• On a tous un passé :

Je suis né dans une famille terriblement banal, un père, une mère, un frère aîné et une petite sœur. Une enfance ni terriblement triste ni terriblement heureux. J'ai survécu à la jalousie des autres durant de nombreuses années sans jamais me plaindre, encaissant. Pourquoi ? Depuis gamin, j'adorais dessiner, imaginer, inventer de nombreuses choses, cela me sortait de mon quotidien ennuyeux. A l'époque, je pensais avoir des amis, une petite bande sympathique. Mais la première fois que je leur présenta mes dessins, la trahison fut un coup dur. La jalousie des gosses. Ils me haïssaient, haïssaient mes dessins, mes histoires, le fait que notre professeur m'envoyait des fleurs en me promettant un potentiel bel avenir de mangaka. A la récréation, c'était toujours le même enfer, on déchirait mes dessins, on se moquait, on m'humiliait de diverses façon - les enfants ont tant d'imagination. Je n'osais pas me plaindre de peur des retombées. Ce fut finalement mon aîné qui se rendit compte de ce que je subissais, il alerta nos parents qui s'occupèrent du cas des gamins.

Moi ? Moi. Quoi ? Je me renferma, comme la plupart des enfants subissant ce genre de chose, je refusais d'aller vers les autres, préférant observer. M'amusant des malheurs des uns, réfléchissant. Et si, à mon tour, je les humiliais ? Ce fut alors ma revanche, au collège. Je me fis des amis, je devins apprécié, du moins, mon masque chaleureux et sociable fut apprécié. Et puis, une fois qu'ils pensaient être mes proches, je leur plantais un couteau dans le dos (façon de parler, bien sûr, je ne suis pas un meurtrier) et m'amusait de leurs réactions. A vrai dire, ils en sortaient démoralisés et qui pouvaient croire que j'étais qu'un mensonge ? On m'aimait tant.

Par ailleurs, depuis mes divers problèmes en primaire, mes parents m'avaient obligé à suivre des cours de combat, d'arts-martiaux. Ils refusaient que je sois faible et incapable de me défendre, cependant, je ne me suis que rarement battu, seulement lorsque j'y étais plus qu'obligé. Pour la simple et bonne raison que je déteste à présent ressentir une douleur physique ou psychologique... une sorte de phobie, ça me terrifie presque. C'est là une immense faiblesse.

En dehors de cela, je poursuivais mes dessins, mes histoires, parvenant à signer quelques contrats sous un pseudonyme, créant mes premiers mangas. J'étais au lycée, encore bien jeune. Je m'intéressais aussi aux jeux-vidéos et, bientôt, je décrochais des cours, m'impliquant davantage dans mes mangas et les jeux. Me décrochant peu à peu de ma pseudo réalité. Lorsque j'eus le fameux sms tandis que j'étais scotché à mon bureau parsemé de planches non terminées, je répondis rarement que j'acceptais. Le lendemain matin, le casque. Vous connaissez la suite ?

• Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :

Eh bien, j'étais arrivé sur Euphemia. Ma réaction ? Bien entendu que je fus interloqué quand tout nous fut expliqué.

J'étais parqué avec quelques autres nouveaux joueurs sur l'île de la Mairie, nous devions choisir une île, un pouvoir. Après mûre réflexion, j'opta pour Crimson District, l'île me semblait intéressante, pleine de ressource. Là-bas, j'allais pouvoir observer avec grand plaisir les autres puisqu'ils avaient la réputation de ne pas être des enfants de chœur. Le pouvoir à présent. Il y avait de nombreux et ma réflexion fut longue. Ce fut alors que ma phobie me revint, comment toucher sans être touché ? Comment éviter d'être blesser ? Intervertir sa place avec quelqu'un d'autre. Dans un combat contre plusieurs adversaires, ce pouvoir me permettrait même d'user de stratégie. Il avait bien entendu des malus que je découvris lors d'une première utilisation, le fait de ne pouvoir l'utiliser que dans une dizaine de mètres autour de moi, l'utiliser à trop de répétions risquait de me faire tourner la tête.

Ce nouveau monde risquait de m'offrir de nombreuses choses, je m'y jetai entièrement, prêt à rencontrer les habitants, les autres joueurs, les possibilités. Ma vie antérieure n'était pas mauvaise mais pas génial non plus, peut-être qu'ici, je me sentirais un peu mieux.