Je t'écoute me raconter tes bêtises avec un air las, me raconter comment ton éducation refuse de me laisser te mater. Tu es comme une enfant trop sage, tu écoutes et tu obéis sans réfléchir. Je refuse de te laisser à leur merci. Tu es à moi maintenant, tu vas devoir m'écouter et m'obéir sans résister.
Je vais te montrer comment vivre.

Tu me décris ton don, me montre tes ailes avec un bonheur non dissimulé. Tu t'es levée sans te soucier de ton éducation et me fais un bien beau sourire. Tu dois vraiment les aimer, tes ailes. Je vais te surnommer Golondrina. Je refuse de m'attarder sur ta mention à dieu et me concentre sur ton dos mais aussi sur ton derrière d'hirondelle avec un sourire satisfait.

« Joli ! »

Tu reviens te recroqueviller face à moi, lasse de me tourner le dos. Tu es bien curieuse, Golondrina. J'ai envie de te montrer mon don mais si les abeilles te donnent envie de fuir, vas-tu t'envoler loin de moi ?

« Je suis une ruche humaine, mes abeilles veillent sur moi. »

Je tends le dos de ma main vers toi, pour te montrer cette petite paire d'ailes qui vient d'y apparaître et commence à s'agiter ; pour te montrer cette abeille sortir de sous ma peau et se mettre à danser de mécontentement à cause de l'ambiance source chaude. Je lève ma main vers le ciel et laisse l'abeille s'envoler en bourdonnant son mécontentement, à la recherche d'un nouvel endroit où s'installer.

« J'en ai des tas à l'intérieur. »

Tu es satisfaite, Golondrina ? J'aime mon don. Je ne connais rien aux abeilles ni aux frelons et autres guêpes mais je vais souvent écumer la bibliothèque à la recherche de nouvelles informations. Je veux en savoir un maximum sur elles maintenant.

Je laisse le silence s'installer sur la source, te fixe un moment en laissant la chaleur me faire du bien. J'ai envie de te voir accrochée à mon bras, de t'entendre murmurer mon nom. Tu le fera un jour mais il me faut revoir toute ton éducation. J'ai bien une idée sur la méthode à utiliser. Je brise enfin le silence et m'exécute.

« Tu ne t'es jamais demandée s'ils avaient tort ? Sur la nudité et le reste. »

Je vais semer le doute dans ta tête. Tu es si faible et me semble si naïve, ce devrait être assez facile. Je me redresse et m'incline allègrement vers toi, nos visages sont désormais très proches l'un de l'autre. Je veux te déstabiliser au maximum.

« Pauvre Ange. Tu as l'air tellement mal à l'aise, tellement malheureuse. »

Je te fixe tristement, caresse délicatement ta douce joue. Je n'invente rien, tu l'es vraiment. Ton éducation a transformé une situation naturelle en vrai calvaire.

« Je suis nue moi aussi et je vais très bien ! »

Je vais bien et tu vas mal, tu te caches et moi non. Je suis nue, nous le somme toutes les deux et aucun malheur n'est arrivé. Je veux te faire réaliser que se dévoiler ainsi à moi ne fait pas de toi une fille mal élevée, c'est même très apprécié.

« Tu crois vraiment que c'est mal ? »

Je te fixe avec insistance. Je veux une réponse, Golondrina. Je veux te faire réaliser tes erreurs, te donner envie de devenir comme moi et te faire découvrir une nouvelle manière de vivre. Je veux te faire renier ton éducation, te faire admettre que notre situation n'a rien de si terrible, bien au contraire.

Deviens ma chose, Golondrina.

Je le vois bien, Golondrina, que mon don te rebute. Tu es tout de même restée avec moi au lieu de t'envoler au loin. Tu baisses la tête, murmures la nature de ton dégoût mais au final, tu es toujours à mes côtés. Je te souris, essaie même de te rassurer. Tu as de la chance d'être aussi mignonne, aussi spéciale ; que j'aie décidé de bien t'aimer. Je n'en aurais rien eu à faire de tes sentiments, sinon.

« Ça chatouille un peu, c'est tout. »

Je ne ressens aucune douleur lors de leur venue au monde, aucune sensation bizarre ou déplaisante, juste un léger chatouillement ; rien de si terrible au fond. Je ne ressens rien tout court en dehors de leur naissance, aucune différence entre ici et la réalité ; ce n'est de toute façon pas comme si mes filles grouillaient activement à l'intérieur de mon corps, fort heureusement.

« Je n'utiliserai plus mon don devant toi, promis. »



Je te caresse donc la joue avec délicatesse, te fais mon numéro et, comme prévu, tu te mets à douter, tu commences à réaliser. Je ne sais rien sur toi, Golondrina, ni sur ta vie d'avant, mais tes larmes te trahissent. Je refuse de te laisser mettre de la distance entre nous, refuse de te laisser fuir loin de la cruelle réalité.

« Tu es malheureuse, Ange. »

Je ne sais rien du tout, c'est vrai, mais certaines choses se devinent, comme le fait d'avoir été couvée, étouffée toute ta vie. Pauvre chose, tu as naïvement cru que ce monde t'avais libérée mais au final, ton éducation est ton univers et si tu t'éloignes du « droit chemin » d'une manière ou d'une autre, tu te referme sur toi-même. Tes chaines sont ces idées, ces règles inutiles que tu as suivies jusqu'ici et tu es bien trop faible pour les briser seule. Tu as besoin de moi, Golondrina.
Je t'embrasse affectueusement sur le front.

« Je suis là maintenant, tout va bien. »

Je décide finalement de briser toute forme de distance entre nous et mes bras viennent t'enserrer, te coller tout contre moi. Tu te sens mieux, maintenant ? J'ai des idées, innocentes et moins innocentes. Je te voulais dans mes bras, c'est chose faite. Je te veux dans mon lit, c'est un aveu. Je veux te tenir la main dans la rue, flirter avec toi comme avec mes meilleures amies, mon meilleur jouet ; mais toutes ces choses doivent être faites avec le sourire, ton sourire. J'ai soumis d'autres filles avant toi, ai apprécié en malmener certaines, souvent de sales pestes, mais j'en ai aimé d'autres ; et toi tu fais partie de ces dernières, que je préfère souriantes et heureuses.
Tu es déjà prise au piège dans mes bras alors sèche tes larmes.
Je vais te montrer la voie vers le bonheur.

« Si tu veux, je peux te faire découvrir une nouvelle manière de vivre. »

Tu es enfin à moi, Golondrina, définitivement à moi.
Pas de retour en arrière possible.

Je te sens tendue, Golondrina. Tu es mal à l'aise avec moi, mal à l'aise dans mes bras. Je continue tout de même de te serrer tout contre moi et tu te laisse faire docilement, va même jusqu'à me remercier. J'en suis très heureuse mais tes doutes viennent gâcher ce moment d'émotion très intime vu nos tenues actuelles. Tu trouves même le courage de me repousser, de ramener ta divinité dans la conversation et, pire encore, de me demander si ma manière de vie est en accord avec les enseignements de cette dernière. J'allais te montrer la voie, Golondrina, tu allais enfin t'ouvrir au monde et t'amuser mais tu décides de faire marche arrière.

Je me rassied dans l'eau et t'observe sortir de la source avec attention, admire ton exhibition sans aucune discrétion. J'en souris même si, il faut l'avouer, je suis un peu contrariée. Je refuse de te laisser t'envoler, Golondrina, tu es à moi maintenant.

« Tu sais, tu seras malheureuse toute ta vie si tu continues. »

J'en suis convaincue, sincèrement, c'est pourquoi je vais faire ce que je sais faire de mieux avec toi : te faire douter, douter de ton dieu.

« Tu as voué toute ta vie à ton dieu mais lui n'a jamais rien fait pour toi. »

Ton dieu n'a jamais rien fait toi, non, tu ne serais certainement pas aussi malheureuse sinon. Ton dieu n'a jamais aidé personne, comme tous les autres dieux. Je veux t'aider, moi, entre autres. Je veux te voir rire, te savoir à l'aise à mes côtés comme dans mes bras, même dans une situation comme celle-ci.  

« Je suis désolée, Ange, mais ton dieu ne t'a fait aucune promesse, cette histoire de paradis te viens de ta famille ; tout comme ces enseignements qui ne servent qu'à faire de toi une fille bien trop sage, qui t'empêchent d'être heureuse. »

C'est bien là le soucis, ma petite hirondelle, ils savaient bien qu'en t'élevant ainsi, il ne t'arriverais jamais rien de mal, il ne t'arriverais jamais rien tout court.

Je me décide à sortir de la source à mon tour, me retrouve face à toi en costume de naissance sans rien chercher à cacher, évidemment - à mon tour de t'offrir un show privé. Je tente de me débarrasser de l'eau, comme tu l'a fait avant moi, mais je n'ai aucune envie d'enfiler mes vêtements sans me laisser sécher un minimum. J'ai vraiment, vraiment froid, par contre, et je dois avoir l'air fine avec les bras croisés sous ma poitrine, genoux serrés, à trembler comme une feuille.

« Je l'avoue, je ne suis pas.. hum.. pure.. comme fille, mais tu sais, c'est tout sauf mal, je profite juste de ma vie, de la vie et de ses possibilités. »

Je commence à m'habituer à la température, assez pour que ma voix s'arrête enfin de trembler, même chose pour mon corps, et lui souris en lui tendant la main, invitation à tenter mon mode de vie et les plaisirs qu'il offre.

« Je ne te promets aucun paradis, moi, mais je te promets de te montrer comment vivre et t'amuser, parce qu'être heureuse est tout sauf un péché. »

Allez, Golondrina, prends ma main et reviens vers moi.