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Take A Drink To Get Drunk !

« L’alcool est notre pire ennemi, fuir serait lâche ! » Anonyme

Un comptoir scintillant s’imposait aux clients qui venaient à peine d’entrer. J’étais un de ces derniers, tout fraîchement arrivé dans ce cyberespace, qui ne cherchait que guerre et euphorie dans un des nombreux bars associés à l'île du Crimson District.

Mon regard s’était naturellement posé sur les dizaines et dizaines de bouteilles disposées sur les étagères derrière le bar à la manière de relique inestimable. Les différentes couleurs qui composaient les alcools étaient très vives, une espèce de préciosité se dégageait de ces flacons. J’en vins rapidement à me demander s’il était possible d’engloutir tout ceci en une seule vie ; Alors que la question méritait réflexion, j’en déduisais bientôt que la réflexion méritait un soutien alcoolisé. J’approchais vers le comptoir. C’est seulement dans les secondes qui suivirent que j’aperçus la surface miroitante du grand meuble de bois. J’eus d’abord imaginé qu’il s’agissait là l’œuvre d’une propreté inénarrable, cependant, il s’agissait plutôt d’une réflexion de la lumière du plafond sur l’étendue en marbre recouverte d’alcool renversé : La propreté avait laissé place à un désordre liquide incommensurable. Le barman nettoyait tout ça avec une mine qui me semblait nonchalante, était-ce habituel ? Si oui, ce lieu risquait de me plaire fortement puisque ces salissures provenaient, sans doute, d’une altercation récente.

L’homme qui se trouvait derrière le bar, un chiffon à la main, était un homme grand et imposant, il avait la carrure des hommes de main décérébrés qu’on pouvait trouver chez les méchants des séries télévisées des années soixante-dix, mais il avait un raffinement dans ses mouvements qui attestaient d’une culture importante et d’un esprit sain. Ses cheveux semblaient noirs, peut-être brun foncé ? Ce sont des choses comme ceci qui sont difficiles à deviner avec un éclairage aussi faible. Lorsque j’avais passé le seuil de la porte, il me semblait avoir aperçu le regard de l’homme se lever un cours instant, suffisamment pour repérer ces deux magnifiques saphir qui ornaient ses yeux tel un couple royal dans leur palais. Et en parlant de palais, on pouvait même remarquer que celui-ci donnait une mâchoire parfaite à ce barman méconnu. Sa longue chevelure m’avait fait hésiter quelques secondes sur le genre de l’être en face de moi : Homme, Femme, Non défini ? Finalement, c’est le torse musclé et sans imposante poitrine qui m’avait fait vivement pencher en faveur de l’homme, bien qu’une surprise pouvait toujours se cacher dans des recoins plus sombres et secrets. D’ailleurs, imaginer ces même recoins plus sombres me fit faire un rictus amusé, comme si la scène imaginé s’était déroulé devant moi. Tout le monde qui y prêtait attention pouvait comprendre ce sourire malsain sur mon visage.

Je secouais la tête comme pour envoyer valser l’idée qui m’avait figé sur place … Plus de plaisir que de honte. J’avançais pour atteindre, finalement, les quelques pas restants me séparant du bar et donc, de tout cet alcool. J’époussierais un tabouret, il était sale, quelques miettes de biscuits apéritifs jonchaient là, avant moi, d’un air supérieur. Il était un peu humide aussi, cela fut la raison pour laquelle j’optais pour un siège différent. Je me dirigeais vers la gauche pour prendre le siège le plus à gauche en rentrant, un miroir au bout du bar me permettait de croire que je siégeais à mes propres côtés, idée amusante. Le barman avait probablement fini son devoir et pourrait revenir servir les clients, sans même vérifier le travail qu’il avait potentiellement achevé, je demandais de manière suffisamment intelligible :

« Une vodka orange, mon brave. Mettez-moi un sourire avec ça. Et vous servez des menus ? »

La satiété me narguait avec son air supérieur, je n’avais pas mangé depuis un bon moment avec tout ces papiers administratifs relatifs à mon arrivée ici, j’étais exténué.

« Et pourriez-vous m’indiquer où je pourrais me reposer, je suis épuisé et je n’ai pas encore dormi ni même couché avec le premier barman venu. C’est un comble. »

C’était une boutade, mais peut-être était-elle annoncée sur un ton un peu trop sérieux ? J’étais si fatigué, vraisemblablement, je n’aurais pas l’occasion de tuer un homme aujourd’hui : La fatigue est une garce, mais peut-être que Sir Alcool occuperait cette catin ?

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