Encore une journée inutile, où tu t'étais retrouvée seule à errer dans Dream Land sans ordre ni conseil. Tu n'avais rien à faire, ces derniers jours, le gouvernement ne te demandait plus grand chose et en plus tu ne voyais plus Apotheosis depuis quelques temps. Ça c'était le pire. Plus un signe de vie, était-il trop occupé ? Occupé à quoi, c'était la véritable question. Celle qui te faisait te mordre les lèvres. Tu avais peur que ce soit dangereux et que tu ne puisses rien n'y faire, comme toujours. C'était souvent ça le problème. Être impuissante était une des choses que tu ne supportais pas dans ta vie. Pourtant, c'était une des choses qui t'arrivais le plus souvent. C'est pour ça que chaque soir, après ces journées déprimantes tu passais à Holy Sword pour aller voir Shikonai. Déblatérer conneries sur conneries sur le sens de la vie et du jeu, sans vraiment savoir de quoi vous parlez. Depuis que tu étais allée boire cette première bière avec lui, c'était un peu votre rite. Chaque soir, un verre sur lequel vous passiez une bonne heure à prononcer des paroles dont vous ne comprenez pas le sens vous-même.

Tu étais entrée qu'il était déjà là. Alors tu t'es assise à côté de lui, au bar, demandant une chope. Même pas besoin de lui dire bonjour, c'était fini ce temps où vous vous saluiez normalement. Maintenant vous passiez tout de suite à table.. Pour ne pas perdre du temps. C'était tellement plus rigolo comme ça.



Tu souris. Une affiche des Outsiders, il y en avait jusqu'ici. Tu la fixas, sans vraiment comprendre qui ils étaient. Toi, tu étais leur ennemie et tu ne t'en rendais même pas compte. Tu voyais ces affiches chaque jour qui passait mais jamais tu ne pensais que ça pouvait être autre chose que le peuple que tu pensais ton allié.

 Tu ris, essayant de ne pas trop te moquer de lui, quand-même. Puis tout de suite, lorsque tu engages la conversation sur les Outsiders, il ne sourit plus. Pourquoi ? Quel était le problème avec eux ? Tu savais tellement peu de choses sur ces gens. Peut-être était-ce la raison pour laquelle on ne te donnait plus de travail ? A cause des Outsiders ? Tu penchas la tête, pensive. Les yeux rivés sur cette affiche, tu posas un coude sur le bar en laissant ton visage se poser contre ta main. Un soupir t'échappa tandis que tu écoutais tranquillement Shikonai.

Un instant tu te demandais s'il savait si tu faisais partie du gouvernement. Il n'était pas au courant, logiquement.. Ou en tous cas si tu n'avais pas été trop bourrée avec lui. Ce n'était arrivé qu'une fois et tu avais encore des souvenirs de ce que tu lui avais dit. Rien à propos de ton poste. Tu le regardas, anxieuse et dans la lune.



Tu baisses la tête. Sortir du jeu. Quel désastre. Pour toi, ça revient à te suicider, vu ta situation irl. Tu n'avais pas encore envie de mourir, pas tant que tu n'avais pas tenu tes promesses. Alors sortir du jeu, c'était pas pour toi. Pas encore. Pas sûr que tu ais envie de quitter Apotheosis, non plus. Que d'effets négatifs chez les Outsiders envers toi. Que de tristesse se dégagerait de ce mouvement s'il vient à bout. Mais que pouvais-tu y faire ? N'étais-tu pas rien qu'une marionnette ?

 Tu souris. Il était un peu maladroit, quand-même, non ? Être privilégiée. Avoir de la chance. Qu'il ait eu cette pensée te dégoûtait, très sincèrement. Comme si tu étais heureuse de ta situation, comme si tu étais moins à plaindre qu'un autre. Tu serres doucement les dents. Non. Tu n'étais pas la victime de ta vie parce que tu avais décidé de ne pas l'être. Tu restais debout parce que tu avais décidé d'avoir de fortes jambes. Si les autres en malheur n'étaient pas capables de faire pareil, c'était leur problème. Euphemia n'était pas une malédiction. Euphemia était un fait à accepter, pas à blâmer mais à modifier. Tu baisses le regard puis le dirige vers Shikonai. Tu avais l'air froide.


Tu finis ton verre et paye le barman qui te rend ta monnaie. Tu avais été vexée, très bêtement. Et pourtant Dieu sait à quel point c'était difficile de te contrarier. Parce que tu n'étais pas fort susceptible. Il fallait juste trouver les mots. Comme il venait de le faire, bien qu'inconsciemment.


Tu étais énervée. C'était douloureux. Tu n'aimais pas la colère. Tu préférais la rejeter. En fait tu aurais voulu pleurer à cet instant. Seulement tu étais fière. En plus c'était ton ami. Pas ton ennemi. Tu n'avais pas à lui en vouloir pour une erreur.