C'était doux. C'était chaud. Comme un nuage caressé par la lumière du soleil. Il se balance un peu, berce la jeune femme endormie. Mais soudain l'air se fait plus lourd et humide. BOUM.

Dans un sursaut de surprise la rouquine se redresse pour toucher ce qu'il se trouve autour d'elle. Ça bouge, c'est en hauteur. Elle est assise, pas allongée. Elle n'est plus dans son lit douillet. Où est-elle à présent ? Dans une cage sans barreaux ? Une moue contrariée se lit sur son visage, elle tripote nerveusement ses doigts sans même chercher sa canne. Elle referme les yeux pour se concentrer sur les bruits qui la guident. Un grincement, des mouvements, une respiration. Elle n'est pas seule, une jeune femme très probablement. Mais c'est la voix d'un homme qu'elle finit par entendre. Il semblait venir de partout et nul part à la fois, c'était effrayant. Se pinçant les lèvres, elle l'écouta attentivement  sans perdre son calme. Elle resta quelques secondes silencieuse, puis lorsqu'elle voulu prendre la parole ce fut une femme qui l'en empêcha. « Moi c'est  … Cherry. Comme les cerises. Et toi ? » Elle fit une pause le temps d'écouter sa réponse puis poursuivit. « Que faire ? Je n'ai pas envie de me battre, je ne sais pas me battre et je ne le ferais pas. On pourrait dire qu'il y a égalité, ou que tu gagnes si tu veux. Ou sinon on peut attendre … » Soupire.

Reprenant progressivement son calme, Cherry commençait à respirer plus calmement. Elle posa ses mains sur ses genoux pour paraître plus sereine et afficha un regard neutre devant elle, là où elle estimait que son interlocutrice était.
Étrangement, elle parlait à la troisième personne. Quelqu'un d'autre était ici ? Son sens développé de l'ouïe était-il faussé ? Elle pinça légèrement ses lèvres et attendit patiemment qu'elle finisse de parler. « Quelqu'un d'autre est ici ? »

Elle tendit une main vers elle pour la toucher, doucement pour ne pas la frapper, et frôla son genoux avec son index. Elle déplaça sa main sur le côté à la recherche d'une troisième personne, en vain. « Blesser qui ? Non … Jamais je ne ferais ça. Je déteste toute forme de violence. Je ne suis pas ce genre de personne. » Elle posa une main sur la fenêtre à sa droite puis se pencha un peu, comme si elle regardait en bas, puis se reposa normalement.« Mes excuses, mais je ne sais pas du tout où nous sommes à cause de ma cécité. Mais je sens qu'il va y avoir des orages, je me trompe ? »

Elle le dit de manière tout à fait naturelle, comme si c'était "normal". Elle était habituée à expliquer son handicape, qui ne sautait pas forcément aux yeux quand elle n'avait pas sa canne. « Même si on nous l'a déconseiller, nous pouvons essayer de nous enfuir discrètement ? » Elle ferma les yeux quelques secondes, reprenant un air apaisé.