Je tenais fermement sa main avec ma main gauche et je la lâchais subitement en lui donnant de l’élan. Et elle tournait, elle tournait comme ces jolies petites figurines de ballerine. Et encore comme ces demoiselles de porcelaine, elle n’avait d’emprise sur aucun de ces mouvements. Une danse macabre dans les entrailles d’une église dont les os étaient fracassés. Une danse vicieuse que personne ne voudrait subir. Comment en étais-je venu à danser avec elle dans ces ruines ?



La nuit était plutôt froide pour une journée d’été. La pluie, battante aux rythmes des tambours, avait sûrement permis une température aussi peu propice à cette sortie nocturne. Des petits nuages denses cachaient la lune par parcelles donnant, ainsi, une atmosphère plus lugubre à l’église déjà bien abimée. Les étoiles, quant à elles, semblaient faire une danse folle, si folle que même Lewis Caroll en aurait perdu la tête. J’avais passé les encombres des ronces sans trop de difficultés, il faut dire qu’avec des capacités pareilles, ce n’est pas un banal mur de ronces mouvants et doté d’humeur qui m’aurait stoppé. L’église était aussi terrifiante que ce dont à quoi je m’attendais, j’en avais beaucoup entendu parler dans les bars, vous savez comment les rumeurs vont bon train dans ces lieux malfamés. Et depuis les quelques jours où j’étais là, et ceci à plusieurs reprises, j’avais entendu parler d’un lieu sinistre et effroyable qui aurait repoussé les pires démons des enfers. Tout ceci était purement véridique. J’en eu l’échine frissonnante juste en regardant les quelques statues d’anges qui paraissaient se déplacer quand on ne les fixaient pas. J’eus bien mis quelques secondes avant de décider de m’introduire dans la bâtisse … Et encore, mes pas furent ralentis par un doute constant assimilable à un sentiment d’insécurité.



Une fois à l’intérieur, tout paraissait plus simple, en fait, « l’esprit » du bâtiment vous enveloppait dans sa terrifiante essence et vous ne ressentiez plus que puissance à être parvenu à un point si avancé dans l’eglise. Malgré quelques trous au plafond révélant les astres des cieux, on pouvait bien deviner que la construction de la voute était gothique, parfaitement adapté aux idées de grandeur que l’on pouvait se faire d’un lieu pareil. La simple vision de cet endroit vous procurait un effroi à peine perceptible dans l’air ; Sûrement que l’arôme des roses poussant sur ces ronces couvrait la putréfaction de la Terreur, morte en décomposition ici depuis bien trop longtemps déjà.


« Superbe ! » Dis-je à voix basse.


On observait à présent la beauté des lieux. Toucher un mur vous gelait de peur, sentir un tissu vous pétrifiait sur place, regarder ces vitraux vous terrifiait non sans raison et entendre le moindre petit bruit autre que celui du vent vous indiquait que vous puissiez être en train de vivre vos derniers instants. Je caressais chaque porte, mes yeux se posaient sur chaque objet que j’étudiais scrupuleusement. Un lieu pareil pour un psychopathe comme moi, c’est comme offrir à un soldat une centaine de combattants ennemis : C’est jouissif !


Mais bientôt, l’ambiance se fit différente, mes pas se changèrent en trace de fumée pour se faire plus discret. Était-ce quelqu’un qui approchait ? Deux personnes attirés par la même église durant la même nuit ? Était-ce mon anniversaire ? Aurais-je le droit d’ouvrir mon cadeau … littéralement ?