Périples. Cela faisait un moment qu'elle ne s'était pas échappée de son île pour aller traîner du côté des méchants pas beaux. Parce que oui, ces racailles regroupées sur leur coin de terre sombre et malsaine n'étaient que des vilains pas beaux. Or, il y en avait un dans le tas de dégoulinants qui avait le pouvoir de la faire sourire rien qu'en croisant son regard. Mais le trouver sans semer d'embûches ne serait pas une mince affaire. Elle se décida enfin à se bouger en fin d'après midi, après avoir refait sa coiffure au moins trois fois, après avoir enfiler des vêtements agréables pour sortir. Je parle bien sûr d'un top, d'un mini-short et de ballerines. Sans sac ni rien, elle sortit et ferma son appartement à clé pour se mettre en route. Elle ne se doutait pas du tout de ce qu'il allait lui arriver.
Joke traversa alors le pont d'Holy Sword pour aller à la mairie pour se diriger vers Crimson District. Déjà, rien qu'en essayant de passer la « frontière » elle se rendit compte qu'elle aurait du prendre au moins une gourde ou quelque chose pour boire car la soif et l'aplomb du soleil artificiel rendait sa gorge sèche et irritée. Regardant l'heure en haut du bâtiment de la mairie, elle s'aperçut du fait qu'il était super tard et se mit à courir sur le tapis roulant. Riant à plein poumons, elle regardait en même temps la mer sous ses pieds. C'était si agréable. NB : Ne pas courir sans regarder ou l'ont va ! Joke glissa sur le tapis et s'explosa littéralement la face par terre.

Multiples. Geignant sur le sol en serrant les poings, le pire c'est que le tapis roulant du pont avançait tout seul. Donc vous pouviez voir une Joke étalée par terre sur le ventre, traînée par l'avancement automatique du pont. Une fois arrivée à l'entrée de Crimson District, la demoiselle se releva, encore dans les vapes du choc. Elle se mit à courir vers les ruelles pour ne pas être trop remarquée, boitant encore un peu. « et merde... » elle s’évertuait à ravaler sa salive pour soulager sa gorge sèche qui lui rajoutait une touche désagréable à son mal déjà bien établi. Longeant les murs en pierres humides de l'île, elle vit des silhouettes louches emprunter le même passage qu'elle au loin. Usant de son pouvoir, elle se colla au mur et montra l'illusion aux passants qu'il n'y avait personne. Les malfaiteurs passèrent devant elle sans l'apercevoir jusqu'à ce qu'un d'eux rebrousse chemin pour se mettre face à elle, suspicieux. Bien sûr, il ne voyait rien à part un simple mur mais ses narines bien développées devaient sentir la fragrance acidulée de la jeune femme. Il haussa les épaules et suivit ses amis tandis qu'elle souffla de soulagement. Son pouvoir était pratique ! Elle continua de courir jusqu'à traverser un chemin de ronces. Pas très accueillant dis donc ! Joke entendit des bruits étranges tandis que les épines des buissons ardents susurraient comme dans un cauchemar. La fillette se mit à courir à nouveau et se prit les pieds dans une racine et mangea le sol, et vit un serpent sortir de nul part, hurla et rampa vers une échappatoire, et roula comme un tonneau en mode ninja sur la terre.

Et quand elle fut enfin en sécurité, il y eut un éboulement de roches qui déclencha comme une avalanche. Alors elle tomba à nouveau. Dans l'ancienne église, sans pouvoir rien y faire. Elle ouvrit les yeux et vit des jambes, elle remonta lentement sa tête pour apercevoir un bassin, puis un torse, puis un menton. Et enfin ses yeux, froids, sévères, impitoyables. Elle grimaça, les larmes aux yeux, à cause du sable, ses vêtements un peu lacérés. « Karma de merde... j'ai vraiment dû être une connasse dans une vie intérieure pour avoir à subir ça... »

L'enfer. Joke venait d’atterrir dans un endroit pire que l'enfer. Non pas à cause de l'aspect abandonné de l'endroit, digne des plus grands films d'horreur mais plutôt de par la personne qui la hantait. De tous les psychopathes qu'elle aurait pu berner avec son pouvoir, c'était sur lui qu'elle était tombée. Dépitée, elle voulut se jeter sur le sol pour geindre comme une gamine ou encore s'arracher les cheveux comme dans les mangas en traitant l'autre protagoniste de partie génitale à lunettes. La demoiselle le regarda alors dans les yeux, comme troublée par ses prunelles glaciales et meurtrières. C'est comme si son être entier l'empêchait d'agir. Ses mimiques, son souffle, l'étirement de ses lèvres. « ... » Ne sachant quoi répondre, elle le laissa poser sa main sur sa tête pour la lui tapoter. Elle pouvait sentir ses doigts s’entremêlant dans ses cheveux roux, frissonnant au passage. Joke aurait voulu le supplier, d'arrêter. Mais jamais elle n'était pas encore à se faire humilier ainsi. Surtout, garder sa dignité. C'était tout ce qui comptait.

Dans nos têtes. Il finit par se laisser tomber en arrière, sûrement pour admirer la sublime vue du plafond délabré. Oui, c'est du sarcasme. Joke passa ses doigts sur ses plaies en grimaçant de douleur. « Aaaah... » Elle entendit alors la voix de Night lui ordonner d'essuyer le sang de celles-ci. C'est vrai qu'il avait toujours eu cette décadence mentale envers l'hémoglobine et ses fortunes. La poupée arqua un sourcil, comme prise de cours. « Euh... » Mais elle n'eut pas le temps de lui obéir qu'il arracha déjà son t-shirt, comme dans les films, en mode Je suis un beau gosse et j'assume. Elle se surprit à sentir ses joues chauffer dû à l'empourprement et détourna les prunelles tandis qu'il essuyait le liquide carmin qui tâchait honteusement sa peau de porcelaine. Il fallait qu'elle parte. Très loin. Le plus loin possible. « c'est bon merci mais je peux le faire seule tu vois. » Tu restes Joke, têtue et susceptible, fausse indépendante. Elle aimerait tellement prendre ses jambes à son cou car ce soir elle n'a pas la force de lui résister. Alors discrètement, elle se relève sur ses deux pattes et tourne les talons. C'est une retraite anticipée, ce soir, on ne se confrontera pas. Ce soir, la lune sera le témoin des vertus de la neutralité. Ou pas.

L'enfer. La demoiselle sentit quelqu'un attraper son bras et la tirer vers quelqu'un. « Que.. ? » elle fronça les sourcils et le poussa violemment en arrière, l'air sévère et accusateur. « tu fais quoi là hein ? Tu essaies de prouver quelque chose ? Que tu es le mâle alpha ou un truc du genre ? Tu es pathétique. » elle le toisa de haut et appuya son pied sur son torse. Joke jouait un rôle, elle faisait la fière mais tremblait à l'intérieur tiraillée par des pensées comme « il va me bouffer putain mais pourquoi j'ai fait ça?! Aaaaah je suis morte dans 3...2...1 ! » ou même « RIP Joke ma vie est finie, RIP Joke il va se venger, il va pas apprécier, excuse toi viiiite ! » mais elle appuya encore une fois sur son buste. Oui, elle ne devait pas céder. La jeune fille pensait l'impressionner assez pour qu'il la respecte comme son égale – elle n'avait déjà pas trop d'espoir concernant le fait qu'il la considère comme supérieure – et imaginait pouvoir partir de cette situation sans trop d'efforts. Si seulement. « alors... » sa voix tremblait. « Je m'en... » elle ferma les yeux avec force. « … vais ! » Badaboum.

J'aime pourtant leur beau monde. Joke maudissait les sales coïncidences. Elle maudissait ceux qui croyaient au destin. Bref, elle se haïssait en fait. Ses yeux étaient ceux d'une gamine effrontée qui se faisait assez chier dans sa vie pour aller provoquer les plus sanguinaires. Joke, c'était juste une adolescente mal dans sa peau, une idiote impudente, une force de la nature. Elle voyait bien qu'il ne rigolait pas, qu'il fallait redescendre la pression, qu'il fallait le détendre, se détendre. Soupirant doucement, la petite femme du haut de ses minis-talons croisa les bras  en dessous de sa poitrine, le toisant comme un lémurien en chaleur. « Arrête de me prendre de haut d'accord ? » Qu'entendait-il par 'ne pas avoir le moyen de s'enfuir' ? Il comptait la retenir ici ? Pourtant il ne pouvait se l'encadrer. Et elle non plus d'ailleurs. « Ouuuh!~ Tu fais peur quand tu t'y met tu sais ? » sarcasme du minuit passé, puissant.

Mais leur monde ne m'aime pas. Il partit s'asseoir sur un banc, attendant qu'elle vienne le rejoindre. Et pourquoi devrait-elle le faire d'ailleurs ? Joke hésita quelques longues minutes avant de se râcler la gorge nerveusement et alla se mettre à côté de lui, jambes serrées par la gêne. Il ne pouvait s'empêcher de grossir ses chevilles à chaque occasion. « Non, je ne venais pas te voir. Je venais pour quelqu'un d'autre. » Despair sûrement. Elle ne le savait plus elle même pourquoi elle s'était aventuré dans ce trou à rat à la base. Prenant ensuite ce petit air hautain qu'elle aimait imposer à ses adversaires, elle rétorqua sèchement. « Tss, ils sont devenus cannibales maintenant à Crimson District ? » Elle était si tendue qu'elle ne pouvait s'empêcher de sortir des trucs complètement débiles.

C'est comme ça. Joke perdait patience. Ce personnage était le gars le plus antipathique qu'elle avait rencontré dans sa vie! C'est vrai quoi.. c'était pas ce type chelou qui allait faire la loi à la fin ! Elle était, comme il disait une 'gardienne' de la paix en sorte d'Holy Sword, donc il fallait se faire respecter. Du moins essayer. Si cela avait été d'autres personnes que lui, elle les aurait remis à leur place avec sa répartie tranchante et son petit côté caractériel qui en énerve plus d'un. Mais lui... c'était différent. Et elle ne le supportait pas. « Bon ! Sérieux, tu vas me faire perdre mon temps pendant longtemps ? Parce que c'est pas qu'admirer la lune avec toi m'ennuie mais... » Mais. Elle rougit jusqu'aux oreilles. « Mais... » Elle bloquait, ses dents claquaient. « Mais bordel ! » elle se leva en même temps, tapant du pied et levant son poing. « Tu m'agaces espèce d'idiot ! IDIOT IDIOT IDIOT IDIOT ! » vite, un antidépresseur.

i feel so alone on the the friday night. Joke ferma les yeux, pour se calmer. Inspirant profondément, elle ne se rendit pas compte de ce qu'il se passait. « Moi ? Snob-aaah ! » Couchée sur le banc, elle plongea ses yeux dans ses prunelles froides et méprisantes. La lune... il l'incitait à la contempler. L'astre surplombait les deux individus de sa lumière opaline tandis que la poupée cambrée sur la pierre tremblait déjà des événements qu'elle anticipait déjà. C'est vrai qu'il était beau, c'est vrai que l'apercevoir lui faisait quelque chose, c'est vrai que croiser son regard avait l'effet de l'hypnose. C'est vrai qu'il était plutôt impressionnant. Confortablement installée sur le banc, genoux relevés pour faire office de barrière entre lui et elle, Joke l'écoutait déblatérer son sarcasme. Mais c'est quand finalement il décida de passer à l'action qu'elle se rendit compte que c'est posture n'avait rien d'avantageux. « Que... Eh ! » C'est limite si elle parlait pas en onomatopée avec lui.

Can you make me feel like home ? Alors qu'il s'abaissait progressivement sur elle, la jeune fille fronçait les sourcils en détournant le regard. « Euh... je ne suis pas sûre d'être d'accord hein... » la voix tremblante et le teint rosé, c'était comme une humiliation de plus. Elle eut la chair de poule en sentant ses crocs de prédateur frôler sa peau. C'était définitif, elle n'était pas d'accord. Or ce petit jeu ne semblait être que provocation et non réelle agression. Alors qu'il tenait de sa main masculine son petit menton, elle ne cilla pas, et ne se débattit pas. Joke faisait juste les gros yeux comme une enfant au regard innocent et accusateur. Et alors qu'il posait doucement son oreille contre le creu de sa poitrine, son cœur se mit à battre la chamade. C'est d'ailleurs ce qu'il s'empressa de remarquer à haute voix. « Oui et bien... C'est ta faute tout ça... » c'était dit. Elle posa ses mains sur son visage pour le cacher.

If i tell you that you're mine. Mais voilà que ce moment presque romantique et sensuel se brisa par la pire insulte qu'un homme pouvait faire à une femme. Rouge d'embarras et de colère, elle ne cligna pas des yeux, choquée par sa remarque. « De.. de.. de... DE QUOI ?! » la bombe avait explosé. « Moi ?! Je suis pas féminine ?! » Joke explosa telle une bombe comme n'importe quelle femme qui se respecte. « JE VAIS TE TUER ! » Alors elle se leva pour attraper son bras et le plaqua au sol avec fureur. « Tu vas voir sale... SALE MUFFLE ! » elle ne savait presque plus pourquoi elle s'était énervée au départ, elle était juste hors d'elle. Peut-être par ce qu'il venait de déclencher chez elle, mêlée à de la frustration. « On ne joue pas avec les gens comme ça... » Joke croisa les bras en le toisant de haut. C'était la deuxième fois qu'elle le mettait par terre. A croire qu'il pouvait se faire des idées. Elle tourna les talons en tapant des pieds et grognant comme un grizzli affamé.  

Need it. Sa chaleur, son souffle... sur la peau de la belle, frémissant à chaque regard honteux qui se perd dans le vent. Pourquoi tant de haine ? Pourquoi en venir à se dévorer les uns les autres dans ce monde ou nous sommes prisonniers ? Pourquoi s'évader dans un nouvel univers pour en reproduire une pâle copie de l'ancien ? Pourquoi se faire souffrir quand on pourrait vivre chaleureusement. Ce n'est pas le monde le problème, juste les personnes l'habitant. Ce n'est pas le système qui fait défaut, juste ceux qui en dérivent. Ce n'est pas l'air qui se dégrade de jour en jour, mais les hommes qui le souillent en respirant. Ce n'est pas ton cœur Joke qui brûle, ce sont les autres qui t'étouffent. Le dos tourné vers la montagne de gravas à franchir pour s'enfuir de ce duel de deux caractères de merde, disons le franchement... Elle soupire, tenant sur ses genoux écorchés sa fierté entachée et de larmes arrachées.

Need it. Elle pourrait partir, il devient fou, elle le sens. Ses jambes sont paralysées, son corps lui ordonne de rester, son cœur de partir, qui écouter ? Joke a prit de la drogue, Joke plane dans l'hélicoptère de la fascination. Son sang bouillonne, ses joues s'empourprent, ses muscles se contractent dans un dernier soupire. Et elle reste finalement, hallucinant complètement, absente pendant un temps. Une voix la sort de son mutisme. Tu es restée Joke ? Elle se retourne pour le fixer, hébétée. Puis sa main vient emprisonner son menton. Il recommence à son tour de jouer les durs. Personne ne gagnera jamais dans cette histoire. La douce enfant le laisse faire, souriant faiblement. Provocation ? Résignation. La vérité ? De quoi pouvait-il bien parler ? Gobant ses paroles, la jeune 'gardienne' en écarquilla les yeux. Que répondre à cela ? « Euh... je... je.. nous euh en fait.. je... Hein ?! »

Need you. Joke dégagea son visage, sentant ses joues brûler. Merde, merde, merde. Il fallait redresser le visage, faire sa fière, faire sa princesse. D'un petit haussement de sourcils hautain, elle gloussa. « Moi ? C'est clair que je ne serais jamais à tes pieds dans tout les cas... » hop hop, elle avait sauvé la mise. Un petit mouvement de cheveux sur le côté pour se donner un air et le tour est joué. Elle se sentait presque gênée de faire ce genre de choses. Ce n'était qu'une image. Ce n'était pas la réalité. Ce n'était pas Joke. Mais ce petit effet n'a pas l'air de lui faire grand chose car il se saisit de ses hanches pour la poser sur ses genoux. Un mélange d'humiliation et de sensualité. La poupée se sent comme une enfant, impuissante, fragile. Alors que nous savons tous que c'est le contraire. Hystérique, impulsive, sûre d'elle. Frissonnant à son susurre, elle se laissa tomber contre son torse, son dos épousant son buste, sa petite tête rousse posée sur son épaule, les yeux fermés vers le plafond gothique. « Tu es une ordure. Tu le sais ça ? » Ses lèvres purpurines avaient à peine murmuré ses mots.

Need it. Alors qu'elle se reposait presque sur lui et que les rayons lunaires caressaient leurs visages... un bruit étrange survint. Joke rouvrit immédiatement les yeux. « C'était quoi ça... ? » Elle attrapa les bras du jeune homme pour lui faire lâcher prise. « Pousse toi ! Il faut aller voir ! » Puis plus rien. Pendant au moins 30 secondes le bruit disparut et elle regretta presque d'avoir bougé. Alors elle resta immobile, n'osant pas le regarder et un deuxième glissement de terrain eut lieu, et Joke fut tellement surprise qu'elle fit un bon sur ses genoux en hurlant. Lui donnant un coup de coude dans le ventre, elle se dégagea en filant vers la grande porte de l'église, presque apeurée. Après avoir soufflé contre le mur, un étrange grognement résonna dans l'enceinte du bâtiment. Des murmures presque effrayants chatouillaient leurs oreilles attentives. Partez d'ici. Elle tressaillit. Maintenant. La jeune femme fixa son bourreau. « Night ... » Cela lui allait si bien. L'adrénaline te monte à la tête.

Peur. Elle tremble de tout son être, Oh Joke, pauvre Joke à l'âme sensible. Pourquoi fallait-il qu'elle se perde à ses côtés ? Il est loin d'être un prince charmant qui va venir au secours de la belle princesse. Il est loin d'être celui que toute jeune fille attend. Il est loin d'être le parfait cavalier dont rêve chaque nuit les plus prudes. Il faisait le mal et il le faisait bien. Et c'est peut-être ce pourquoi il attirait tant la jeune femme. Son petit côté mystérieux attisait sa curiosité. Son caractère imposant qui ne visait qu'à la faire tomber à genoux. Cette sensation qu'on essaye de t'écraser. C'est une sensation auquel une femme devient rapidement addict. Enfin, pas n'importe lesquelles. Surtout celles comme Joke en fait. Masochiste au possible ! … Passons.

Terreur. Joke voit le loup se rapprocher, elle hésite à crier. Est-il un ennemi ou un allié ? Elle ne savait plus quoi en penser. C'est comme s'il prenait un malin plaisir à la voir apeurée. Malgré tout ses efforts pour rester digne, elle ne pouvait s'empêcher d'agir comme une gamine devant un film d'horreur. Peut-être que c'est encore une enfant dans sa tête. Peut-être qu'elle n'a jamais voulu grandir. « Night... dis moi que ce n'est rien et que c'est presque normal ici... » Il la plaque contre la grande porte de l'église pour ensuite épouser ses formes. Joke ne comprend pas et serre ses petits points impuissants. « c'est pas le moment pour ce genre de choses.. Night ! On est peut-être en danger ! » Parler à un sourd, ça ferait peut-être le même effet.

Stupeur. C'est une église. Dans ce jeu malsain, il y a sûrement un tant soi peu de logique. C'est toujours le cas dans les films d'horreur. « Oh mon dieu, oh mon dieu, qu'est-ce que c'est ?! Un fantôme ?! Des zombies ?! Un monstre oh mon dieu ! » Joke était à la limite de tomber dans les pommes. Voilà pourquoi elle ne venait pratiquement jamais à Crimson District. Ce genre de choses, c'était juste impossible à gérer. « Mais non je ne me calme pas ! On va tous mourir ! » réflexion absurde, on ne mourrait pas à Euphemia. C'est alors que dans un élan de panique, elle le prit dans ses bras. Elle le serra fort contre elle en murmurant. « J'ai peur putain. Putain... » Elle aurait presque pu l'étouffer le pauvre.

Horreur. Cette fois, un deuxième éboulement de terrain bloqua la maigre sortie et plongea l'église entière dans le noir. Un rire se fit entendre et Joke se retourna vers la grande porte qui semblait bloquée par quelque chose à l'extérieur. La princesse commençait à suffoquer, en panique. « On est fait comme des rats... » elle tomba à genoux, sans réussir à discerner la silhouette de Night dans le noir. Son pouvoir lui était inutile, ou du moins elle ne savait pas quoi faire, ni comment l'utiliser. « Non..  c'est impossible... » c'était presque comique en fait de l'entendre paniquer comme une idiote, alors que techniquement, il n'y avait plus que la peur sur Euphemia pour les faire flancher. « Je veux sortir d'iciiiiiii ! »

Danger. Joke avait peur, ça se voyait et il en profitait amèrement. Qu'est-ce qui se passait ici ? Pourquoi étaient-ils enfermés dans cette église ? Et pourquoi est-ce que la poupée ressentait presque de la confiance envers cet homme sans principes ? Trop de questions, on manque de réponses. On est en train de tomber. Sous nos pieds, c'est le vide qui se prépare à nous engloutir. Joke relève les yeux, elle ne voit rien car l'éboulement a quasiment plongé l'endroit dans le noir complet. Dans la pénombre, elle pouvait discerner l'ombre de Night qui était planté juste devant elle. Pour l'instant, les voix mystérieuses ne semblaient pas avoir refait surface et le silence pesant s'installait. Il n'y avait que le son désharmonieux de leurs souffles et surtout celui de Joke qui ressemblait plus à des gémissements rauques à longs termes. « Je.. » terrifiée. « Je... » paralysée. « Nous... » il y a un nous maintenant ?

Dangereux. Il l'était en s'obstinant. Pourquoi du chantage dans des moments pareils ? Elle était à sa merci après tout. Comment le ranger de son côté ? C'est parfois dans ce genre  de scène qu'on se rend compte à quel point il est utile d'être une fille. Joke se leva en tremblant. « Pourquoi tu m'aiderais ? Je pense que c'est dans ton intérêt aussi … tu veux me laisser pourrir ici ? Tu n'auras plus jamais l'occasion de te venger de... » Elle fut tout de suite coupée par son geste bien étonnant. Il venait de la prendre dans ses bras ? Ses lèvres glacées vinrent effleurer son front. Non c'était impossible. « Qui êtes vous et qu'avez vous fait de Night ? Sortez de ce corps ! » C'était dit à moitié sur le ton de la plaisanterie bien sûr. La princesse le serra aussi fort qu'elle le pouvait.

Dangereuse. Joke recula finalement et son dos heurta la porte. «  Je disais donc... que tu n'aurais pas l'occasion de te venger si tu me laisses ici. C'est vrai quoi, tu ne verrais plus mon minois déformé en t'apercevant ? Tu ne voudrais pas rater ce spectacle si ? » espérant que ce soit convaincant sinon. Il y eux soudain une attaque de chauve souris qui foncèrent vers eux, Joke se baissa à genoux devant lui en criant. « Aaaaaaaaaaaah ! Sinon, je veux bien faire quelque chose pour toi en échange ! Fais moi sortir, fais moi sortir, fais moi sortir ! Hiiiiii ! » Elle avait hurlé si fort que ça résona dans l'église et une autre éboulement de terrain se déclencha, mais les résonances eurent un impact sur les fondations externes de l'église, ce qui la faisait trembler un peu. Du sable tombaient un peu sur les deux protagonistes. « Oh mon dieu, oh mon dieu, on va mourir, enterrés vivants... »