Le temps s'écoule petit à petit.

En retard pour cette fameuse soirée avec Méphisto, que j'attendais avec impatience. J'ai couru aussi vite que j'ai pu vers la tour du ciel. Ayant eu du mal avec cette tenue et ces petites chaussures. J'ai cru que mon cœur allait explosé à chaque claquement de talon contre le sol. La chaleur autour de moi me fait suer. Pourtant il est censé faire froid en cette saison mais c'est mon pouvoir qui s'est activé automatiquement. Quelle sotte d'avoir passé des heures à me préparer... Cette idiotie m'a fait perdre une bonne poignée de minutes en sa présence.

Pendant ce mois à attendre, j'ai confectionné le cadeau que je souhaite lui offrir. Cela m'a pris du temps, mais heureusement que je n'ai pas oublié ma connaissance. Je le tiens désormais entre mes mains, serré contre ma poitrine, une simple boîte emballée dans un papier lisse et brillant d'une couleur bleu marine. Ma tenue, je l'ai trouvé dans une petite boutique de vêtement à Holy Sword. Le vendeur m'a conseillé cette robe et les accessoires qui vont avec. Je porte des robes que dans de rares occasions et cela m’embarrasse assez.

Je suis enfin arrivée. Le teint rouge et le souffle court, j'ai regardé à gauche et à droite du hall. C'est infesté de monde. Cela en est presque étouffant. J'ai reconnus quelques visages, mais je pense ne pas avoir le temps de m'adresser à tous. Mon objectif, c'est de le chercher parmi la foule. Certaines personnes dansent déjà en compagnie de leur partenaire. D'autres profitent du buffet. La musique résonne délicatement dans toute la salle. Mes yeux se perdent dans ce tableau si garni...

« Méphisto... où es-tu ? » ai-je murmuré doucement.

Il est nul part.

Pendant une seconde, j'ai pensé qu'il a eu un empêchement pour venir. Mais d'un autre côté, je me suis dis qu'il a peut-être eu du retard comme moi. Étant perdue dans mes pensées et hypnotisée par les danses des couples et le doux son du piano, je refuse d'un hochement de tête, une proposition de de boisson accompagnée de glaçons. Certes, j'ai soif, mais je n'ai pas envie de boire sans lui.

« J'insiste ! Mais comme on dit souvent "Il vaut mieux arriver en retard qu'arriver en corbillard." »

Cette plaisanterie ne m'a pas tellement fait rire. Cet homme a sûrement remarqué mon retard. J'ai pincé les lèvres et je me suis retournée n'ayant pas l'air de comprendre mais je suis prête à lui dire un "non" plus sèchement. J'ai eu tord, car il s'agit de Méphisto. Mes joues rougissent de gêne et de honte après m'être reculée d'étonnement.

« Yo'. Joyeux Noël. »

Il me tend un paquet emballé en affichant un sourire qui me fait davantage rougir. Je lui souris alors à mon tour en grattant ma joue délicatement à l'aide de mon index.

« Merci beaucoup, je ne m'attendais pas du tout à ça. Est-ce que c'est une coïncidence qu'on soit arrivés tout les deux en retard ? »

J'ai ris légèrement à la fin de ma phrase. Je ne l'ai pas vu depuis un très bon moment, et pourtant, je le trouve plus rayonnant que d'habitude. Il a du en vivre des choses pendant ce temps, tout comme moi. Je déballe lentement son cadeau en gardant celui que je compte lui offrir, sous le bras.

Quelle surprise...

Je ne m'attendais pas un cadeau aussi resplendissent. En le prenant entre mes mains, mon regard se pose sur le flocon en métal. Mon sourire s'adoucie légèrement. J'enfile délicatement son bracelet autour de mon poignet droit.  

« N'est ce pas magnifique ? Cela te plait, Yoru ? »

« Oui... Très magnifique. Je te remercie beaucoup. »

Toujours du rouge inscrit sur mes pommettes, je conserve mon doux sourire en plongeant mon regard dans ses yeux écarlates qui me fascinaient. Je réfléchis un instant avant de prendre dans mes mains la boîte qui contient le cadeau que je voulais lui offrir. Finalement, je ris une nouvelle fois en y repensant.

« Ferme les yeux s'il te plait... »

Il exécute mon ordre sans me poser de questions. La gêne s'empare un instant de moi, et avant de sortir le fameux présent de sa boîte, je me suis légèrement frotter la joue avec mon index. Je passe donc une écharpe couleur bleu nuit sur sa nuque et je l'enroule avec délicatesse autour de son cou. Elle a été tricoté avec soin par moi-même. J'ai passé beaucoup de temps dessus et je suis assez fière du résultat. Cependant, la broche argenté accroché à celle-ci, je l'ai trouvé dans une boutique de bijoux à Holy Sword, pas très loin de l'endroit où j'ai acheté ma robe. Sa forme est encore une coïncidence, car elle ressemble également à un flocon de neige.

Preuve que nos esprits sont connectés ensemble...

« Tu peux les ouvrir maintenant. »

Certes, mon emballage n'a pas servi à grand chose à par le dissimuler un moment. Mais, j'avais tellement envie de lui mettre...

Je peux ressentir sa joie...

Et cela, malgré son air sérieux. je sais pertinemment que mon cadeau lui faisait plaisir, et je suis d'autant plus heureuse de cette nouvelle. Je le regarde réagir avec une lueur d'émotions dans mes yeux bleus.

« Tu sais, je n'ai jamais réellement de cadeau avant ... Enfin je n'ai jamais rien eu d'une valeur excessivement grande... Je détestais mes parents ... Et je n'avais que mon frère... »

Mon sourire laisse la place à une expression de surprise. Lorsque ses larmes se mettent à couler, j'ai ressenti une certaine compassion en me souvenant de mes grands-parents défunts. Tout comme lui, je n'ai jamais aimé mes parents. Ce sont des simples inconnus pour moi. Alors j'ai préféré les ignorer. De petites perles de larmes apparaissent aux coins de mes yeux à cette pensée.

« Merci ... Merci infiniment... Yoru !
Je le porterai ... Tout les jours ... Comme si tu étais ... toujours à mes cotés ! »

Mon doux sourire se dessine à nouveau sur mes lèvres. Je n'ai qu'une envie, c'est de le prendre dans mes bras et de le serrer tendrement. Au moment où sa main recouvre une bonne partie de son visage je me suis avancée lentement.

Mais le silence soudain de la salle me fait arrêter par surprise. Je regarde à gauche et à droite, sans me demander ce qu'il se passe puis je repose mon regard vers lui. Les murmures, les cris de surprises, de joie et le bruitage inexplicable me laissent indifférente. J'ai bien entendu le mot déconnexion à quelques pas, mais étrangement, ce mot n'attire pas ma curiosité. Le jeune albinos regarde un court instant son interface. Finalement, je fais la même chose et un nouveau bouton s'est affiché. Je referme l'interface, toujours aussi désintéressée et sans m'être douter, il m'enlace. Mes joues s'enflamment subitement puis après avoir passé mes mains autour de lui, j'ai fermé les yeux en murmurant tout doucement.

« Je suis heureuse d'être de nouveau à tes côtés... Tu m'as beaucoup manqué et je n'ai pas arrêté de penser à toi pendant ces quelques semaines... »

Même pendant que les certains invités semblent désespérés en entendant leurs pleurs et leurs lamentations, je me sens, contrairement à eux, très heureuse. D'ailleurs, j'ai même l'impression d'être la seule avec Méphisto. Alors, j'ai espéré que la musique revienne pour que l'ambiance festive domine de nouveau la salle.

Mais rien... C'est comme si la situation actuelle était faite exprès. Comme si quelqu'un voulait absolument être le spectateur du désespoir des autres joueurs.

Je préfère les ignorer.

Je redresse ma tête vers la sienne en caressant du bout des doigts son dos. J'entends son coeur palpiter et son souffle contre mon visage...

« Méphisto, je... »  

Mes lèvres bougent tout doucement, mais rien ne sort. Ces trois mots ont du mal à sortir et pourtant j'ai très envie lui avouer. A la place, mon sourire devient plus radieux qu'avant et mes yeux se sont fermés lentement avant que je dépose un timide baiser sur ses lèvres.