• On a tous un passé :
« Si tu n’écoutes pas, tu ne pourras pas prendre ma place. »
J’avais entendu cette phrase toute mon enfance. A croire que mon père ne savait dire que cela. J’étais son premier et dernier fils, ma mère ne pouvant avoir d’autres enfants. Mais je n’avais jamais eu envie tout de même de me concentrer sur ces stupides documents. Moi, je voulais sortir dehors, apprendre à faire du vélo, me battre avec des gens de mon âge, rire de plaisanterie et me faire des amis. Sauf que mon père n’était pas du même avis et m’interdisait le plus de contact avec le monde extérieur à l’exception de sortie dans le cadre du travail. C’était stupide. C’était inhumain. Chaque jour, je passais mon temps collé contre la fenêtre, à regarder le seul ami que mon père me permettait de voir car il disait que sa famille était liée à la mienne. Il se nommait Lloyd et toute la journée, je tentais de le voir s’amuser. Bien sûr, je m’échappais souvent pour aller le retrouver. Mon père d’ailleurs n’aimait pas ça mais avait appris à me laisser le voir sans intervenir une heure ou deux. J’étais heureux, car je pouvais m’amuser un peu avec lui. Je l’aimais beaucoup. Enfant, je ne l’ai jamais considéré comme un petit frère. Dès enfant, je savais que je l’aimais. Je voulais l’épouser. J’en avais déjà parlé à mon père mais il m’avait puni. Il m’avait même empêché de jouer avec lui. C’est d’ailleurs pendant ma punition que l’accident est arrivé. J’ai alors haït mon père. Si j’avais été là, Lloyd n’aurait pas perdu sa joie de vivre, il continuerait à rire aux éclats, à me prendre dans ses bras. Ce fauteuil roulant, il le fut comme sa mort. Mais moi je l’aimais toujours. Je restais longtemps avec lui, répondant à mon père, m’opposant à lui de plus en plus et de plus en plus violemment. Il m’empêchait de profiter de Lloyd. Et puis, j’avais peur maintenant de le laisser seul. Outre le fait qu’il pourrait encore avoir un accident, il y avait ses tentatives de suicide. C’est pour lui que je me suis créé cette carapace enfantine, pour le faire rire à nouveau, pour qu’il ne m’abandonne pas. Mais il avait toujours envie d’en finir, de partir. Alors je me suis fait la promesse ; tant que je serais à ses côtés, je lui réapprendrais à vivre, à aimer, à m’aimer.
• Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :
Lloyd m’a parlé de ce jeu plusieurs fois, il avait les yeux qui brillaient lorsqu’il en parlait, comme pleins d’espoir. Je ne savais rien de ce qu’était cette chose. C’était étrange et puis, ça pouvait être dangereux ? Mais Lloyd m’a confirmé que c’était le paradis, l’évasion rêvée. Moi qui étais bloqué dans ce chemin tracé avant ma naissance, contre mon choix, j’ai pu voir dans Euphemia une alternative pour échapper à ce chemin. Et puis, je devais surveiller Lloyd, le protéger. J’en avais fait la promesse. C’est pour ces deux raisons que j’ai accepté d’y aller. J’ai eu du mal à me familiariser à l’environnement, j’étais en même temps peu habitué aux jeux. Mon premier paysage lorsque j’ai ouvert les yeux dans cette autre réalité était magnifique, comme paradisiaque. J’ai alors souris grandement. Oh, c’était si beau que ça ? Et puis, dès que j’en ai eu la possibilité, j’ai cherché Lloyd. Ici, je pouvais l’épouser, je pouvais l’aimer librement.