Qu'est-ce que c'est ? Un bal... ? De toute ma vie, je n'ai jamais entendu...Si, peut-être une ou deux fois à la télévision. Ça devait être une émission enfantine, ou quelque chose qui remonte à longtemps. Malgré tout, je sais toujours pas ce que c'est. Mais bon, pourquoi ne pas y aller ?

Bref, on demande une tenue de soirée. Je ne sais même pas si j'en ai une, mais je vais me fier à mon instinct. Je pris alors l'ensemble qui semblait être la chose demandée. Comment ça un costume noir et une chemise de la même couleur est une uniforme trop classique ? Y'a un foulard blanc quand même ! Enfin, je crois que c'en est un...Et puis, c'est dur pour moi de porter autre qu'un kimono. Bon d'accord pas tant que ça, mais quand même. Ensuite, il fallait un...Cadeau ? Je vois, c'est ça un bal. Je me faisais à peu près idée de ce que c'était, même si j'en avais pas la certitude. Pourquoi y aller maintenant ? C'est pas comme si j'avais quelque chose d'autre à faire après tout. Ça sera l'occasion de rouvrir un peu les contacts, même si j'en avais déjà peu auparavant.

20 heures, tour du ciel. Lothus. C'était le nom, de celle qui allait m'accompagner. J'avais eu droit à un descriptif rapide pour la localiser dans la masse de personnages qui étaient venus pour la même raison. Une robe blanche, des yeux verts à la limite du émeraude...Y'a trop de caractéristiques qui faisaient d'elle communes aux autres personnes. Bah oui, y'avait bien des gens en robe blanche...Comment faire pour la retrouver donc ? C'était déjà chiant. Ça avait même pas commencé que cela m'emmerdait déjà. Yare yare, c'est vraiment pas mon truc les fêtes.

Me retournant alors, je pus apercevoir quelqu'un qui était le portrait même de la description de ma cavalière. Trouvée ! C'était elle, sûrement. J'aurai au moins la chance de ne pas la chercher plus longtemps. Comment agir avec elle... ? Peut-être devais-je y aller plus délicatement que d'habitude... ? On est dans un bal après tout. Mhm...Allez ! Lui faisant un léger signe de la main, je m'approchai de Lothus pour y faire mes présentations en souriant.

« Bonsoir Lothus-san. Comme je m'étais imaginé, vous êtes vraiment ravissante ! »

Elle me regarde...Elle me regarde plus. Peut-être qu'elle est gênée ? C'est assez fréquent de voir des personnes assez timide essayer de retirer ce trait de caractère. J'ai bien fait de ne pas m'emporter pour agir d'une façon des plus étranges, surtout que ce n'est que la normalité pour moi, enfin presque. Sa voix se fit ensuite entendre. Charmante. Mais comme je le pensais, Lothus-san avait quand même un peu de mal.

Malgré tout, elle combattait et réussit même à m'offrir son cadeau. Des magnifiques roses...Cela faisait bien longtemps que j'en avais vu de si belles. Pour ma cavalière, c'était peut-être basique, mais pour moi, c'était plus que magique. D'une part, j'adore plus que tout la nature. D'autre part, personne n'avait pris la peine de m'offrir quelque chose. Bon, je sais que c'était pratiquement une contrainte d'apporter un présent lors d'un bal, enfin je crois. Bref, il était temps de donner le mien, mon cadeau. J'étais peut-être encore moins original qu'elle. Il s'agissait d'un pendentif en argent, que je trouvais juste magnifique.

« Elles sont splendides...Je n'en avais jamais vu de telles. C'est un des plus beaux cadeaux que je pouvais recevoir, sincèrement, merci. Et puis, j'ai aussi quelque chose pour toi. Mais, c'est peut-être un peu trop...Commun, désolé pour ça. »

Accompagnant mon sourire au don de la boîte du bijou, je n'avais même pas remarqué que l'ambiance m'avait changé de mon véritable aspect. Un changement...Parfois, ce n'est pas pour déplaire, même si ça fait drôle.

Elle...Pleure ? Heeeeeein !? J'ai déjà fait quelque chose de mal ? Je savais que j'étais nul, mais à ce point...Franchement...Hein ? Elle sourit ? ...Ah ! Je vois, elle est vraiment émue...D'une certaine façon, je suis assez gêné désormais. A vrai dire, je n'avais jamais reçu de cadeau, mais je n'avais pas pris la peine d'en offrir non plus. La voir dans cet état après que je lui ai offert ce bijou...Cela m'emplit d'un sentiment plutôt étrange.

Malgré tout, ce n'était pas non plus la fin de mes surprises. En me tenant par la main, Lothus-san me dirigea vers la piste de danse. Cela signifie que...Je devais danser ? Oï...Comment on fait ça ? Je savais qu'on allait imposer ce genre de chose à un moment, mais...Franchement...Est-ce que je devrais refuser maintenant ? Non, ça serait plutôt impoli...Mais ! ...Je n'ai pas le choix, je vais y aller en improvisant. La réelle expérience est le meilleur moyen d'apprendre hein...

Débutant alors la partie de danse, je n'arrêtais pas de rater mes mouvements, à un point où l'on ne pouvait plus remarquer que j'étais un pur novice en la matière. Voilà, c'est fait maintenant. J'ai complètement honte, tellement que j'en rougis. Mhm...Moi ? Avoir honte ? C'est une première...

« Dé...Désolé...C'est la première fois...Que je fais ce genre de chose... »

Pas de problème hein...Elle est gentille cette demoiselle. Elle ressemble légèrement à...Tss ! Je croyais avoir pu l'oublier. M'enfin...Penses au moment présent, Shaporo ! Tu n'es plus Kyril...Alors mon choix est de...J'en ai marre. Réfléchir est juste trop douloureux. Je vais vivre comme je le sens, pour l'instant du moins. Assez parler de ça, concentres-toi ! Lothus-san fait de son mieux pour répéter les pas de danses de façon plus lente...Mais je n'y arrive tout simplement pas. Je ne dois pas être fait pour ça...Avec mon dernier soupir, j'ai l'air misérable.

Il y a des fois où j'ai vraiment envie de remonter dans le temps, de faire les choses que je devais faire, de faire en sorte que je ne sois jamais comme cela. Certes, je n'aurai jamais atterri, mais...Bref. Ma cavalière avait d'elle-même vu que je n'étais pas très enchanté de mon désastre. Elle me proposa donc d'aller rejoindre la table du buffet, si je n'avais pas envie de continuer.

« Sincèrement...Désolé. Pas uniquement que pour la danse...Désolé du fait que tu sois tombé sur moi pour que je sois ton partenaire durant ce bal. Je n'aurais jamais dû venir...Je pensais que ça me rafraîchirais les idées mais...Désolé. Je ne suis assez bien pour quelqu'un comme toi. Mhm...Désolé de ramener mes sentiments ici ! »

D'un sourire premièrement triste, je concluais par un ton plus joyeux pour tenter d'extirper l'ambiance que je venais d'implanter. Je me dirigeais ensuite lentement vers le buffet avant de regarder Lothus-san d'un mouvement de tête qui partageai un vide sourire.

« Tu viens ? »

Vraiment gentille...Ou plutôt ses véritables sentiments ? Elle est heureuse d'avoir pu tomber sur quelqu'un comme moi, hein...Je me sens misérable maintenant. Yosh, ça me va. Juste pour aujourd'hui, je serai vraiment Shaporo. Après quelques secondes de soupirs, je regagnai mon entrain que j'avais peu de temps auparavant. En commençant par l'éclat de mon sourire, terminant par l'abandon temporel de mon passé, j'atteignis, avec Lothus-san, la table du buffet, ou presque.

Alors que je pensais que tout allait revenir pour le mieux, monsieur Le Perturbateur mental revint me voir. M'enfin, je n'étais pas le seul cette fois-ci, je crois. Le bouton de déconnexion ? A ce stade là ? J'ai la poisse c'est ça ? Que faire... ? J'avais beau ne pas vouloir y penser, l'ignorer totalement, mais c'était impossible. C'était peut-être l'occasion, l'unique, de sortir d'ici. A cause de cet événement inattendu, je ne pouvais que suer d'hésitation. Fermant les yeux quelques secondes...Les rouvrant, je n'aperçois que ce n'est pas une illusion. Je devais faire un choix, et ce, rapidement. Tournant mon regard vers ma cavalière, mon esprit continua de s'embrouiller.

Après un moment d'attente, j'appuyai...Je ne pars pas ? J'avais peut-être raté ce bouton, par stress ou un truc du genre. Je refis l'action une seconde fois, puis une troisième. Rien. Alors, tout ça n'était qu'une simple farce. Te fous pas de moi, oï. Un long soupir sortit à la suite de ma longue réflexion et mon intense souffrance morale. Une partie à l'intérieur de moi était soulagée, une autre vexée, et une dernière ne savait pas quoi penser de cela. Ce qu'en pensait mon cerveau, mes émotions ? J'avais besoin de temps, pour me calmer.

Ça y est. A la suite de cela, je remarque légèrement que mon comportement était un peu...Indélicat ? Ou plutôt...Bref, je savais que j'avais mal agi. Ma partenaire était toujours là, tant mieux. Je l'attrapais donc la main pour la faire revenir à la piste de danse.

« Voulez-vous m'accorder une danse, belle demoiselle ? Je ferai vraiment de mon mieux pour étoiler encore plus votre charmante joliesse, et surtout...Pour être un partenaire à la hauteur. »

En même temps que ces phrases, mon corps s'abaissa et mon bras droit me restait à la poitrine, tandis que celui opposé se tenait derrière, tout comme à la manière des nobles.

Elle rougit, encore une fois...Cette réaction revient pas mal de fois...C'est un mécanisme facile à activer chez elle ? On dirait presque que rien qu'en parlant avec elle, ou même rien qu'en la regardant, elle va se mettre à rougir. Ce n'est pas que je n'aime pas ça, je la trouve même plutôt mignonne avec cette résultante...C'est juste que je ne suis pas vraiment habitué à voir ça.

Bref, il fallait que je danse à nouveau. Je me rappelle brièvement des étapes qu'il faut suivre, mais je n'arrivais pas vraiment à les visualiser. Alors, la solution que j'opte est la suivante : copier Lothus-san. Ça devrait être facile, je pense. Elle ne fait pas des mouvements surhumains après tout, donc pourquoi je n'y arriverais pas ?

Et voilà c'est parti. Comme je l'espérais, je reproduisais presque parfaitement les pas de ma cavalière. Quelques défauts sont toujours présents, mais on peut aisément apercevoir l'évolution entre la première fois et celle-ci. Par contre, j'étais peut-être trop concentré, mais on ne peut tout avoir. Durant tout ce temps, je ne m'étais jamais aussi senti moi-même. Même si j'ai l'air trop sérieux, c'était comme si je ne pensais à rien. Plus de blessure, c'est ça. Mon cœur ne me remontre plus les blessures d'antan. Mais, comment cela se faisait-il ? Il y a des fois où j'étais aussi comme ça, mais ça me façonnait plus du mal qu'autre chose. Etait-ce dû à la présence de Lothus-san ? Ca ne pouvait être que ça. Sortant légèrement de ma concentration pour effectuer une nouvelle fois un sourire, bien que je n'avais pas vraiment remarqué sa présence, je m'adressais à ma compagne.

« Etoo...Je crois que je t'aime bien. »

Elle m'enlace... ? Hein ? En plus de rougir...Mon cœur bat la chamade maintenant ? C'est quoi ça. Étrange, ce sentiment est vraiment étrange...C'est comme si ça pouvait exploser d'un moment à l'autre. Jamais je n'avais ressenti ça, même du temps où mon ange gardienne me protégeait encore. Cette sensation était si forte que je m'arrêtais carrément de bouger.

«  Oui ... moi aussi je crois que je t'aime bien...
- Ah...Euh...Ano... »

J'étais complètement déboussolé. Elle n'était pas gênée cette fois ? Non, cette fois-ci, c'était moi. C'était comme si nos caractères, de la journée n’exagérons pas la chose, avaient été échangé. Ça éclatait en moi. Je devais faire quelque chose, et la seule action auquel je pus penser était de séparer nos deux corps pour comme y reprendre mon souffle.

« Attends...Etooo...Je... »

A peine eus-je le temps de prononcer ces mots que mon corps avait telle une réaction me disant qu'il me manquait quelque chose. Manque de savoir sur ces choses, beaucoup trop sentimental pour que je puisse connaître ça auparavant...Tenter de raisonner intelligemment sur le sujet est inutile, la seule et unique chose que je pouvais faire était de combler à nouveau ce vide. Pour cela, je le repris et l'enlaçai à mon tour, toujours en rougissant.

« Désolé...Mais, comme ça...Mon corps s'apaise...Ou quelque chose du genre. »

Je n'avais pas encore remarqué cela, mais il neigeait. Les étoiles blancs tombaient du ciel comme si on les avaient forcé à le faire. Elles n'étaient pas vraiment en colère, elles ne gênaient pas l'ambiance, au contraire. Elles s'adaptaient à l'atmosphère pour y comprendre une valse entre-elles, et rendre l'instant magistral. Avec cela, mon embarras put partir paisiblement, tandis qu'un doux sourire refit surface. Rien qu'en ce jour, j'avais effectué le plus de sourire que durant la totalité de ma vie passée, ou presque.

Ma cavalière appréciait ce moment, c'était tout ce qui comptait. Après ce jour, je devais redevenir celui que j'étais, autant m'en faire plein de souvenirs. Mais il ne fallait pas non plus qu'ils soient trop ancré en moi. S'ils s'avéraient que moi aussi je tombe dans le piège d'une vie nouvelle, je suis foutu. Cependant, c'était plus fort que moi, il me fallait ces émotions...

« Attends un moment. »

Reculant d'un pas en arrière, je croisais mes deux bras tout en les collant à ma poitrine et en fermant les yeux. Cela m'aidait à me concentrer. Par la suite, je prononçais comme le nom d'un sort. M'enfin, c'était le nom d'une technique justement.

« Sakura Rouren : Tenrakusuru (Falling). »

Après cela, émanant de mon corps, sortirent quelques pétales de fleur de cerisier qui montèrent vers les cieux avant de retomber en toute grâce. Cela faisait bien longtemps, que je n'avais pas utilisé mon pouvoir.

Regardant le ciel pour admirer la légère modification que j'y avais amené, mon esprit se remit à raisonner normalement, et non pas comme un idiot. Pourquoi ? Pourquoi on avait tous des pouvoirs ? A ma connaissance, on ne devrait pas être dans un MMORPG, mais seulement dans un jeu vidéo réaliste à réalité augmentée ou quelque chose comme ça...L'acquisition de dons en chacun de nous est-il seulement un bonus ? Non, cela ne devrait pas être vraiment cohérent. Les créateurs ne feraient pas quelque chose d'aussi insensé...Quelque chose doit se tramer derrière cette vie. Le problème est de savoir quoi...Il faut donc se préparer à tout.

Murmurant d'abord à moi-même que ce fait est bête, je me reportais mon regard vers Lothus-san. Selon elle, c'était magnifique. Bon, c'était l'intention voulue aussi, normal que je n'étais pas plus surpris que ça sur le coup. En tout cas, grâce à cela, j'avais les idées claires pour la suite des choses. Je pouvais commencer à lui poser des questions sur elle. Après tout, il fallait bien commencer à se connaître à un moment donné. Cela dit, amener un sujet comme cela peut-être relativement difficile. Il fallait débuter doucement.

« Surprise ? Héhé...Cela peut à peu près résumer mon pouvoir. D'une certaine manière, c'est sublime... »

M'approchant alors de ma cavalière, j'allais lui montrer de plus près ces lueurs rosées. La paume de ma main droite ouverte devant moi, je pus apparaître une sorte de boule faite de pétales de fleur de cerisier. Ces dernières tournaient entre-elles et sur elles-même pour y ajouter un effet rotatif qui pouvait se révéler assez jolie pour les yeux. Regardant alors Lothus-san, je pus enfin lui dire quelque chose lui concernant.

« Et toi...Jusque quel niveau arrive la splendeur de ton pouvoir ? »

Dame Nature … ? Un pouvoir naturel. Je vois, la météo. Voilà qui était intéressant. M'enfin, c'était tout ce que je voulais savoir. La nuit commençait réellement à tomber, ce n'était pas comme si je ne voulais pas de sa compagnie, mais il se faisait tard et...Je n'avais rien à faire certes mais...Je devais rentrer, c'était un automatisme ancré en moi. Alors qu'elle avait dit qu'elle lui fallait une émotion assez intense pour utiliser son pouvoir, elle vint à me dire si je voulais en voir l'aspect physique. Je me sentis un peu gêné après ça, mais je m'habituai à ce sentiment. Était-ce celui qu'entretenait de très bons amis ? Je ne savais pas, et je ne cherchais pas non plus à le savoir. Au fond, j'allais encore être seul, un jour.

Alors que Lothus-san s'avançait vers moi, je interrompis en mettant ma main devant elle, tout en souriant. Je n'étais vraiment pas fait pour ça.

« Non. Tu me le montreras la prochaine fois. Mais je suis déjà sûr que ton pouvoir doit refléter la pureté de ton âme, pas comme moi. A vrai dire...Je ne refuse pas de le voir sans raison, je me dois de rentrer. Voyez-vous...Le crépuscule est proche, même dans ce monde il y a des lois de temps, il faut les respecter. Désolé de devoir m'en aller comme ça. »

Oui...Je n'étais vraiment pas fait pour faire ami-ami avec les gens. Ou du moins, pas encore.