"Le passé ne s'efface jamais totalement. Et parfois, ces traces restantes influencent le futur.
Le futur n'est jamais totalement net. Et parfois, ce flou nous amène à l'inconnu.
Le passé et le futur sont tissés par la déesse mère des autres divinités qui nous guident, déesse arc-en ciel de la lune et de la médecine...
Mais aussi, elle est la déesse du tissage. Notre peuple lui doit tout ce qu'elle a tissé pour nous. Le passé. Le futur. La vie. La mort. Les liens qui nous unissent.
Ix Chel." Le peuple maya était une passion pour mon père. Une véritable passion, et d'autant plus qu'il en avait fait son boulot, lui qui était historien.
Dans ce pays où aucune ruine ne pouvait assouvir cette soif de savoir sur cette ethnie étrange, seuls les livres étaient une source irrévocable pour lui. Ces livres qu'il me lisait d'ailleurs dès qu'il le pouvait, au soir avant de dormir par exemple.
Ma préférée était celle des dieux mayas. Il me racontait le peu qu'on savait sur ce panthéon exceptionnel, les liens qui les unissaient qu'ils soient d'amour ou de fraternité.
C'était féérique.
Puis plus encore l'année qui suivit. Ou du moins, au début.
On part aux états unis dans quelques mois, avait-il annoncé fièrement. Normal, là bas il y avait d’innombrables temples, villages ou autres monuments mayas. Il avait eu une opportunité de travail, et ce n'était d'ailleurs pas pour déplaire à notre petite famille.
Les bagages. Les quelques adieux. Les rires. Le terrible avion. Puis, enfin, nous étions arrivés.
Peu de temps après s'être installés, mon père m'avait emmenée voir ces fameux temples... Merveilleux.
D'ailleurs, la dernière image que j'avais eu de cet historien au grand coeur était ce grand sourire qu'il avait affiché quand je lui avait avoué que ces colosses de pierres qui nous faisaient face étaient sublimes.
Le lendemain, il était sur le lit de mort. Il était partit aussi brusquement que ça, autopsié comme victime d'une crise cardiaque. Apparemment, sa santé fragile ne lui avait pas permis de vivre dans un pays aussi pollué que celui des États Unis.
La mort frappe, mais pas à la porte pour nous prévenir de son arrivée.
Ma mère avait fondu en larmes, dans ses habits taillés dans la nuit... Pas moi. Je l'aimais, bien évidement, mais lorsque je l'ai vu aussi pâle sur ce lit de velours, je me suis demandée s'il était avec Ah Puch, le dieu de la mort dont il m'avait parlé. Ou alors j'étais trop choquée pour pleurer, qui sait.
Des années passèrent. M'en remettre ne fût pas aussi compliqué que ce que j'avais pensé, et pour ma mère, pourtant on ne pouvait plus détruite, non plus et bien au contraire. Elle avait rencontré dans ce pays étranger un homme aussi riche que beau et gentil m'avait-elle affirmé.
Une rencontre. Des rendez-vous. Une habitation commune. Puis un remariage auquel je m'attendais.
Ce "nouveau père" fortuné m'inscrivit grâce à ses bons sacs d'or dans un lycée ici, aux états unis.
Les fréquentations furent dures à entretenir car je ne parlais pas encore très bien anglais. Mais dans ce lycée, j'y avais rencontré de bonnes personnes qui m'aidèrent. Notamment un dénommé will, un jeune homme qui devint un oiseau blanc survolant mon ciel, un ami hors paire.
Ce Will, je lui devais ces excellentes années que j'avais passé au lycée. On était si proche...
Ce lien, je le souhaitais à tous. Une amitié aussi belle, j'aurais voulu que n'importe qui puisse y goûter. J'avais donc prit ma décision: Retourner en France, à l'école de médiation de Paris.
Un retour à la case départ, dans mon pays natal... Que Will ne comprit pas. La dispute qui en découla renforça mon envie d'être du métier de médiateur, aider les gens qui se séparent à cause de violentes disputes.
Les bagages. Les quelques adieux. Les larmes. Le terrible avion. Puis, enfin, j'étais arrivée.
La France.
Jamais durant les trois années qui suivirent cette arrivée je n’eus de nouvelles de mon ami. Et jamais que je lui avait donné des miennes...
Quel ne fût pas mon regret.
20 ans. Je venais d'avoir 20 ans, moi, Claire Taylor, médiatrice française.
Les problèmes de voisinages n'étaient pas les plus compliqués à résoudre, le dernier en date n'en fit pas exception. Habituellement, je ne suis contactée par téléphone que pour ce genre litige à résoudre.
2 cas qui ne l'étaient pas.
La première fois, ce fût un SMS qui me parla d'un autre monde, d'un jeu extraordinaire, d'un casque qui serait livré chez moi pour y accéder si j'acceptais.
Et pourquoi pas?
J'ai dit "oui".
La seconde fois...
" Allô, Claire? C'est Madame Echolls, la mère de Will Echolls, vous étiez proches au lycée je crois, bons amis... Désolée de te déranger mais j'aimerai te souhaiter un bon anniversaire de sa part...
- Cela fait trois ans qu'il ne m'a pas recontactée. En tout cas merci.
- Je ne savais pas, pardon. Je pensais qu'il le faisait donc je t'ai contactée pour pas que tu t'inquiètes...
- M'inquiéter?
- Oui... Il y a un problème avec mon fils, un grave problème. Il est comme endormi et perdu, comme dans un autre monde... Il m'a quittée avec ce casque sur la tête... Je sais que ton travail consiste à régler les problèmes... Est-ce que tu aurais vu un cas similaire? Est-ce que tu sais comment sortir Will de "ça"?"
J'ai regardé l'appareil que j'avais reçu. C'est lui qui avait mon ami.
Pour la seconde fois... J'ai dit "oui".
J'ai raccroché.
Je suis allée vers cette machine. J'ai mis le casque.
Le passé ne s'efface jamais totalement. Et parfois, ces traces restantes influencent le futur.
Le futur n'est jamais totalement net. Et parfois, ce flou nous amène à l'inconnu.
Je vais chercher Will...Je me suis connectée. Pour que Will me reconnaisse, il me fallait un pseudonyme que seule moi porterait, un nom qu'il connaissait.
IX CHEL.
Une fois arrivée, j'évaluai les différentes îles. Mon choix ne fût pas trop long.
HOLY SWORD.
Une île calme. Cela ne correspondait pas à mon métier, une île sans disputes n'a pas besoin de médiateur, mais je supposais que c'est une île comme Will aurait choisit.
J'aurais plus de chance de le trouver là bas...