• On a tous un passé :
Je suis née dans une famille modeste. On vivait dans la banlieue de Tokyo. J'avais un grand frère et une petite sœur. J'étais donc celle du milieu, la fameuse qui n'est ni l'aîné promis à un avenir brillant ni la petite dernière dont tout le monde s'extasie. L'effacée. Aucun avenir, aucune possibilité d'études. Au lycée j'étais toujours toute seule. J'ai quitté bien vite -trop vite peut-être les années bénies de l'enfance où la naïveté emplissait nos cœurs. C'est pour cela que par la suite, je ne me suis jamais attachée à personne. Perte de temps. A quoi cela servirait-il de faire des efforts pour construire une relation qui de toute façon finirait mal...? Les gens sont faux, hypocrites, manipulateurs et idiots. Nous sommes tous faux, hypocrites, manipulateurs et idiots. Manger ou être mangé. Les ordinateurs, eux, au moins, ne vous déçoivent jamais. Ils sont programmés. Des fois ils font quelques erreurs, mais il est facile d'y remédier. Impossible de changer le code d'une personne. En résumé, j'ai donc toujours été toute seule -par choix, n'allez vous apitoyer sur mon sort-, sans promesse d'un avenir aucun; Donc quitte à rater sa vie, il vaut mieux tout tenter pour s'en sortir. Je n'ai pas hésité une seule seconde en recevant le SMS. Rien à perdre, tout à gagner. Je ne manquerai à personne.
• Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :
Lorsque j'ai ouvert les yeux pour la première fois, je voyais flou. Juste des tâches de couleurs. Ça m'a pris un certain temps avant de prendre mes repères, de prendre conscience de mon corps. Peu à peu, j'ai réussi à me mettre debout, à marcher, mais ça restait assez étrange comme sensation. Puis j'ai réalisé ce que j'avais autour de moi. Les bâtiments qui s'élevaient jusqu'au ciel. Les silhouettes des îles au loin qui brillaient. Tout en haute définition. Sauf que c'était réel. J'étais émerveillée.