Pourvu qu'on la laisse dormir un peu.



Février 2020
« ALLEEEEEEZ ON SE DEPÊCHE !

-C'est boooon on arrive ! »

Sa grimace sceptique répondit pour elle. Les deux petites, habillées et coiffées, mangeaient tranquillement leurs céréales – ce qui aurait fait d'elles deux enfants irréprochables, si et seulement si elles n'avaient pas été affreusement en retard. Les deux aînées, comme d'habitude, attendaient déjà dans la voiture de leur tante. Restait donc celle du milieu, affreusement coquette du haut de ses neuf ans, plantée dans la salle de bain avec l'intention évidente de leur faire perdre dix minutes de plus pour une stupide mèche de travers.
Il fallait donc décider de deux maux quel serait le moindre. L'entendre geindre tout le long du trajet, ou risquer le sermon du siècle par une Prudence prête à tout casser si elle arrivait une minute après la sonnerie ?
Ça aurait mérité un sondage, tiens.

« NADEEEGE. »

Deux coups de poings firent trembler la porte en bois : plus preste qu'elle n'était délicate, Amandine profita de ce court délai pour tirer les demoiselles de leurs chaises et poser leurs bols dans l'évier, ranger les boites, le lait. Pas le temps, pas le temps, pas le temps...
Le jour où une Renard réussirait à respecter des putains d'horaires, elle leur achèterait à toutes un foutu poney. Voire deux. Tout ce qu'elles voulaient parier ; de toute façon, ça n'arriverait jamais. Pas une pour rattraper l'autre. Puisqu'il suffisait d'une  roue cassée pour immobiliser le carrosse, l'application des grandes comptait pour du beurre. Tant pis pour elles, tant pis pour les autres. Tant pis pour tout le monde.

« NADEGE, ON VA PARTIR SANS TOI. T'AS TROIS SECONDES. »

Un piaillement affolé résonna depuis la petite pièce blanche. C'était fou, quand même. Elle ne demandait pas la lune, non ? Rien que des gamines capables de se tenir tranquille, de nouer leurs lacets et de se coiffer en moins d'une heure. Rien que ça. Elle ne leur demandait même pas d'être intelligentes ou obéissantes à cent pour cent.
Uniquement d'être à l'heure. Une fois par jour, cinq fois par semaine. Rien que ça.
Apparemment, c'était trop leur en demander.

« Trois.

-Mais Amandine, mes cheveux tiennent pas !

-Deux.

-AMANDINE ! ARRÊTE ÇA FAIT PEUR ! »

Appuyée contre le comptoir, pliée en deux, Amandine posa une main tremblante contre son ventre. Saletés de crampes. Pourquoi il fallait toujours que ça tombe sur...

« … Nad - »

Ses lèvres se tordirent de douleur. Toutes les couleurs avaient fui son visage en même temps que les forces avaient quitté ses jambes ; tremblante et nauséeuse, elle se tint comme elle put au meuble en bois.
Ça ne passait pas.
La forme fluette qui jetait un regard méfiant par l’entrebâillement de la porte – mais ça ne passait pas, ça ne passait pas. Ça empirait. Mal mal mal mal mal
Merde –

« AMANDINE ! »

Genoux au sol, deux petites mains se refermèrent sur ses épaules tremblantes. C'était familier. Ça lui semblait familier.
Hey, Amandine, je...
Ses doigts agrippèrent la fabrique de son pull, blancs et raides.
Non. Non non non non non non non non.

« … Appelle tatie... »

Par pitié, dépêche toi.



Mars 2020
Bam, bam, bam ; le bruit du sang cognant contre ses tempes la rendait sourde. Elle ne voulait plus entendre. La balle lui échappa des mains – encore, et encore. Elle ne voulait plus rien entendre. Propulsée par son élan, ses mains vides se refermèrent sur le panier de basket. Rien, rien, rien. Elles la suspendirent en l'air comme une vieille chaîne au bout d'un portable ; inutile, fatiguée, toute cassée. Son cœur battait toujours trop vite, trop fort – te tais pas, continue, allez, continue. Ses yeux secs lui faisaient atrocement mal, fermés comme ouverts. Bats, crétin. Ses doigts moites n'étaient vraiment bons à rien.
Dans un bruit sourd, son corps heurta violemment le plancher de la salle de sport.
Et elle entendait encore.
Le bruit de pas, à peine perceptible, qui se dirigeait vers elle ; à bout de nerfs mais trop solide encore pour tomber en morceaux. Les bleus, sur ses bras, s'accumulaient comme des tatouages de mauvais goût. Ça cognait toujours aussi fort, là-dessous. Bam, bam, bam. Alors elle leva le poing et l’abattit bêtement sur le sol. Une fois. Deux fois. Plus fort. Jusqu'à ce que ça fasse mal. Que ses os se plaignent. Elle voulait avoir mal à ne plus pouvoir en serrer les doigts.
Il faudrait au moins ça, cette fois.

« Amandine. »

Deux petites mains se refermèrent sur la sienne ; tendu vers le haut, indécis, son bras se détendit peu à peu.  Sa peau était froide. Elle, elle mourait de chaud. Agenouillée derrière elle, visage baissé vers celui de son amie, Victoria eut du mal à parler tant elle avait la gorge serrée.
Consciente autant que coupable, Amandine tenta d'esquisser un sourire qui ne la fasse pas suffoquer. Essoufflée, elle étouffait. Ses doigts glissèrent doucement hors de la prison rassurante où on les avait enfermés ; elle n'était pas rassurée. Se sentait un peu rassurée. L'un ou l'autre. Les deux.
A l'endroit ou à l'envers, tristesse et inquiétude se lisaient de la même façon. Son index vint gentiment appuyer sur une joue qui n'avait pas intérêt à se rougir de larmes. Pleure pas, va.

« Ça va aller ? »

La question surprit la jeune fille plus qu'elle ne l'aurait dû. Pourquoi ça ne serait pas allé ? Bien sûr, que ça irait. Il lui manquait le bien, mais – oui, évidemment, qu'elle allait. Comme toujours. Elle allait, elle irait. Pas de quoi s'en faire. Ses foutues jambes l'auraient emmenée n'importe où.
Sous son rideau de cheveux blonds, elle vit les sourcils de Victoria se courber.
Her. Je peux même te porter, si y'a quelque chose à prouver.
Si seulement il y avait eu quelque chose à prouver.

« Me dis pas que ça va.

-Ça va.

-Non.

-Tu m'aimes ?

-Non. »

Amandine, comme souvent, poussa un gémissement à fendre l'âme. Pas besoin d'un clou quand le sujet était sensible ; une épine suffisait.
Mais ça, personne ne le comprenait.

« Foutue menteuse. »

Larmes aux bords des yeux, elle aurait voulu faire disparaître le monde entier.
« Ben alors ? Je m'en fous que ta baraque ait cramé. Y'en a qui meurent, pendant ce temps, et c'est bien plus grave. T'as été violée ? Her, certains se font torturer, t'as pas de quoi te plaindre. Ton frère est mort ? Bha, t'as toujours ton père et ta mère, non ? Pense aux orphelins avant de dire que tu souffres. »
C'était ridicule.

La douleur c'est de la douleur. Ciseaux, cutter ou sécateur, on saigne de la même façon. Qu'on ne la traite pas d'égocentrique. Qu'on ne lui rappelle pas ses devoirs et encore moins ses droits. Qu'on ne lui cite pas qui dépendait d'elle. Elle le savait parfaitement. Tout ce qu'elle demandait, c'était qu'on la laisse se ronger les ongles et se bousiller les dents de les avoir trop serrées sans lui dire qu'elle exagérait.
Langue abîmée et phalanges mordues d'avoir trop attendu.

« Amandine... »

Son poing éraflée s'était remis à frapper le sol ; inconsciemment, comme par réflexe. Par nécessité. La peau froide de son amie contre la sienne lui tira des frissons tièdes.
Elle irait. Elle irait toujours.
Pas bien, mais elle irait.

« J'ai besoin d'évacuer, grinça-t-elle entre ses dents. Lâche moi. S'il te plaît. »

Les deux mains de Victoria se refermèrent sur celles qui l'avaient si souvent portée sans jamais se lasser ; gentiment, avec toute la douceur et la compassion du monde, elle les ramena contre la poitrine de son amie.

« Pas comme ça. »

Sa voix enrouée le répéta une seconde fois ; pas comme ça. Les larmes roulèrent sur ses joues, suspendues pour un instant dans l'air – et quand elles s'écrasèrent contre la peau mate d'Amandine, ce fut comme un million de clochettes dans ses oreilles.
Si joli.
Yeux brillants, la jeune fille esquissa un sourire maladroit.
Elle aurait voulu lui dire « Pleure pas, ça va » ; « Je te porterai encore. Tout va bien. Papa reviendra un jour. Maman ira mieux un jour. Je me débrouille. Je gère. J'ai toujours géré. Même toute seule, tu te souviens ? »
Pourtant, rien ne vint.
Rien.

Je suis trop fatiguée pour te consoler.
Alors pleure pas, pleure pas.




Deux grands yeux bruns et de jolis cheveux clairs, mains serrées autour de barreaux qui n'ont que faire des supplications. Elle n'aurait pas cru revoir ça de sitôt.
On l'avait séparée de son père par une stupide vitre en plastique et un interphone. Ses « je te crois », « je t'en veux pas », « oui ça va »... Personne n'y croyait, et surtout pas lui. Elle mentait mal. Chacun assume ses erreurs. Les enfants, eux, assument qu'ils le veuillent ou non. Heureusement que sa tante était là. Heureusement qu'elle était restée, contente ou pas.
Deux grands yeux bruns et de jolis cheveux clairs. Accroupie, front contre les barreaux, Amandine glissa sa main à l'intérieur. Du bout des doigts, elle frôla l'oreiller et les draps. La peluche de requin, abîmée, posée là pour donner l'illusion d'un environnement moins austère. Elle faisait ce qu'elle pouvait.

Aux rires amusés, elle en rendait des stupéfaits. Ça ne passait pas.

Oh maman.



Septembre 2023


« Épouse moiiiii.

-Non.

-Si.

-Pourquoi tu me demandes si tu m'écoutes pas !

-Ton avis est clairement nul. Allez !

-Non !

-ALLEEEEZ.

-ARRÊ- ! »

La menace, rapidement muée en plainte, se perdit dans un concert de rires entre graves et aigus. Victoria supportait mal les chatouilles ; repliée sur le canapé, sa défense se limitait à quelques vaines tentatives d’attraper les poignets de son amie. Amandine, elle, n'en avait strictement rien à faire. Les dimanche après-midi étaient les seuls jours de la semaine où elle pouvait faire ce que bon lui semblait sans se sentir coupable ou risquer de se faire renvoyer – alors forcément, elle les utilisait avec toute l'intelligence et la maturité de ses dix-neuf ans. Son entourage ne demandait pas mieux.
A trop tirer sur la corde, on peut rompre.
Or mademoiselle ne soufflait jamais.

« Arrêtearrêtearrête, c'est bon !

-Hm ? Ça veut dire oui, donc ?

-Non ! »

Lèvres plissées sur une moue faussement agacée, la jeune femme écrasa un coussin sur le visage de sa future-femme-pas-spécialement-d'accord-pour-l'être-apparemment.

« Tss tss. Accepte ton destin. Ou un truc comme ça.

-Non. Tu fais n'importe quoi quand t'es avec moi.

-Excuse bidon rejetée.

-Am' ! Tiens. »

Avec toute la délicatesse de son jeune âge, Sandrine posa ce qu'elle tenait calé dans ses bras sur les épaules de sa sœur aînée. Ses mains, prudentes malgré tout, ne lâchèrent prise que quand elle fut sûre que personne ne risquait de tomber ; par acquis de conscience, elle resta même vérifier qu'on n'allait pas lui reprocher de déléguer sans permission.
Les « c'est toi qui a sali donc c'est toi qui range » sonnaient profondément égoïste, dans cette maison. Après tout, dans ce cas, Amandine n'avait ni à les emmener à l'école ni à prendre soin de leur mère. Elles étaient coincées.
Forcées d'aider et de respecter le planning accroché sur le frigo au lieu de traîner sur le canapé. Quelle horreur.
Après avoir fait signe à sa sœur qu'elle pouvait y aller, Amandine sourit au plafond. Impossible de pencher la tête en arrière plus loin que ça.

« Awwwbuhhh. » Mains sous les aisselles de la fillette, elle la fit passer sur ses genoux. « Regarde, Vic. Même Agathe veut que tu m'épouses. »

L'enfant, un peu perdue, posa deux yeux suspicieux sur le visage de la jeune fille. Trop heureuse de ne plus être chatouillée, cette dernière se redressa docilement de son côté du canapé ; jambe gauche pliée, elle adressa un coucou de la main à la petite demoiselle.
Polie, elle le lui rendit avant de prendre la parole.

« C'est qui qui marie qui ?

-Elle qui me marie moi. Mais elle veut pas. »

Apparemment outrée, Agathe posa ses poings sur ses hanches. Malgré sa robe imprimée de jolis motifs poissons, elle n'avait pas l'air moins digne qu'un politicien.

« Mais ! Tu peux pas marier maman, elle est occupée. Mais tu peux me marier moi. J'accepte. »

Le rire d'Amandine aurait réveillé jusqu'aux voisins, s'il n'avait pas été si tôt ; jusqu'à sa mère, assise devant la télévision, en jeta un coup d’œil absent vers la porte du salon. Les boucles blondes, décoiffées méthodiquement malgré le lot de glapissements indignés que cela engendra, rebondissaient sur les épaules fragiles comme de la barbe-à-papa.
Ça tombe bien, tu ressembles à mon papa.
Victoria, lasse d'être laissée pour compte, attrapa Agathe dans ses bras ; et si elle flancha un peu sous le poids, ça ne l'empêcha pas pour autant de partir en courant jusqu'au jardin de l'immeuble. Amandine, sur leur talons, accorda quelques secondes d'avance à son amie pour la venger de la génétique. Ses petites jambes ne l'emmèneraient pas bien loin d'elle.

Personne ne partirait bien loin d'ici, parti comme ça.
Ses sœurs avaient tendance à stagner et ça lui faisait peur. Ça la terrifiait, même.

Elle était prête à toutes les virer une par une pour qu'elles ne s'enterrent pas là, à passer leur permis juste pour trouver du boulot et payer le loyer.

Tout le monde mérite d'avoir sa chance.



« Pruuuuudie ! »

Deux bras fébriles se refermèrent autour de la silhouette menue de l'enfant. Toujours d'excellente humeur, insouciante, cette dernière tapota gentiment le dos de la jeune femme ; une fois l'étreinte relâchée, elle lui adressa même un grand sourire.

« Tu as été rapide, fiou ! Tu cours bien !

-Écoute, je –

-Maman dort, je sais, je suis pas fâchée. » Après avoir remis une boucle en place d'un geste coquet, la petite hocha doucement la tête. « On m'a dit, elle est fatiguée. »

Prudence, les yeux embués derrière ses lunettes, serra de nouveau sa nièce contre elle. Victoria est à l'étranger, tatie est en lune de miel... Et moi, et moi.

« Elle est pas... Fatiguée. Elle a... »

Le regard d'Agathe, trouble et inquiet, lui broya le cœur.
Elle ne pouvait pas. Sandrine la tuerait, mais elle ne pouvait tout simplement pas.
Un sourire revint vite étirer son visage clair.

« … Beaucoup travaillé, et du coup elle doit beaucoup dormir. Comme les ours, tu vois ? »

Menteuse. C'est un requin, tu le sais bien.
Mais mon Dieu, comment lui expliquer ça ?



2025

« Tchip tchip. »

Dos contre son lit, yeux levés au plafond, Amandine leva les mains en l'air. Ses ombres chinoises ne ressemblaient définitivement à rien. On aurait dit tout, mais alors tout sauf un requin.
J'essaie d'abord, je te le rends ensuite.

« … Hhhhh. »

On sait jamais.

Amandine –
Non, pardon ;
Sharknado
laissa retomber ses mains le long de son soit-disant corps, yeux clos. Les lumières d'Hope Corporation n'avaient rien d'une veilleuse ; le bruit ambiant, rien d'une berceuse. Elle, perdue entre vents et tempêtes, elle avait le mal du pays.

Honnêtement, ça n'avait aucun sens.
Ils n'avaient vraiment aucune envie de la garder là. Aucune.
Oh que non.

Sharknado, hein. Poing serré, elle envoya valser le radio-réveil.

On enferme pas un requin dans un aquarium en toc.
Enough said.





» Toi le geek.



NOM/PSEUDO : Mozafuka.
AGE : x = ((15.2x5)/8)x2
JEU VIDÉO FAVORI : Atashi no Riri. Toujours et à jamais. Sinon je me roule aussi de bonheur et de tristesse devant L.A. Noire, Alan Wake, Ib, Mermaid Swamp, the Crooked Man, et Nier. Pour les plus récents.
FILM FAVORI : Sharkalanche. Snow is frozen water. The science is sound.
MANGA/SÉRIE FAVORITE : [ 18 + ]
COMMENT T'AS DÉCOUVERT LE FORUM ? : Par un dauphin volant d'Alabama.
T'ES UN OUF DANS TA TÊTE ? Veuillez m'excuser, je ne comprends point le quatrième mot de votre phrase.
MANGER OU BOIRE ? Fishsticks.
JE TE SAOULE AVEC MES QUESTIONS ? No, thank you, fellow bot !
UNE DERNIÈRE ALORS, C'EST QUOI LE CODE ? Voilà, c'est sérieux maintenant.


Dernière édition par Sharknado le Ven 15 Avr - 16:21, édité 15 fois
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Aries


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Aries

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MessageSujet: Re: Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »   Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » I_icon_minitimeSam 8 Fév - 3:15

Je plussoie cette fiche. à mort. Je t'aime. :balance des paillettes en cœur:
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Father


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MessageSujet: Re: Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »   Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » I_icon_minitimeSam 8 Fév - 10:15

Bienvenue. J'ai été curieuse en voyant le message d'Aries.
J'ai juste à dire : ♥.
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Noise


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MessageSujet: Re: Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »   Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » I_icon_minitimeSam 8 Fév - 11:37

*Sköll fixe. Fixe.*
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Sharknado

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MessageSujet: Re: Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »   Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » I_icon_minitimeMer 26 Mar - 1:51

*Nii' fixe. Fixe*

FI-FUCKING-NI(I' haha c'est trop drôle *s'enterre*). J'aime pas, mais si je m'acharne on en a pour trente ans et personne ici n'a trente ans devant soi. mouai 

Donc voilà, s'il y a des modifications à faire, ou quoi que ce soit, je ne bouge pas. Et merci ♥️
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Bubblegom


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Bubblegom

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MessageSujet: Re: Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »   Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » I_icon_minitimeMer 26 Mar - 7:53

Bon, j'aime pas poster dans les fiches de présentation d'habitude, mais voilà. Appelons ça du favoritisme, hein, je ne le cache pas.
*DD fixe. Fixe.*

FELICITATIIIIONS pour avoir fini ta fiche ! >^< *l'arrose de bière*

Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » 8361a60eeb1b814462baffce16e0b9b5

BUBUBU:

*profite pour kidnapper toute la fratrie Renard (dîtes pas que ça vous soulage pas, de toute façon)*
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Umbra


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Umbra

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MessageSujet: Re: Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »   Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » I_icon_minitimeMer 26 Mar - 16:11


OMFG J'ai adorée ta fiche ok. Sérieusement. Ton histoire est longue, mais j'ai eu la motivation de la lire et ekjdrhnkzalnrhd ;;

Bref, je te valide avec plaisir, tout est parfait.

Bienvenue, amuse toi bien ici ! Tu peux maintenant faire une fiche de lien et pleins de rp ! **
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MessageSujet: Re: Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »   Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? » I_icon_minitime

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Sharknado ▬ « Si je serre les dents, aurai-je droit au bonheur ? »
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