Le temps en cette journée de début de printemps était tellement beau lorsque le soleil s'était enfin levé que Fraus avait laissé au placard armes, armure, pièges et vêtements chauds pour ne prendre que sa canne à pêche et un panier à poissons : il aurait été presque criminel pour l'Argentin de ne pas profiter du soleil qui brillait sur Holy Sword pour aller pêcher, surtout que l’île où il avait élu domicile était dotée de nombreuses rivières et lacs d’une pureté difficilement égalable dans le monde réel. C’était un de ces cours d’eau qu’il avait choisi comme destination, un peu en amont du lac. L’endroit était assez isolé pour qu’il n’y soit pas dérangé, et la combinaison d’une faible profondeur et d’un courant lent en faisaient l’endroit idéal pour piquer une tête si l’envie de se rafraîchir lui prenait.

C’était presque étrange de ne pas sentir le poids de tout le bazar qu’il emmenait d’habitude avec lui : vu le temps, il ne s’était vêtu que d’un pantalon et d’une chemise toute simple, et n’avait emporté que de quoi déjeuner en plus de ses affaires de pêche. Il marcha donc un peu plus vite que normalement, d’abord à travers bois, puis le long de la berge ensoleillée, cherchant l’endroit parfait pour s’installer.

Après une dizaine de minutes de cheminement silencieux, il aperçut au loin un arbre mort qui avait glissé sur la pente douce de la berge, se transformant en siège parfait pour un pêcheur. Excellent. Il s’approcha du tronc pour y poser ses affaires, mais un amoncellement de blanc de l’autre côté de l’arbre attira son attention. Est-ce qu’il serait tombé sur la demeure d’un oiseau ? Intrigué, il se pencha pour jeter un coup d’œil (avec prudence toutefois : il avait appris assez brutalement que les cygnes étaient extrêmement protecteurs de leurs nids) et en laissa tomber son panier de surprise : un jeune homme était allongé face contre terre, le bas du corps submergé dans l’eau et les mains agrippant des touffes d’herbe. Complètement caché par le tronc et la végétation poussant sur la rive, il était invisible à quiconque ne s’approchait pas assez près.

Sans se poser de question, Fraus jeta ses affaires à ses pieds et s’agenouilla à côté de l’homme inconscient (du moins il l’espérait), et le retourna sur le dos, le secouant légèrement.

« Hé ! Réveille-toi ! Est-ce que ça va ? » demanda-t-il. C’était une question bien stupide, mais la seule qui lui venait à l’esprit