From beneath et lucifer ••• « Le monde est un grand bal où chacun est masqué.  »

→ Les posts sont de 200 mots maximum.
→ Vous devez décrire votre costume/tenue de soirée en spoiler au début du premier post.
→ Vous devez offrir un cadeau à votre partenaire en rp. (pas d'avatars ni rien)
→ Il est aux alentours de 20h le soir et Hope Corporation est éclairé de mille feux. Umbra a provoqué de la neige sur l'île et le paysage extérieur est tout blanc.
→ La scène se passe dans le hall de la tour du ciel, au rez de chaussé. Même si la scène se passe à deux, il y a un RP posté par les GM ici TRES IMPORTANT où il se passera des choses durant la soirée. Vous devez en tenir compte dans votre rp. (essayez donc de ne pas rp en une nuit s'il vous plait !)(sinon, vous louperez l'intrigue et ça sera tant pis pour vous bande de coquins !)
→ Amusez vous bien :D

Tenue:

Parce que même Fro doit bien s'habiller au bal :

Qu'est-ce qui m'a pris de m'inscrire à un bal ?! Genre, c'est chic un bal, c'est full gens raffinés et tout, pas le genre de festivités où tu viens faire des bêtises en jogging. J'ai même dû trouver me une robe pour l'occasion ! Une robe, sérieux ! J'en ai encore le rouge aux joues. Que ça mettre ma poitrine en valeur, que je doive me balader avec les jambes et les épaules nues, au fond, c'pas si terrible mais j'ai vraiment pas l'habitude, j'dois lutter contre l'envie de constamment tirer dessus vers le haut et vers le bas ! Puis même, j'suis une nana masculine, moi, j'en porte jamais, je trouve ça mieux sur les autres.

Je serais bien restée des heures entières dehors à admirer la ville enneigée mais au bout d'un moment, il faut prendre son courage à deux mains, entrer dans le bâtiment et chercher sa partenaire ! Ha oui, aussi, je pensais venir au bal avec Bubbli et Lola mais les organisateurs ont décidé de nous mettre en couple et, comble du comble, je suis tombée sur ma rivale Luci. Genre, sérieusement ? Elle va se foutre de moi et de ma tenue, j'suis sûre, parce qu'elle, elle sait bien que les trucs féminins et moi ça fait deux !

Je passe la main dans mes cheveux bien coiffés, sous le coup du stress, et arrive enfin devant ma cavalière.

« Coucou Luci... »

Je la fixe un moment, surprise, ne m'étant pas doutée une seconde qu'elle s'habillerait de la sorte, et lui affirme, le regard fuyant et les joues toujours aussi rouges que ma robe :

« T'es très jolie. »

Je tenais à le lui faire savoir, d'autant plus que je ne la complimente pas souvent en temps normal. C'est l'occasion, non ? Bref ! Vite changer de sujet !

« Tu... hum... tu vas bien ? »  

Hu ? Elle me retourne le compliment ? Ça veut dire qu'elle me trouve jolie moi aussi ? Je fixe mes ballerines sans oser relever la tête, les joues toujours aussi colorées, sans réussir à contenir un sourire qui en dit long sur ce que je pense du compliment.

« Hu... Hum... M..Merci! »

Je dois vraiment me reprendre : jouer à la fille gênée, c'est pas dans mes habitudes. Je me serais bien baffée tant cette attitude m'énerve mais j'vais tout de même éviter de faire ça devant tout le monde, hein ! J'ose enfin relever les yeux sur ma cavalière et remarque que cette dernière a elle-même le regard fuyant - et des joues de hamster. Ça m'amuse, je dois bien le reconnaître. Ça m'aide à retrouver confiance en moi, aussi.

« Je vais bien ! »

Luci me demande ensuite si je ne veux pas aller boire un coup avant que les choses sérieuses ne commencent. Je lance un regard vers les boissons, ce dernier s'égare en direction du buffet, désormais ouvert, qui commence à attirer les foules. J'imagine qu'on pourra manger un morceau aussi ?

« Bonne idée, allons-y ! »  

Mmh... Manger un morceau ? Oh ! Comment ais-je pu oublier ? J'ai emmené des cadeaux avec moi, dans un simple sac en plastique. Je dois avouer avoir eu du mal à trouver un présent - à prix abordable - pour ma rivale mais j'ai finalement décidé de titiller sa gourmandise légendaire. Je lui attrape donc le bras le plus délicatement possible, pour la stopper dans son élan.

« Ah ! Attends ! Avant ça, je voulais... Je plonge la main dans le sac et en ressort une boite emballée dans du papier rouge, avec un petit ruban blanc, que je lui tend avec un grand sourire aux lèvres. C'est vraiment pas grand chose mais... joyeux noël Luci ! »  

À l'intérieur ? Des cookies. Juste des cookies, oui, mais faits maison ! Ça se voir à leur forme assez... improbable, pour certains. J'ai eu du mal à en faire cuire une fournée sans tout faire cramer mais je suis assez fière de ceux-ci ! J'espère qu'elle appréciera !

Cadeau totalement improvisé:

Avoir l'impression d'être la cible de tous les regards... C'est ce que Luci ressent à ce moment précis, raison pour laquelle, elle se dirige à grandes enjambées vers le buffet pour se fondre dans la foule. Jusqu'à ce que Fro la retienne doucement par le bras, elle pose alors son regard sur sa rivale. Ses yeux ont pris la fuite pour se poser sur le paquet cadeau et la gêne qu'il représente. Ça lui fait plaisir mais elle aime offrir, pas l'inverse. Ce type d'attentions la rendent mal à l'aise. « Je te remercie... » Après avoir pris le cadeau, c'est à son tour d'offrir son présent, Luci sort lentement de la discrète poche de sa robe, un petit paquet dont l'emballage est bleu foncé. Ce qu'elle s'apprête à lui offrir n'a rien d'exceptionnel mais c'est ce qui correspond le plus à son amie d'après elle, un porte-clef poulpe. « Tiens c'est pour toi. Je te souhaite un joyeux Noël bien qu'on soit encore loin de cette date. » Un discret sourire se dessine à ses lèvres, l'enquêtrice espère ne pas s'être trompée en choisissant. © code par Yoru.

Luci joue encore à la timide à cause de mon cadeau ! C'est mignon, fufufu... Je souris bêtement en voyant son regard fuir le mien mais ma rivale décide de contre-attaquer en m'offrant un cadeau à son tour. Je saisis le petit paquet et prend bien soin de défaire l'emballage sans le déchirer - j'ai jamais aimé mettre le papier cadeau en pièces, c'est ma petite manie à moi. À l'intérieur se trouve un porte-clefs assez... original !

« Oooh... Un portepoulpe! Il est trop cool, merci ! »

Porte-clefs poulpe, portepoulpe, c'est la même chose, hein ! En attendant, mine de rien, son cadeau me fait vraiment plaisir. Il est cute et tentaculaire, comment ne pas aimer ? J'observe le poulpy avec des étoiles plein les yeux, une vraie gamine, lorsque l'interface de déconnexion s'ouvre devant moi sans prévenir. Quoi ? Wait ! Non, non, non ! J'veux pas me déconnecter, moi, c'est quoi c't'embrouille ? Je suis probablement blanche comme un linge lavé avec dash liquide, pour le coup, un peu comme si je venais de voir un fantôme, le fantôme de ma triste vie d'avant qui revient me hanter. Je ferme les yeux, soupire un grand coup et fait disparaître le bouton déconnexion en espérant ne jamais le revoir. Je me sentais bien plus à l'aise lorsque je le savais inaccessible, celui-là. Je me demande si les autres, ceux qui se sentent prisonniers dans ce monde, vont en profiter pour s'en aller et ne jamais revenir.

Luci... Luci ?! J'ouvre enfin les yeux, la cherche du regard. Elle est toujours là. Quel soulagement. Mon cœur s'est arrêté de battre une seconde quand je l'ai imaginée se déconnecter à jamais et j'ai l'impression qu'il tente de rattraper le coup en battant à cent à l'heure maintenant. J'entends des murmures, des conversations autour de moi et il semble que cette histoire de déconnexion n'était rien de plus qu'une plaisanterie de très mauvais goût. Je tente de me calmer, prend la main de ma cavalière dans la mienne, qui ne veut pas arrêter de trembler, et la tire doucement vers le buffet tout en lui adressant un grand sourire forcé.

« Haha... C'était juste une blague, on dirait ! Alors, tu parlais de boire, non ? Tu veux un verre de champagne ? Manger quelque chose ? »

Il me faut me changer les idées, oublier cette vision éphémère d'un monde où Luci n'existe plus, un monde qui a réussi à me terrifier l'espace d'un instant et à me faire enfin comprendre à quel point je tiens à elle. Maintenant que j'y pense, un monde sans mes amis aurait été bien triste aussi. Je me demande si Bubbli et Lola rentreraient chez eux s'ils en avaient la possibilité. Je me demande si Luci a essayé de se déconnecter. Je ne veux pas que ça soit le cas, même si je sais que c'est égoïste. Je veux juste oublier ce qu'il vient de se passer et profiter pleinement de cette soirée.
Je ne veux plus avoir à faire face à cet autre monde auquel je n'appartiens pas.

Luci me confirme que c'est fini, que je peux me calmer. Ça signifie qu'elle a remarqué ma détresse, qu'elle a compris que je ne vais pas bien. T'es une andouille, Shane, t'es incapable de cacher ton mal-être, pas même foutue de contrôler ta propre main. Je ne dis rien, me contente d'attraper un verre de champagne et d'en boire une gorgée en maudissant celui qui était venu tout gâcher avec cette histoire de déconnexion. Je ne veux pas embêter ma cavalière avec mes soucis mais comme elle vient de me demander si ma vie d'avant me manque, je me rends compte que c'est trop tard. Je n'ai jamais parlé de mon ancienne vie, je n'ai même jamais voulu lui donner de l'importance dans ce nouveau monde mais je suppose que si c'est Luci qui me le demande, je peux faire un effort.

« Le monde réel, c'était l'enfer. »

Je refuse de donner des détails, pas ici, pas ce soir. Je lui raconterai tout, plus tard, quand j'en aurai l'occasion, mais pour le moment, je ne veux pas gâcher sa soirée plus qu'elle ne l'est déjà. Au moins, elle doit avoir compris que ça ne me manque pas et que je ne veux pas y retourner, jamais.

« Et toi alors, il te manque ? »

Puisqu'on était lancées dans cette discussion, autant en profiter pour tenter de la connaître un peu mieux, même si je redoute vraiment sa réponse. Je fixe mon verre, les bulles de champagne qui se fraient un chemin vers la surface, sans oser relever la tête, l'air un peu déprimée. Que faire si elle m'annonce avoir vraiment envie de rentrer chez elle, en avoir marre de ce monde virtuel ?

« J'ai eu peur que tu t'en ailles. »

C'est sorti tout seul. Je suis effectivement une sale égoïste. Je ne sais même pas pourquoi je lui affirme ça, pourquoi je ressens ça. Ces choses là, je les garde pour moi, normalement. Avec Luci, je ne fonctionne jamais normalement, de toute façon. Je ne comprends pas, je ne veux pas comprendre même si je pense me douter, tout au fond. Je fixe toujours tristement mon verre, un fin sourire aux lèvres. Je me hais.

« Vivre ici serait tellement moins drôle sans toi... »

J'ai l'horrible impression de donner dans la manipulation, de la forcer à penser qu'elle n'a pas besoin du monde réel alors qu'au fond, je ne fais qu'être un peu trop honnête et probablement pas pour les bonnes raisons. Bah. Elle doit me trouver bizarre et comme je viens tout juste de commencer à boire, je ne pourrai même pas mettre ça sur le compte de l'alcool. Je ferais mieux de la fermer au lieu d’aggraver la situation.

« Je suis désolée. »

Je voudrais tellement que la musique reprenne, pouvoir inviter ma cavalière à danser comme j'avais prévu de le faire avant de venir, pouvoir effacer tout ce que je viens de dire pour éviter de la mettre mal à l'aise, pour éviter de l'embêter avec mes soucis.

Je ne veux pas entendre ça. Je ne veux pas qu'on me dise que cette aventure prendra fin, qu'on me dise que je rentrerai chez moi un jour. Tout le monde m'a oublié là-bas, j'en suis sûre. Qui serait enchanté de mon retour ? De vagues connaissances qui n'ont de toute façon jamais pris de mes nouvelles ? Alicia, qui m'a bien fait comprendre que je n'avais plus aucune place dans sa vie ? Mon père, qui n'a jamais voulu de moi et m'a toujours considérée comme un fardeau ? Sur la fin, j'en suis venue à penser que ça aurait été mieux pour tout le monde si je n'étais jamais venue au monde. Et maintenant ? Maintenant je m'amuse, j'ai une vie que je n'abandonnerais pour rien au monde, j'ai des amis et je vis des aventures très drôles. J'ai rencontré Luci, aussi. Alors, pourquoi ? Pourquoi venir tout gâcher en me disant qu'un jour, je devrai retourner dans un monde où tout le monde me rejette ? Pourquoi est-ce qu'il a fallu que ce soit elle qui me l'annonce, aujourd'hui ?

« Je suppose que t'as raison... »

Ce monde-ci m'a apporté tout ce dont j'avais besoin, à savoir des gens qui m'apprécient, mais au fond, tout ça n'est qu'une utopie, uh ? Je continue de sourire bêtement, en fixant mon verre, en jouant avec ce dernier, sourire pour ne pas montrer combien je suis triste, sourire pour m'empêcher de commencer à pleurer aussi, j'imagine.
Je continue de sourire, finalement, parce que ma cavalière vient de me faire comprendre qu'elle m'aime bien, que je suis son amie et plus seulement sa rivale, la première même. Ça me fait vraiment plaisir de l'entendre, surtout qu'elle vient de me révéler son vrai prénom, ce qui m'a toujours semblé être un assez big deal pour les gens d'ici. Alis ? Je trouve ça joli. Je relève les yeux vers elle, juste une seconde, alors qu'elle s'excuse sans raison, et décide de lui rendre la pareille :

« Enchantée, moi c'est Shane! »

Je reporte mon regard vers mon verre, que je viens de vider d'une traite, trouve ça vraiment plaisant d'avoir une amie que j'ai déjà rencontrée dans le monde d'avant, comme si cette révélation venait de me faire comprendre que je peux être appréciée, même de l'autre côté. Que revenir à la réalité pourrait ne pas être si terrible si... si seulement...

« Alis ? Si... Si on retourne à la réalité un jour, tu viendras me voir ? »

J'ai besoin d'être rassurée, oui, besoin d'entendre que c'est possible, que je ne devrais pas tout recommencer du début. Que même une chieuse dans mon genre a droit à un peu de bonheur au milieu d'un océan de solitude. On s'est déjà rencontrées à Londres un jour, je pourrais attendre là bas, tous les jours. Attendre un visage familier, une présence rassurante. Attendre si étendre cette amitié au monde réel l'intéresse. Rha, arrête de penser à tout ça ! Je sais qu'elle a raison, que rien ne dure éternellement mais ça n'est pas encore prêt de s'arrêter, pas vrai ? Alors en attendant, je dois me secouer les puces et arrêter de déprimer ! Qu'elle ait envie de me revoir de l'autre côté ou non, elle est là, maintenant et tout de suite, alors il ne me reste plus qu'à en profiter !

Maintenant que la surprise est passée, chacun retourne à ses activités, la musique recommence à se faire entendre et je ne suis pas venue ici pour me lamenter ! Un slow, il me semble. Je relève les yeux sur ma cavalière à nouveau, avec un petit sourire en coin, avec l'envie, le besoin de me changer les idées.

« Mademoiselle, m'accorderiez-vous cette danse ? »

Oui ? Non ? À elle de décider, je ne veux la forcer à rien mais je pense que bouger un peu me ferait du bien. Puis bon, un bal sans danses, ce n'est pas vraiment un bal, non ?

« Ça me ferait vraiment plaisir. »

Luci s'en est allée faire je ne sais quoi avant la danse, me laissant seule un instant en tête à tête avec le champagne. Je sens le rouge me monter aux joues, me mord légèrement la lèvre inférieure en tentant de me retenir de sourire comme une abrutie, me retenir de verser une larme ou deux. J'me sens heureuse, mon cœur recommence à battre à une vitesse folle. Je ne m'attendais absolument pas à ce qu'elle m'invite à vivre avec elle dans la réalité, une réalité qui me fait maintenant beaucoup moins peur. Je pourrais m'en aller loin de mon pays, loin de mon père et, surtout, loin de la solitude. J'ai ma place dans ce monde, hein ? Je ne crois pas qu'elle sache à quel point cette affirmation me touche et me fait plaisir ! Cette soirée n'a rien de gâchée, finalement, c'est sans doute la meilleure que j'ai jamais vécue.

La meilleure cavalière du monde revient enfin vers moi, débarrassée de sa robe.

« Han ! Pas juste, moi aussi je voulais venir en costard ! »

Genre, quoi ! Un smoking ! Je gonfle les joues comme un hamster prêt à affronter l'hiver, boudeuse, parce que j'aurais préféré venir moi-même en costard, comme affirmé. Au fond, je ne suis pas déçue de ma robe, elle m'a même valu un compliment, c'est juste, encore une fois, que je ne me sens pas tout à fait à l'aise dans ce genre de vêtement que je ne porte jamais.

« T'as du mal avec ta robe toi aussi ? »

Je ne me souviens pas avoir déjà vu Alis en robe ou même en jupe, après tout, elle m'a toujours semblé préférer le port du pantalon. Qui sait, elle a peut-être le même soucis que moi et c'est pour ça qu'elle a apporté des vêtements de rechange ? En attendant, elle me demande comment je la trouve et j'en profite pour lui tourner autour, littéralement, sourire aux lèvres et mains dans le dos, mode inspection, avant de déclarer :

« Je vous trouve très classe, mademoiselle, très manly ! »

Je suis en train de me marrer comme une baleine, c'est vrai, mais c'est tout de même la vérité : je la trouve très classe habillée ainsi. J'aime bien, sincèrement. Sans me départir de mon sourire, je prends sa main dans la mienne et marche à reculons, doucement, pour l'entraîner vers la piste de danse avec moi où je compte bien renouveler mon avis sur la question, le plus sérieusement possible pour bien lui montrer que je ne suis pas en train de me moquer d'elle.

« Ça te va bien, j'aime beaucoup. »

So... what now ? J'attends, toujours souriante, la fixe, sa main dans la mienne. Tu sais, je suis en train de me rendre compte que je prends souvent sa main comme ça, sans jamais avoir demandé la permission. Ça vient naturellement avec les gens que j'apprécie vraiment et je suppose qu'elle me l'aurait déjà fait savoir si ça l'embêtait ? Dans le cadre de la danse, de toute manière, c'est justifié ! J'attends, donc. C'est à l'homme de mener la danse, non ?

Qu'elle se réjouisse, je me suis entraînée spécialement pour ce moment, pour ne pas écraser ses petits pieds sous les miens !  

Jalouse ? Moi ?! Ja-mais, voyons ! Pas crédible ? D'accord, d'accord, je me tais ! Je suis bien évidemment heureuse d'avoir su faire plaisir à ma cavalière grâce à mes commentaires positifs sur son nouvel habillage. Je suis aussi très heureuse qu'elle me prenne dans ses bras et m'entraîne dans la danse que j'ai réclamée. Je me concentre un maximum, résistant à l'immense envie de regarder mes pieds sans cesse, espérant que mon entrainement porte ses fruits. Je me suis montrée assez maladroite au début mais ça commence à venir et au fil de la danse, j'arrive à me détendre, à bouger de manière fluide et naturelle. Héhé ! Luci et moi, on gère ! Les reines du dancefloor, si, si !

« Fiou! On ne s'en sort pas si mal, finalement ! »

Je lui glisse cette phrase dans l'oreille, pour couvrir le bruit de la musique, histoire de lui faire savoir que je suis fière de moi, de nous ; que je suis rassurée, aussi. Je n'ai pas gâché ce moment que j'attendais tant en faisant de la purée d'orteils et nous voilà en train de virevolter d'un bout à l'autre de la piste, si proches l'une de l'autre dans cette ambiance très romantique. Je me sens si bien dans ses bras... Je sens mon cœur recommencer à battre comme un fou, je me remet à sourire niaisement. Je sais très bien pourquoi et je voudrais pouvoir en oublier la raison mais ce soir, toutes les conditions sont réunies pour rendre cette tâche impossible.

« Alis ? »

Je gâcherais définitivement la soirée si je lui révèle ce que je ressens, non ? Je suppose, oui. Je m'arrête de suivre ses pas, parce que ça fait déjà un moment qu'on danse, parce que je suis sur le point de faire ce qui me semble être une énorme bêtise. Toujours calée dans ses bras, je fixe son visage, mon regard s'arrête sur ses lèvres. Je suis tentée, très tentée. Je dois m'arrêter. Je dois trouver un truc à dire, trouver un moyen de me rattraper au lieu d'avoir ce genre d'idées ridicules.

« Je t'aime. »

Bravo. Génial. Vu la manière dont je viens de le dire, vu mes joues rouges comme des tomates fourrées aux piments, vu mon regard désormais fuyant et mon air de fillette venant de faire une grosse bêtise, je doute fort qu'il soit possible de se méprendre sur ma déclaration. Je l'aime, oui. Je suis amoureuse. Quand est-ce que ça a commencé ? Je ne sais pas, je ne m'en suis pas rendue compte tout de suite, il m'a fallu un moment avant d'envisager cette possibilité, plus longtemps encore pour arrêter de me voiler la face.

What now ? Je lâche sa main, fait deux ou trois pas en arrière, morte de honte à l'idée de m'être faite avoir par sa gentillesse, par l'ambiance de cette soirée un peu particulière et quelques verres de champagne. Je suis morte de trouille à l'idée de me faire rejeter, même en tant qu'amie. J'aurais dû me taire. Je voudrais lui dire que c'est une blague, lui dire que je saurai faire abstraction de mes sentiments et me comporter normalement mais mes lèvres restent closes, aucun mot n'arrive à en sortir.

J'ai clairement abusé d'une soirée extraordinaire.

J'aurais sans doute pu rire de son fameux entraînement en solitaire et la taquiner sur le sujet si je ne venais pas de faire la pire erreur de toute ma vie. Je me recule, elle s'éloigne. Je relève les yeux un instant et remarque qu'elle n'est pas au mieux de sa forme, me demande ce qu'elle peut bien ressentir à l'intérieur : colère, déception ou encore du dégoût parce qu'une fille est amoureuse d'elle ? Qu'est-ce qu'elle va bien pouvoir penser de moi, maintenant ? Elle me demande depuis combien de temps ça dure, une question que je redoutais.

« Je... Ça fait un moment... »

Très vague, comme réponse, je sais, mais encore une fois, je n'en sais rien moi-même. Je n'ai de toute façon pas l'impression qu'elle m'ait écouté vu qu'elle vient de s'en aller rejoindre les vestiaires. Je la suis, de loin, parce qu'elle ne m'a vraiment pas l'air aller bien, parce que je m'en veux et que je voudrais m'excuser. Je l'attends non loin de la porte, sans faire l'erreur de la suivre à l'intérieur. Je n'oserais certainement pas m'imposer après ce que je viens de lui avouer et si elle est partie ainsi, c'est qu'elle avait besoin de se retrouver seule. Au bout d'un court moment, elle sort de la pièce et j'en profite pour essayer de la rejoindre, pour tenter de m'excuser ou de la rassurer.

« Alis, je... »

Rien à faire, non seulement ça ne vient pas mais elle m'ignore et s'en va définitivement, sans un mot, sans un au revoir. Je ne pense pas qu'elle m'ait vue, je ne pense pas qu'elle voulait me voir. Je me retrouve donc seule, abandonnée au milieu de tous ces couples occupés à faire la fête. J'ai une boule au ventre. J'ai mal au cœur et chacun de ses battements est un supplice mais je n'en montre rien. Je me contente de faire un grand sourire à tous ces curieux qui m'observent, un sourire qui ne trompe personne vu le torrent de larmes silencieuses qui commence à inonder mes joues.

J'ai mal, tellement mal. J'ai besoin d'air, il faut que je sorte. Je me retrouve dehors, dans la neige, dans le froid, sans m'en soucier, tremblant comme une feuille. Je ne peux pas m'empêcher de fixer le portepoulpe qu'elle m'a offert un moment avant de le serrer dans ma main, contre ma poitrine, contre mon cœur qui ne cesse de me rappeler combien ma stupidité peut être douloureuse. Je m'avance dans cette étendue blanche, quitte définitivement les abords de la tour dont je peux encore entendre les musiques étouffées, vers une destination qui m'est encore inconnue, vers un coin isolé où je pourrai enfin arrêter de sourire et me laisser aller. Je ne m'attendais certainement pas à ce que ce soit réciproque, je savais que ça ne mènerait à rien, mais je ne me doutais vraiment pas que ça lui ferait autant d'effet, qu'elle me rejetterais de manière aussi violente, en m'ignorant totalement ; pas après la soirée qu'on venait de passer.

En attendant, je me retrouve seule, encore une fois, toute l'histoire de ma vie, et je viens de réaliser que le facteur commun n'est autre que moi, que je mérite tout ce qui m'arrive. Je suis une crétine finie, une bonne à rien.

Je me hais.