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 Edie ; » Factory Girl, toutes les couleurs du noir «
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Edie


Nouvel Arrivant

Nouvel Arrivant

Edie

Messages : 2
Date d'inscription : 13/03/2015
Localisation : L'HIMALAYA.

Edie ; » Factory Girl, toutes les couleurs du noir «  Empty
MessageSujet: Edie ; » Factory Girl, toutes les couleurs du noir «    Edie ; » Factory Girl, toutes les couleurs du noir «  I_icon_minitimeVen 28 Aoû - 21:51


❝Edie


• Comment tu t’appelais ?
Phyllis Ann Tumicelli.
• Tu as choisi quel pseudo ?
Edie.
• Tu as quel âge en fait ?
20 ans. {17/04/2005}
• Tu viens d'où ?
Edie est née dans une petite ville de l'Arizona, mais ça aurait aussi bien pu être ailleurs ; sa maison se trouve près de Denver dans le Colorado, mais elle habitait depuis quelques années à New York.
• Tu veux aller sur quelle île ?
Holy Sword.
• Tu fais quoi dans la vie ?
Vendeuse dans une boutique de vêtements. Délinquante en talons aiguilles à temps partiel.
• T'es un super-héros ?
Avoir tout ce qu'elle désire à portée de mains ; dans la limite du raisonnable et du possible. Disons que Phyllis aura tendance à tomber sur ce qu'elle veut très facilement, tant que ça concerne des objets et non des secrets d'état. Pareil, son pouvoir ne marche pas sur les portes de sortie. Dommage.


» Mémorisation Physique.



• La couleur de tes yeux de biche ?
Edie a des yeux bruns ombrés d’épais cils foncés ; et comme les comparaisons féeriques et les reflets chatoyants n'ont guère leur place que dans des contes de fées qu'elle ne lit plus depuis longtemps, ils n'ont rien de particulier. Même l'éclat des larmes ne daigne pas leur donner un ton plus joli qu'un autre.

• Et celle de tes cheveux au vent ?
Courts et ondulés, frôlant sa nuque et dégageant ses oreilles, Edie en prend grand soin. Ils sont épais et légers, d'un brun noir dans l'ombre et parcourus de reflets cuivrés dans la lumière. Elle ne les aime pas longs et a toujours refusé de les avoir libres ; maintenant qu'elle n'a plus à les tordre dans tous les sens pour les attacher convenablement ni à se soucier de ruiner sa coiffure en passant une main dedans, elle les aime encore plus.
Même si maman a toujours dit que ça lui donnait l'air vulgaire.


• Tu sens la rose ou tu pues le yack ?
Edie sent le parfum, par goût et par habitude ; elle déteste ne rien sentir, passer le nez dans ses vêtements et n'avoir que l'odeur de sa lessive à respirer. C'est trop impersonnel, c'est trop triste. Alors elle aligne les bouteilles de parfums, souvent de grandes marques connues, et parfois quelques flacons moins chers qu'elle garde précieusement au fond de son armoire. Certains pour le paraître, et d'autres juste pour elle, quand elle arrive encore à faire la distinction
.
• Taille & Poids ?
Edie a toujours fait une tête de plus que les autres filles de son âge, et les médecins lui avaient dit qu'elle serait grande une fois adulte : ils ne se sont pas trompés. La jeune femme mesure un mètre soixante-dix-sept à plat, et la précision est de rigueur puisqu'elle affectionne les talons, qui la font allègrement dépasser le mètre quatre-vingt et trôner à hauteur des hommes les plus grands. Ça ne l'a jamais gênée, ni elle ni qui que ce soit, amis comme partenaires ; Elle se prend même à se considérer chanceuse quand on lui fait compliment de ses longues et jolies jambes.
Edie a vécu toute son enfance et adolescence dans le grand cirque itinérant de sa famille. Elle faisait beaucoup d'exercice et même lorsqu'ils faisaient une halte chez eux, il y avait toujours mille travaux à faire. Son corps est par conséquent endurant, ferme et habitué à l'effort.


• Signe distinctif ?
Cicatrices, bijoux, autres...


» Analyse cérébrale.



• On n'est pas parfait hein ?
Tous ceux qui la connaissent un minimum peuvent en témoigner : Edie est loin d'être une jeune femme facile à vivre, et ses brusques sautes d'humeur peuvent même faire du quotidien un véritable enfer.
Mademoiselle a l'attitude d'une sale gosse pourrie gâtée la majeure partie du temps, et si elle s'en accommode bien, les autres y trouvent beaucoup moins leur compte : autoritaire, capricieuse, lorsqu'elle exige quelque chose, elle le veut sur le champ. Pas la peine de lui dire non, c'est un mot qui ne figure pas dans son vocabulaire, et on a tôt fait de se casser les dents à essayer de le lui apprendre. Elle s'estime belle, intelligente, talentueuse et méritante et, de fait, la coupe de champagne qu'elle a demandé doit se trouver près d'elle le temps d'un claquement de doigts, pas plus. Edie n'est pas patiente, elle aime avoir tout sur la seconde et ne supporte pas qu'on lui désobéisse. Elle aime régler ses proches et son emploi du temps de la même manière, comme si chaque pion sur l’échiquier ne gravitait qu'autour d'elle. Vie privée, temps libre, loisirs ? Bien sûr, elle adore ; quand c'est pour sa poire. A en croire ses coups de fils incessants et ses nombreux reproches, personne n'a le droit de prendre des vacances quand elle a besoin de quelqu'un. Le collier passé autour du cou et la laisse en main, Edie entend régir son petit monde d'une poigne de fer, et elle s'y applique avec une détermination presque vicieuse.
Quand on a le malheur de lui déplaire, elle ne lésine pas sur les outils de tortures et sort couteaux et vierge de fer. Violente en stilettos et d'une agressivité toute féminine quand ça l'arrange, elle écrase la cigarette sur la peau et répand les rumeurs comme on boit du jus d'orange au petit déjeuner. Rien n'est trop mesquin quand le petit cœur fragile où l'honneur de mademoiselle est en jeu. Si la plupart de ses menaces grandiloquentes stagnent à l'état de projets par faute de moyens (ce qui n'a, dans les faits, rien de rassurant), elle ne se prive pas pour hurler son ressenti et sa frustration au monde à grands coups de vœux de noyade ou de combustion spontanée bien douloureuse comme il faut. C'est que notre pauvre diva est rancunière, à un tel point que la blessure peut prendre des années à se refermer : et même après n'avoir laissé qu'une cicatrice pâle et blanche sur sa peau, les envies de meurtre restent.
Edie hurle, menace, et jure comme un charretier quand la colère pointe le bout de son nez. Son caractère de cochon (allons-y franchement) la place souvent à contre-courant et les inimités parsèment son répertoire bien plus que les amitiés. SOS grande gueule à problèmes, bonjour ? Elle ne sait ni clouer son bec ni se montrer moins franche et hostile, sauf quand la situation l'exige. Alors elle n'hésite pas à concocter les pires mensonges et les pires vengeances, parce que.

Mais n'en doutez pas, pour se défendre et se justifier, elle a beaucoup d'imagination.


• Mais on gère la fougère ?
Pas facile à vivre, capricieuse, princesse du tapis rouge et égérie de la jet-set : sous ses airs pincés de princesse en soie, Edie a pourtant de nombreuses qualités, qui se cachent soigneusement sous le contour parfait de ses lèvres rouges.
Edie est belle, sûre d'elle, ambitieuse et prête à tout pour réussir : sa détermination ne connaît pas de limites, sinon les murs que la vie met en travers de son chemin et que la loi l'empêche d'escalader sous peine de faire un petit tour au tribunal. Effrontée et un brin trop téméraire, elle sait malgré tout s'arrêter avant d'atteindre le point de non-retour. Jamais Edie n'a passé les deux jambes derrière le mauvais mur, parce que la petite conscience perchée sur son épaule lui rappelle encore que ce serait bête de finir sa vie au fond d'une cellule ou d'un vieil immeuble à l'abandon. Et Edie a peur de mal finir, d'être reléguée dans un coin, cassée, brûlée, oubliée, inutile : ce qu'elle veut, c'est briller sous le feu des projecteurs, et elle sait s'en donner les moyens.
La jeune femme a toujours été volontaire et décidée. Enfant agréable et vivante, son sourire était contagieux et sa bonne humeur poussait les autres à la suivre en riant. Pas un jour ne passait sans que Phyllis Tumicelli ne s'exclame ou s'écrie. Expressive, débordante d'énergie, le bout-en-train cavalait d'un bout à l'autre du cirque pour prêter main forte à sa famille et ses amis. Que reste-t-il de cette petite fille au joli sourire ?
Edie est encore montée sur ressort. Edie est encore enthousiaste et quand elle tient un projet en mains, elle ne le lâche plus. Si Edie a oublié comment se réceptionner après la chute, elle n'a pas oublié comment se relever et faire face. Comme quoi ça sert d'être bornée et de ne pas accepter la défaite. Edie a juré de ne pas se laisser couler par ses déceptions et quand elle promet quelque chose, elle tient parole. Plutôt mourir que mentir, plutôt se tuer que décevoir. Si elle se clame (à raison) autonome et indépendante, elle a besoin qu'on la soutienne ou, à tout le moins, lui fasse comprendre qu'on est là. Et même si parfois elle peut se montrer maladroite sans le vouloir, elle fait de son mieux – et quand elle n'est pas occupée à se regarder dans le miroir, elle se montre fine et observatrice.

Edie a tout d'une amie fidèle qui n'atteint pas que la roue tourne en sa faveur. Plutôt la bloquer de force pour enfin avoir droit au bonheur.


• Tu préfères les garçons, les filles, les deux, les chatons ?
Edie s'est toujours considérée comme hétérosexuelle ; les garçons ayant de loin sa préférence, rien d'étonnant à cela.

• Moi j'ai un rêveuuuh ?
insérer rêve.

• T'as peur de quelque chose ?
insérer crainte.

• Quels sont tes goûts ?
insérer ce que tu aimes manger, écouter, faire, mettre etc... depuis toujours.

• Signe distinctif ?
Si t'as un petit problème dans ta tête.


» Chargement du jeu.



• On a tous un passé :

Edie était du genre plutôt très belle.
Phyllis aussi.

Mais ça n'a pas suffi.
Comment t'as pu la laisser toute seule sous la pluie, sans personne sur qui s'appuyer ? C'est tellement grand, New York.

Elle pensait mal, tout ce temps. Et ses rêves de petite fille s'évanouissaient les uns après les autres, emportés par l'eau boueuse qui courait le long des trottoirs.



▬ Mai 2010, Wyoming, États-Unis.

La piste circulaire retint son souffle au même moment que Phyllis ; suspendus aux trapèzes, à des mètres et des mètres au-dessus du sol, les acrobates enchaînaient les figures, tête en bas et pieds à en frôler le sommet du chapiteau. Cachées en coulisses, les deux petites filles observaient avec une frayeur grandissante les mouvements se faire plus complexes et plus osés. Au moindre faux pas, les mains pouvaient glisser, se rater, s'effleurer seulement, et toute la prestation si longuement répétée tombait à l'eau. Phyllis sentait le cœur de Dakota battre à cent à l'heure, les bras de sa petite sœur fermement serrés autour de sa taille. Elle la sentait trembler et réprimer des sanglots, trop jeune pour comprendre que même si les trapézistes tombaient de leur perchoir, le filet dressé au dessus de la piste les rattraperait et leur éviterait une chute fatale.
Tout ce qu'elle voyait, c'était son père qui risquait de se faire mal. Phyllis avait beau jouer les grandes, elle n'en menait pas plus large.

Une main se posa sur son épaule, lui arrachant un sursaut surpris. Elle quitta des yeux le spectacle pour scruter le sourire de sa mère et ses pommettes rouges de maquillage. Son autre main soutenait un ventre de huit mois dans lequel dormait encore paisiblement leur nouvelle petite sœur. Elle articula silencieusement quelques paroles rassurantes qui éclipsèrent leur peur ; comme un écho bienvenu, un tonnerre d'applaudissements fit vibrer le sol et les murs tendus, et les mains des petites filles vinrent appuyer le crescendo. Debout tout là-haut, les artistes en costumes brillants mouchetés d'arabesques chatoyantes saluaient le public.

Phyllis et Dakota les contemplaient, pantelantes d'admiration et de soulagement. Joshua savait que ses filles le regardaient et il leur adressa un signe de la main qui serait passé inaperçu chez d'autres : Phyllis prit sa sœur contre elle et la serra si fort qu'elle dut protester pour pouvoir respirer à nouveau.

Les boucles brunes de la fillette s'agitèrent, frôlant ses minces épaules tandis qu'elle se rapprochait de la scène. Elle embrassa la limite du bout des pieds, jolie dans le justaucorps pailleté que lui avait confectionné sa mère. Elle attendait son père pour lui tendre les bras et elle s'y voyait déjà. Seule dans le ciel, sous le feu des projecteurs, une nuée d'admirateurs en contrebas pour l'applaudir.
Phyllis y pensait surtout quand les trapèzes se balançaient dans le vide. Elle y pensait quand son père la faisait décoller et voler, quand elle y tenait en équilibre. Phyllis y pensait tout le temps.

« Tu vas grandir trop vite, ma chérie. » lui disait sa mère en la coiffant avec une précision chirurgicale, parfois en riant et parfois sans étirer les lèvres. La fillette lui faisait une moue à travers le miroir, et n'y voyait pas le mal.
Elle aussi elle voulait être comme papa et comme maman. Elle levait les bras bien haut et pouvait presque toucher la barre horizontale en se hissant sur la pointe des pieds.
Bientôt, bientôt.

« Papaaaaa ! »

Joshua lui pinçait la joue et la mettait sur ses épaules, où elle passait ses mains dans ses épais cheveux châtains. De là-haut, elle voyait le monde comme jamais elle ne le voyait les pieds à plat. Et juste sous le chapiteau...

« Porte-moi aussi papa ! S'il te plaîîît !

-Mackenzie, je vais avoir besoin d'aide là... »

Phyllis jeta un regard derrière son épaule, juste à temps pour voir sa cousine s'élancer sur la piste, les bras en l'air et les pieds sur la croupe du cheval, comme si les secousses ne l'atteignaient pas.



« Eh bha, elle a pas l'air en forme la minette.

-Chut, je médite. »

Avec un long « oh » au sérieux affecté, Cheyenne envoya une pichenette sur le front de sa nièce ; Phyllis poussa un cri aigu et tendit son bras pour faire ravaler son sourire au quinquagénaire, mais fut arrêtée dans son sombre dessein par le pichet de jus d'orange. Joshua le retint juste avant qu'il ne touche terre et Cadence protégea le pain des éclaboussures, laissant Mackenzie et Hannah s'exclamer bruyamment.
Les yeux verts de sa cousine la scrutèrent par-dessous sa frange brune, excédés.

« Phylliiiiis, attention !

-Mais il m'a embêtée !

-Chéri, mais quel âge tu as...

-Jamais trop, Hannah, jamais trop !

-Laisse-le, il est resté coincé à ses seize ans, il a plus bougé depuis.

-Il se passe quoi, là ? »

Le fils du dresseur de fauves et ses vingt-six printemps s'assirent entre Phyllis et sa mère, empêchant Dakota de se concentrer sur son petit-déjeuner. Phyllis jeta un regard torve à son oncle qui riait toujours et mordit dans son croissant, tentant d'y faire passer tout le bien qu'elle pensait de cet homme immature.

« Y'a Cheyenne qui veut pas me laisser méditer, Aurel. »

Le Slovaque fit la moue et plongea un couteau dans le beurre, menaçant d'en tartiner la joue du directeur.

« A votre âge, monsieur, vous devriez avoir honte.

-A mon âge, à mon âge ! Je suis encore frais comme un gardon ! En plus, ajouta-t-il avec un sourire complice, c'est pas joli une fille qui fronce les sourcils comme ça. »

Phyllis afficha une telle grimace que la moitié de la table partit d'un grand éclat de rire. Laissant la fillette cultiver sa susceptibilité derrière son assiette, Cheyenne se tourna vers Cadence. Il avisa, soudain critique, les deux chaises libres près d'elle.

« Où sont tes frères ? Me dit pas qu'ils dorment encore ?

-Ils se sont couchés tard, hier, une histoire de bataille décisive ou je ne sais quoi... », répondit Hannah sur un ton mal assuré.

Le directeur roula des yeux au ciel et tapa un poing contre la table, partagé entre amusement et sérieux. Il ne savait jamais comment s'y prendre avec ses cadets ; Cadence lui avait donné le goût des enfants sages et d'une éducation sans remous.
Pour les deux autres clowns, l'histoire était un peu différente.

« Tu veux que j'aille les réveiller, papa ? »

La proposition, accompagnée d'un regard appuyé au pichet d'eau, arriva à point nommé. La trompette dans l'oreille avait toujours été sa punition à feignants favorite, mais le verre d'eau donnait à la situation un petit côté rétro bienvenu. Il accorda à sa fille son auguste permission, le bras étendu tel un empereur romain sur son char de triomphe.

« Va, et n'oublie pas de leur dire que tu les noies avec ma bénédiction.

-Je n'y manquerai pas. »

Tout en souplesse, Cadence partit vers la caravane qu'elle partageait avec sa famille, la carafe dans les bras.
De son côté, Phyllis s'était écrasée sur la nappe en papier, la joue piquetées d'éclats de croissants. Tout le monde discutait, tout le monde était heureux, et personne ne faisait attention à ses problèmes existentiels ; c'était un comble d'avoir une cinquantaine de personnes à table, et personne pour voir à quel point elle allait mal. Quand sa tante Honey lui adressa un sourire, elle crut enfin avoir trouvé une oreille attentive à ses déboires de petite fille de sept ans.
C'était sans compter les hurlements de ses cousins, lâchement réveillés par un pack d'eau minérale.

« Elle y est peut-être allée un peu fort... », commenta la mère poule, qu'une négation hilare de son mari fit taire.

Cadence revint en courant, ses frères sur ses talons. Elle plongea sous les bancs et Cheyenne retint ses fils d'un bras musclé par des années d'entraînement. Colin et Christian, trempés, s'y cognèrent pour lui faire la moue – sans succès.

« Vous croyez allez où, comme ça ?

-La plonger dans la piscine.

-Comment t'as pu l'autoriser à faire çaaaaa...

-Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, et là il est très tard. »

Un bref coup d’œil à la table déjà dégarnie lui fit ajouter :

« Et la nourriture aussi, d'ailleurs. Dépêchez vous d'aller vous changer si vous ne voulez pas démarrer les répétitions à jeun. »

Les grognements des garçons contrastaient avec les hoquets de leur sœur aînée, toujours tapie sous la table. Complaisante, Dakota passait à Cadence quelques pains au chocolat pour qu'elle n'ait pas à pointer le bout de son chignon serré à l'extérieur.

A quatorze ans déjà, les jumeaux en faisaient douze et accentuaient l'effet de leur frêle carrure en se comportant comme des gamins de six. Leur père avait beaucoup de mal à trouver le juste milieu ou les arguments pour les faire taire, et Hannah n'arrangeait pas les choses en prenant systématiquement leur défense. Quand ses enfants se battaient entre eux, elle était tellement tiraillée, ne sachant quel parti prendre, qu'elle n'en prenait aucun et préférait laisser son mari gérer les choses. Lui ou ses beaux-frères, belles-sœurs et amis : le cirque ne manquait pas de poignes plus sévères que la sienne. « Même si c'est pas bien compliqué », ajoutait souvent Cheyenne pour se moquer gentiment d'elle.

Phyllis regarda ses cousins partir en enchaînant les pirouettes et gestes comiques que leurs numéros leur imposaient. Une jalousie la prit au ventre et elle claqua ses paumes contre la table. Curieusement, tous les regards se tournèrent vers elle, même celui de Cadence, qui venait de se cogner le crâne en sortant de sa cachette.
S'il suffisait de frapper un morceau de bois pour se faire entendre...

« Moi aussi je veux me produire sur scène. »

La déclaration eut le mérite de faire se hausser pas mal de sourcils, mais guère plus. Cheyenne recommençait déjà à rire et Joshua prenait son air de père responsable, histoire d'éviter une crise de nerf en tout début de journée.

« Plus tard, Phyllis. Tu es encore trop petite, pour l'instant. »

Cette rengaine, on la lui servait à toutes les sauces, et elle en avait plus que marre de devoir manger de ce pain là. Sa déception, évidente, n'émut personne. Chacun était logé à la même enseigne et la patience était de rigueur. De surcroît, Phyllis semblait bien partie pour marcher dans les traces de son père, et ses mouvements vifs, sa prise naturelle et son travail acharné la porteraient sur scène à l'heure voulue. Pas avant, pas après.

La machine que toute la troupe mettait en branle chaque matin, nomade, était immense ; sans une bonne entente et une coordination parfaite, elle n'aurait jamais pu fonctionner. Ça, la joue à nouveau contre l'assiette, grommelant à souhait, Phyllis le savait très bien. Elle en avait simplement marre de devoir rester à terre quand tous les autres brillaient sous les applaudissements. Elle en avait marre de rester aussi petite, de ne pas grandir assez vite – rien n'allait jamais assez vite au goût de Phyllis, il lui fallait tout sur le champ.
Et ce qu'elle désirait plus que tout, c'était le rouge aux joues et des paillettes multicolores plein les cheveux.

« Qui a mangé tout le beurre ?!

-C'est Aureeeeeel !

-Hein ?! Non, je l'ai passé à Sylvia !

-Menteur, je t'ai vu ! »

Ils se coupaient tous la parole, c'était insupportable. Aurel, Sylvia, Mai, ses tantes, ses oncles, ses cousins, une ribambelle d'amis à n'en plus finir. Phyllis ferma les yeux, capable de distinguer la moindre intonation et le moindre rire. Elle avait grandi avec eux.
Et c'était bien la seule raison pour laquelle elle leur pardonnait leur manque de délicatesse, tiens.

Elle se jugea la plus généreuse des fillettes au monde et reprit un croissant.



▬ Juillet 2015, Kansas, États-Unis.

Dakota serrait la main de Phyllis, les semelles de ses chaussures claquant à sa suite ; son aînée la traînait presque derrière elle tandis qu'elle montait les marches menant au terrain de jeu à toute vitesse. Parfois, le bout de sa queue de cheval venait lui chatouiller le nez, et Dakota remarquait à nouveau les dix centimètres qui les séparaient.

Phyllis était tellement grande et tellement décidée. Sans elle, personne n'aurait mis un pied sur le caoutchouc mou du terrain, personne n'aurait été apostropher le groupe d'enfants qui jouait près des balançoires.
Timide, cachée derrière sa sœur, elle lança à peine un regard au petit garçon qui s'approchait dans ses baskets blanches.

« Eh, salut ! On vous a jamais vu dans le coin, vous êtes nouvelles ? »

Trois filles suivirent le mouvement ; une petite asiatique, une blonde un peu forte et une brune avec un appareil dentaire. Celle-ci adressa un sourire à Dakota, qui le lui rendit à peine, tendue comme un élastique sur le point de claquer.
Facile de dire affirme-toi quand...

« Salut ! S'exclama Phyllis comme elle aurait débuté une chanson, on est pas exactement nouvelles, mais on vient juste d'arriver, donc on connaît personne.

-Vous avez déménagé ?

-Nan, mais mon oncle dirige le cirque qui vient de s'installer ! Je m'appelle Phyllis Tumicelli, et elle c'est ma petite sœur, Dakota. »

Le désavantage d'un premier contact, c'était la surprise qui suivait automatiquement ; concentrée sur le chewing-gum que le garçon avait fait tomber en ouvrant grand la bouche, Dakota hurla presque quand les quatre enfants supprimèrent toute forme de distance entre eux. Tandis qu'elle essayait de se persuader qu'elle n'allait ni mourir, ni étouffer, Phyllis répondait avec enthousiasme à toutes les questions dont on l'assommait. Cheyenne ne plaisantait pas quand il la surnommait « Human Propaganda » : Phyllis était un panneau publicitaire à elle toute seule – et ses vêtements quasi fluos ne risquaient pas de la vêtir de discrétion, comme aurait dit leur mère avec un scepticisme évident.

« Et vous faites quoi ? Y'a des lions, y'a des tigres ?

-Est-ce que c'est vrai que les clowns c'est des monstres, en vrai ?

-Tu fais des numéros, toi aussi ? Il est où le cirque, quand vous commencez à donner des spectacles ? »

Autre chose de pratique : Phyllis avait aussi l'air d'avoir avalé le programme de la semaine, et tant mieux. Je suis même pas fichue de me souvenir de la date d'ouverture, constata la plus jeune avec un discret soupir.
Pas glorieux.

« On commencera vendredi soir, il y aura même un spectacle spécial pour l'ouverture ! Moi je fais rien pour l'instant parce que je suis trop petite, mais mon père est trapéziste. »

Souvent, Dakota se demandait ce que ça pouvait bien représenter pour sa grande sœur, toutes ces exclamations admiratives. Elle n'avait qu'une seule envie, c'était retourner aider sa mère à coudre tous les nouveaux costumes de la troupe. Et elle aurait fait demi-tour, si Phyllis ne lui avait pas tenu la main aussi fort.

« C'est loin vendredi ! C'est trop cooool que vous passiez par ici, j'ai trop hâte !

-Hmmm... »

Munie d'une moue pensive, Phyllis  plaqua un doigt sur la poitrine de son interlocuteur. Puis, au bout de sa réflexion, elle lâcha :

« Vous pouvez venir visiter avant, si vos parents sont d'accord ! On a  pas tout installé mais je pourrai vous montrer les fauves. »

Dakota eut une pensée émue pour Archibald et Anastasia avant de perdre la moitié de son audition dans un cri d'euphorie. Ce qu'elles étaient en train de faire, c'était à demi de la publicité pour leur cirque, et à demi du loisir : difficile de se faire des amis pour la vie quand on habitait dans un cirque itinérant, mais ça ne les avait jamais dérangées. Quelques contacts de-ci de-là, de nouvelles têtes à chaque arrêt, et leur vie suivait un cours tranquille qu'elles pouvaient jurer à peine différent de celui des autres.

Sans doute qu'elles ne reverraient plus ces quatre là, mais quelle importance ?

« On essayera de venir demain, si ça vous dérange pas trop ! Vous avez le temps de rester jouer un peu ou vous devez repartir ? »

Assise entre Alison et Judith, Dakota regardait les trois plus grands sauter sur l'asphalte et enchaîner les tires francs. Le ballon rebondissait parfois jusqu'à elles, et elles le leur renvoyaient en riant. Les dents de Phyllis étincelaient dès qu'elle riait ou poussait un cri victorieux.

Ça ne veut pas dire que se faire des amis est interdit.



« Tadaaaaam ! »

Les enfants poussèrent un « ooooh » d'envie et d'admiration. Phyllis tournoya un instant sur la pointe de ses pieds chaussés de ballerines brillantes, afin que tout le monde puisse admirer le nouveau justaucorps que sa mère lui avait offert. Mal à l'aise dans le sien, Dakota ne répondit pas aux compliments et préféra devancer Phyllis en s'éclipsant vers les cages. Quelques secondes plus tard, son aînée les invitait à la suivre.

« Vous venez ? C'est par là ! »

Elle entendait sa sœur claquer des mains à chaque hurlement et débiter toutes les anecdotes concernant les fauves qui lui revenaient en mémoire. Et ça, qu'est-ce qu'elle pouvait être bonne, sa mémoire !

Une bulle éclata près du nez de Dakota. Elle se retourna à temps pour voir Tiffany partir en riant, un flacon d'eau savonneuse à la main.
Le reste de la journée se perdit entre batailles d'eau et imitations de Dumbo, le doyen des trois éléphants du cirque.



« Mon papa, il est trapéziste. »

Chaque fois que Phyllis le disait, l'admiration des uns et des autres allumait des feux de plaisir dans ses yeux et ses joues. C'était encore mieux que dire « mon papa est ministre », ou même « mon papa est président des États-Unis » : parce que monsieur le président ne pouvait pas marcher en funambule sur le toit de la Maison Blanche, ni exécuter des figures à six mètres du sol. Son papa, lui, il pouvait faire tout ça, et tellement plus encore.

Phyllis était fière, elle voulait lui ressembler.
Elle aurait fait n'importe quoi pour être aussi exceptionnelle.

Mon papa...



...



» Toi le geek.



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