✗ On a tous un passé :
Vingt trois heures, c’est le temps qu’il c’est écoulé depuis que j’ai reçu cet étrange SMS.

« Toi, oui toi : toutes mes félicitations ! Hedger Impact t'a choisi pour participer au jeu le plus révolutionnaire de notre siècle.
As-tu déjà rêvé de liberté ? Vivre sans l'angoisse de ton train-train quotidien ? Cette vie est possible, elle est à portée de tes doigts : les portes d'Euphemia te sont ouvertes. Un monde qui dépasse toutes tes espérances, loin de la raison, bien au delà de ton imagination. Dans ces terres virtuelles raisonne l'essence de ta liberté, Mr Panda.
Bien sûr, ce choix ne sera pas sans conséquences. Il te faudra laisser derrière toi tout ce que tu as connu jusqu'à présent. Oseras-tu commencer la partie ?

1- OUI / 2-NON

Tu as 24 heures pour nous adresser ta réponse. »

Le moins que l’ont puisse dire, c’est que j’aurais bien prit mon temps pour réfléchir. Il ne me reste qu’une heure, j’ai déjà fais mon choix, d’ailleurs il ne me reste qu’à appuyer sur le bouton d’envoi pour leur transmettre ma réponse, mais avant j’aimerais vous parler, vous raconter qui je suis, du moins qui j’étais ! Comme ça quelque soit les conséquences de ma réponse, je laisserais au moins un témoin de mon existence derrière moi. Il y aura au moins une personne pour dire « Je connaissais Mr Panda ! », c’est marrant mon orgueil m’interdit de simplement disparaitre, mais en même temps, si je n’étais pas aussi plein d’alcool, je ne me confierais pas ainsi.

Hier j’ai fêté mes 25 ans, c’est à ce moment là que j’ai reçu le message, le jour de mon prétendu anniversaire, comme si la vie voulait me faire un cadeau. Pour la première fois de mon existence j’ai été emprunt de nostalgie, je pense plus exactement que le vide actuel de ma vie m’a poussé à repenser à cette période ou j’arrivais à remplir mes journées avec des cailloux.  Mon premier souvenir clair remonte à mes quatre ans, avant ça j’ai bien quelques bribes de souvenirs, mais rien d’assez précis pour que ça ne vaille la peine d’être raconté. Le jour de mon premier souvenir j’étais comme d’habitude à genoux dans la cour de l’orphelinat, tout autour de moi était gris, des pavés sur lesquels je jouais au ciel qui me surplombait, tout ça en passant bien évidement par les murs de l’orphelinat. A cette époque je m’appelais encore Norah, et je ne possédais alors rien d’autre que mon prénom. Je n’avais pas de famille, pas de nom, pas de maison ou rentrer le soir. L’orphelinat m’éduquait, j’y avais un lit dans l’un des dortoirs pour garçons, juste assez de vêtements pour en avoir un propre sur le dos le temps de laver l’autre et on me donnait deux repas par jour, un le midi et un le soir.
Ma vie d’alors était monstrueusement vide et si je conserve le souvenir de cette journée de mes quatre ans c’est parce qu’en ce jour pour la première fois je décidais de combler ce vide. J’avais remarqué depuis longtemps le gris omniprésent de ma vie et les couleurs qui en différaient me fascinaient. Je me souviens que mon institutrice d’alors avait de magnifiques yeux verts et j’aurais tout donné pour les posséder ! Si j’avais était un petit peu plus vieux j’aurais sans doute pensé à essayer de l’énucléer, mais ma stupide innocence de cette époque me priva de toute bonnes idées, je me contentais de passer des heures à fixer ces magnifiques perles blanche et verte. Et pour mettre un peu de couleur dans ma vie je me mis à collectionner les cailloux. Pas ces cailloux gris, moche, que je pouvais trouver partout autour de moi ! Mais ces cailloux, plus rares, plus petits, mieux cachés aux yeux du monde, ces cailloux orange, blanc, rouge,... Ils étaient mes précieux trésors, ils remplissaient alors mon vide, même si celui ci était si grand que ces minuscule gravillon ne suffisaient à le contenter, j’avais l’espoir qu’ils m’aideraient à me sentir mieux. Bref... J’avais quatre ans.
Je vécu a l’orphelinat jusqu’a mes treize ans, à ce moment là de ma vie je n’étais toujours qu’un vide auquel on avait donné un corps. J’avais multiplié les collections, à dire vrai je collectionnais un petit peu de tout, les cailloux avaient été une passade, une fois que je m’étais rendu compte qu’ils étaient toujours tous les mêmes j’en avais eu marre et les avait laissé tomber. Je m’étais tourné alors vers d’autres choses, je lisais énormément de livre et me mis à collectionner les connaissances, devenant un vrai puis a science inutiles, je faisais de la boulimie intellectuel, et ce jusqu’a m’en rendre malade, jusqu’a me donner des maux de têtes comme jamais je n’en avais eu jusqu’alors. Mais les connaissances à elles seules ne suffisaient à remplir le vide qui se faisait de plus en plus pressant dans ma vie. J’avais besoin de plus de chose ! L’avantage des connaissances c’est que je n’avais pas besoin d’argent pour les collectionner, et l’orphelinat étant pauvre je ne pouvais rien m’offrir de très couteux. Alors je collectionnais ce qui me passait sous la main, aux débuts ce fut les bleus et les éraflures, souvenirs des bagarres avec les autres enfants de mon âge. Puis très vite je me mis à collectionner les dents de ces mêmes petits camarades, lorsque l’on se battait je prenais vite le dessus quelque soit le nombre de mes adversaires et une fois vaincu et mis a terre, je cognais leur mâchoire jusqu’a ce qu’une dent s’en détache. Je dois encore avoir la boite avec mes trophées dans un tiroir.
Je pourrais encore vous parler de ma lubies des collections débiles pendant de nombreuses pages, mais passons, à mes treize ans se passa l’un des évènements majeurs de ma vie. Mon monde déjà très fragile s’écroula entièrement, comme un château de carte sur lequel on vient de souffler. L’orphelinat ou j’avais grandit depuis mon enfance ferma ses portes pour manque de moyen. Du jour au lendemain moi, un jeune adolescent me suis retrouvé dans le pire endroit qui soit pour grandir, la rue. Bizarrement, même si dans les premiers temps j’ai dormis dans des poubelles, sous des cartons, dans la misère la plus totale, c’est le premier endroit ou je me sentis réellement libre et chez moi. J’eu même la chance de trouver dans mes premiers jours d’errance une batte de base-ball presque neuve dans un local de sport. Je me mis d’ailleurs à collectionner un peu tout les objets que je pouvais voler ! Ouais, encore une collection débile je sais.
J’étais un petit garçon débrouillard, du coup je réussis à survivre deux années dans la rue sans l’aide de personne... C’est là que je fus repéré par un membre de la mafia russe. Oui je sais, ça fait clicher vous ne trouvez pas ? Le pauvre petit garçon perdu qui devient un larbin de la mafia russe pour essayer de s’en sortir... Mais des fois ça marche ! Je ne vous parlerais pas de ce que j’ai fais pendant les premières années, premièrement parce que j’ai du utiliser mon corps d’une façon qu’un adolescent ne devrait jamais faire. Mais surtout parce qu’avec l’alcool et la drogue je ne suis pas sûr de me souvenir de toute cette période avec précision... En tout cas je m’en suis bien sortit ! Puisqu’a vingt ans, on me plaça comme gérant d’un des clubs de strip-tease de Varsovie, un nouveau monde, une nouvelle vie. J’avais tout les prérequis pour ça, têtu, intelligent, violent, je réglais les problèmes de club par moi même et rarement en faisant dans la dentelle. Jamais un jeune chien fou n’avait autant fait trembler les bas fonds de Varsovie. D’ailleurs ce jour là j’abandonnais le nom que j’avais pris dans la rue, Norah Sierota, pour un pseudo plus... Original, Mr Panda, que m’avait gentiment soufflé un de mes nouveaux amis.
Enfin je n’ai pas trop le droit de parler de ma vie actuelle je crois... Fin disons que je n’ai pas trop envie de me faire buter pour une connerie de ce genre. Si vous voulez savoir j’ai continuais à collectionner les trucs inutiles, genre les femmes, les battes de base-ball –oui une nouvelle passion...
Ho je dois envoyer le message tout de suite il ne me reste que quelques minutes ! J’espère qu’on se reverra ! Sinon c’est qu’il m’est arrivé... Quelques malheurs... Bah espérons que ce ne soit pas le cas j’aime bien mon vide au final ! Je trouve de quoi m’amuser par moment !
✗ Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :
Ça n’aurait du être qu’une première connexion, toute simple, le temps de jouer quelques heures avant de se mettre au boulot. Mais tout ne s’était pas passé comme prévu, Mr Panda avait flâné aux alentours de son point d’arrivée découvrant avec plaisir le réalisme des graphismes et des sensations de ce jeu nouveau avant d’essayer de se déconnecter pour rejoindre le monde réel.
Et là ce fut le drame, pas de bouton déconnexion, aucun retour possible. Il se retrouvait à présent complètement piégé dans ce nouveau monde. Un simple soupir, une main passée dans les cheveux et au final un monde en valant bien un autre Mr Panda était retourné vers l’emplacement appelé « La Mairie ».
De là bas il fut redirigé sur Crimson District ou après quelques temps difficiles il réussit à ouvrir le Golden Theater un club de Strip-tease miteux et louche.