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 Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »
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Alcyon


Dreamland

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Alcyon

Messages : 25
Date d'inscription : 23/08/2014
Localisation : Chez lui.

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MessageSujet: Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »   Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. » I_icon_minitimeSam 23 Aoû - 17:52


❝ALCYON


• Comment tu t’appelais ?
Keane Cecil Anslow.
• Tu as choisi quel pseudo ?
Alcyon.
• Tu as quel âge en fait ?
17 ans.
• Tu viens d'où ?
Angleterre, Basildon. (Essex)
• Tu veux aller sur quelle île ?
Dream Land.
• Tu fais quoi dans la vie ?
Il n'en a pas et refuse d'en avoir un. Ceci étant, il adore embêter ou distraire quiconque est en train de travailler devant lui.
• T'es un super-héros ?
Contrôle des envies.
Le garçon peut, en effet, vous donner l'impression intime et convaincante que vous avez envie ou non de faire quelque chose du moment qu'il l'insinue à voix haute ; cela ne veut pas dire que vous le ferez ou arrêterez de le faire, bien sûr. Simplement s'il vous dit que vous feriez mieux de partir, par exemple, avec suffisamment d'insistance et de volonté pour faire fonctionner son pouvoir, vous ressentirez l'envie inexpliquée de faire demi-tour et de vous en aller. Idem s'il vous dit que vous auriez sûrement envie d'aller vous promener avec lui, ou de faire un croche-pied à telle personne. Ça marche terriblement mieux sur les joueurs ayant un caractère peu affirmé ou n'étant pas en possession de tous leurs moyens, mais ça laissera une sale impression même à ceux qui parviennent à se contrôler avec brio.
Bien sûr, ce n'est pas sans conséquences. Plus Alcyon utilise son pouvoir, plus il est fatigué ; irritable. De même, lorsqu'il en abuse, il se retrouve à ne plus être capable de déterminer quelles sont ses envies propres. A ce stade, il serait donc incapable de savoir s'il préférerait dormir, lire, rire, boire un café, un jus d'orange... Et ça, ça l'irrite encore plus.




» Mémorisation Physique.



• La couleur de tes yeux de biche ?
Alcyon a les yeux verts ; d'un vert parfaitement commun, s'il faut le souligner. Plus foncés que clairs, ils sont assez fins sans être petits et les cils qui les surmontent sont plutôt longs. Son regard, tant qu'il ne fronce pas les sourcils, est très doux : on lui a souvent dit – reproché, de son avis – qu'il avait de vrais yeux de fille. Malheureusement, il n'y a pas grand chose à faire contre cette impression.

• Et celle de tes cheveux au vent ?
Si ses yeux sont verts, ses cheveux quant-à eux sont roux ; pas cuivrés, pas blond vénitien. Non, juste roux. On aurait du mal à les croire d'une autre couleur, quelle que soit la luminosité ou le moment de la journée. Cependant, hormis leur couleur peu commune et selon certains peu flatteuse, c'est plutôt leur allure et leur longueur qui marquent l'esprit et le regard lorsqu'on voit Alcyon pour la première fois. Pour un garçon, il est indéniable qu'il les a longs ; au jour d'aujourd'hui, ils ondulent largement jusqu'à hauteur de nombril. Ils sont également très bouclés et, s'il les lissait, probablement paraîtraient-ils beaucoup plus longs qu'ils ne le sont actuellement.
Ça demande beaucoup d'entretien, un peu trop de temps tous les matins, mais il se refuse à les couper. Il ne leur donne cela dit pas toute l'attention qu'il devrait ; s'ils sont jolis, ils ne sont pas au top pour autant.


• Tu sens la rose ou tu pues le yack ?
Si le jeune homme n'aime pas sentir trop bon, il détesterait plus encore sentir mauvais. Comme l'on peut reconnaître quelqu'un à son odeur aussi facilement qu'à son allure si celle-ci est suffisamment caractéristique, Alcyon a décidé d'en faire sa signature ; il sent donc toujours la même chose. Parfum de préférence français, typiquement cher, masculin. Il en met très peu à la fois et fait bien attention à en faire bon usage. Le tout est de savoir se modérer.
Sinon, on peut dire que ses cheveux sentent le shampooing, comme à peu près n'importe qui ; qu'il a une hygiène corporelle irréprochable et que, de fait, il est peu probable qu'un jour vous deviez vous pincer le nez en sa présence.


• Taille & Poids ?
S'il y a bien un sujet qui complexe le garçon, en dehors de ses jolis yeux, c'est sans nul doute sa taille. Certes, il n'a jamais été grand ; mais si abandonner l'idée d'un jour faire un mètre quatre-vingt n'a pas été un si gros sacrifice, jeter aux orties celle de faire au moins un mètre soixante-dix a été beaucoup plus rude pour son ego. A vrai dire, il ne s'en est jamais vraiment remis. Sans doute une part de lui espère-t-elle encore prendre quelques centimètres avant ses vingt ans – et ce malgré les discours, plutôt pessimistes il est vrai, des médecins qu'il a pu interroger à ce sujet. Qui vivra verra.
Arrêté à un mètre soixante-quatre, le jeune homme est un poids plume dont la silhouette fragile a quelque chose de légèrement féminin. Il ne ressemble pas à une fille, non, on ne peut pas dire ça ; mais sa petite taille, couplée à une ossature fine et des traits relativement doux, le rendent par certains égards vaguement androgyne. Il y a une certaine douceur dans sa stature et ses gestes, malgré des épaules et des hanches strictement masculines, qui peut parfois laisser songeur.
De là à dire qu'une jupe lui irait bien... Mieux vaut pour vous ne pas franchir cette ligne, que ce soit volontaire ou pas. Il supporte très mal les remarques de ce genre et n'hésitera pas à vous le faire comprendre si besoin est.


• Signe distinctif ?
Obsédé par son hygiène dentaire, Monsieur a une dentition que d'aucun qualifieraient de parfaite. Ses dents sont blanches, bien alignées, comme une star de cinéma. C'est sa grande fierté, aussi ne faut-il pas s'étonner s'il sourit systématiquement bouche ouverte plutôt qu'en gardant ses lèvres closes.
Il a également de jolies mains avec de longs doigts, abîmées par endroits de coupures ou autres petites plaies minimes. Il garde ses ongles courts, est imberbe jusqu'à preuve du contraire et a la peau claire, presque laiteuse. Quelque chose de dérangeant dans le regard, également, quand il fronce les sourcils et fait la moue.
Beaucoup de mépris, madame.



» Analyse cérébrale.



• On n'est pas parfait hein ?
Question perfection, on peut difficilement faire pire que Keane Anslow. Le jeune homme est égoïste, égocentrique, égotique, narcissique et tous ce qui s'ensuit ; ne partage pas, ne croit rien ni personne, ne prête jamais, ne donne pas sa confiance et ne mérite pas qu'on lui donne la nôtre. Il n'est jamais d'accord avec personne et a des goûts de luxe qui l'ont plus d'une fois poussé à faire des choses plus ou moins légales et plus ou moins mesquines, voire cruelles. Il n'hésite pas à trahir père et mère pour obtenir ce qu'il veut et ce qu'il veut, clairement, il l'obtient toujours. C'est un manipulateur dans l'âme, un garçon qui n'a que gloire et fortune en tête et fera tout, mais alors tout pour arriver là où il veut aller. Il se fiche pas mal des sacrifices que vous devrez faire pour lui et vous demandera certainement d'en faire tout un paquet : il tient à ce que tout le monde soit à ses pieds, comme les gentils chienchiens qu'ils sont. A ses yeux, il est le roi et le reste du monde consiste en ses loyaux sujets. Il se fiche bien d'eux, ne les voit pas. Veut qu'ils le voient, en revanche - et qu'ils le voient bien. Qu'ils ne voient que lui.
Son sens de l'empathie frôle très sérieusement le zéro, aussi n'espérez pas qu'il s'arrête pour aider un handicapé, un sans-abri ou même quelqu'un dans le besoin ; si ça risque de le mettre en retard, il ne vous accordera même pas un regard. Jaloux et possessif au possible, il s'énerve dès que l'on touche à quelqu'un qu'il apprécie et détestera que vous accordiez de l'attention à une autre personne plus qu'à lui : s'il vous demande de moins voir untel et que vous refusez, préparez vous à un sacré retour de flamme. Rancunier, il n'est pas du genre à se laisser faire et n'oublie jamais trahisons et poignards dans le dos ou le cœur ; une fois catégorisé comme ennemi, vous ne bougerez plus de cette case à moins d'un évènement gravissime. Autant dire que ça n'arrive jamais.
Jaloux également de quiconque est "plus" quoi que ce soit que lui, le garçon détestera qu'on tente de lui voler la vedette en étant, par exemple, plus populaire ou beau que lui. Ce qui arrive plus que fréquemment, sans surprise. C'est une personne très fausse, un manipulateur qui a plus d'un tour dans son sac pour venir à bout de ceux qui lui font de l'ombre. Sans but dans la vie étant de devenir quelqu'un de riche et influent par tous les moyens possible et imaginable, inutile de dire qu'être dans son entourage n'est déjà pas une très bonne chose.


• Mais on gère la fougère ?
Les qualités de Keane peuvent, véritablement, se compter sur les doigts d'une main. Pour commencer, disons que le garçon est loin d'être bête ; plutôt intelligent même, il sait tirer partie d'une situation et étudier chaque détail pour que le résultat soit aussi parfait qu'il puisse l'être. C'est un jeune homme n'ayant aucun mal en cours ou dans la vie de tous les jours. Il sait calculer sans problème, écrit relativement bien et sait surtout parler : sans être un orateur de génie, il arrive généralement à convaincre ou persuader sans trop de mal. C'est une personne qui apprend vite et bien, sans avoir à fournir trop d'efforts pour autant. Autant dire qu'il n'était pas mauvais élève, loin de là.
Quoi que menteur émérite, le jeune homme est un tant soit peu honnête : ou plutôt disons que quand il l'est, il ne le fait pas à moitié. Lorsqu'il fait confiance à quelqu'un - ce qui arrive rarement - il lui dit absolument tout. De sa vie à ses pensées et ses envies, il ne laisse rien au hasard ; en bon affabulateur, il sait pertinemment que mentir ne mène nulle part d'autre que dans le mur. Il fait donc attention à ne pas blesser le peu de personnes qu'il apprécie et a l'épaule solide quand il s'agit d'écouter leurs problèmes ou de les aider.
Quoi que ce point-là soit discutable, le garçon est également doté d'un bon sens de l'humour et peut se révéler être d'une très agréable compagnie pour peu qu'il y mette du sien - ce qui arrive trop rarement, nous sommes d'accord, mais malgré tout. Il sait rire et faire rire, sait alimenter les conversations et a une culture suffisante pour être capable de rebondir sur un peu tout et n'importe quoi. Il n'est également jamais le dernier à vouloir boire ou s'amuser et quoi qu'il ne tienne pas l'alcool, ça ne l'empêche pas de s'en servir dès qu'il en a l'occasion.


• Tu préfères les garçons, les filles, les deux, les chatons ?
Quand il est de bonne humeur et essaie de plaire, Alcyon aime à dire qu'il ne juge pas les autres par rapport à leur sexe, leur genre, leur apparence, leurs habitudes vestimentaires ou même leurs goûts. Il se définit, en bref, comme étant un type parfaitement ouvert d'esprit qui attend l'âme sœur sans se fermer aucune porte. Il avouera, tout de même, une préférence toute naturelle pour les demoiselles. Mais pourquoi pas tomber amoureux d'un garçon, n'est-ce pas ? On ne sait jamais.
Maintenant, dans les faits... S'il n'est pas homophobe, c'est uniquement parce qu'il refuse de se qualifier comme tel. Il n'aime pas voir deux garçons ensemble, ne veut pas connaître de personne ayant ces penchants et grand Dieu, il mourrait sur place si un individu de sexe masculin osait le draguer, le toucher, lui dire qu'il est mignon... Ou quoi que ce soit d'autre.
Vu son allure, malheureusement, ce serait beaucoup trop en demander au monde que de le croire straight as a line.


• Moi j'ai un rêveuuuh ?
Que le monde soit tel qu'il le souhaite ; avoir plus de contrôle sur lui-même, sur son existence. Il n'est cela dit pas du genre à beaucoup s’appesantir sur les rêves et les désirs, qu'il juge inutiles s'ils sont inatteignables.

• T'as peur de quelque chose ?
Keane a peur de la mort, comme bien des personnes ; il est également mal à l'aise en présence de personnes qui pourraient lui vouloir du mal physiquement, étant quelque peu allergique au fait d'être inférieur à qui que ce soit. Être tabassé ou attaché dans un coin l'effraie donc, puisque cela reviendrait pour lui à une humiliation totale dont il ne se remettrait probablement pas.
Il n'a en revanche pas peur de la douleur ou des araignées et, quoi qu'il ne soit pas à l'aise dans le noir complet, ce n'est pas un jeune homme facilement impressionnable. Dans les grandes lignes, n'espérez pas le faire baisser la tête ou hurler de peur trop facilement.


• Quels sont tes goûts ?
Keane n'aime pas grand chose. Il aime tout ce qui est cher, ce qui sent bon et ce qui brille ; n'a pas de préférence générale pour quoi que ce soit mais aime pinailler quand il en a l'occasion. Il ne porte que des vêtements peu coûteux mais aimait à économiser pour prendre de jolis tissus ou des vestes de plus belle facture, histoire d'avoir l'air plus riche qu'il ne l'était - ce qui n'était pas difficile en soi vu son niveau de vie.
Il aime également beaucoup les chats, au contraire des autres animaux, et n'hésite pas à donner des coups de pieds dans tout ce qui ne ressemble pas de près ou de loin à un félin. C'est quelqu'un qui adore également les jeux vidéos et l'électronique de façon globale, sans se considérer comme geek ou quoi que ce soit du genre pour autant.
Il aime enfin avoir chaud, les boissons sucrées, le thé, regarder le sport à la télé avec son père, s'habiller chaudement et avec des habits trop grands lorsqu'il est seul, s'habiller au contraire de façon très chic lorsque de sortie... Et déteste les aliments gras et tout ce qui colle au doigts, les mauvaises odeurs, le manque d'hygiène, les gens qui sont mieux que lui, boire de l'eau sans rien avec et les peluches, qu'il considère comme des nids à poussière et à microbes - au même titre que les enfants et autres bambins.


• Signe distinctif ?
Aucun.


» Chargement du jeu.




Poor Jenny is a-weeping,
A-weeping, a-weeping.
Poor Jenny is a-weeping,
On a bright summer day.



« Tu veux une pince pour tes cheveux ? »

Le garçon passa une main dans ses épaisses boucles rousses ; se replongea dans l'eau jusqu'au menton et, yeux à demi clos, fit « non » de la tête.
Il aurait pu répondre qu'ils étaient déjà trempés, de toute façon. Qu'ils avaient connu pire. Qu'il ferait tout aussi bien de les couper, pour ce qu'il acceptait de s'en occuper. Sa gorge sèche était après tout encore capable de moduler les sons. Sans doute.
Des doigts pensifs vinrent caresser sa peau tuméfiée en pommade éphémère.
Le silence convenait peut-être mieux à la situation.

« … Tu... Veux autre chose ? Je sais pas, moi... »

Presque sans bruit, le jeune homme s'assit sur le rebord de la baignoire. Ses pieds nus tapotaient le sol avec la même nervosité fragile que trahissait l'expression de son visage ; quelque chose d'indescriptible dans sa façon de croiser et décroiser les doigts sans pourtant le lâcher du regard une seule seconde arracha un frisson au garçon. Il se sentait épié. Étudié.
D'un peu trop près.
Genoux remontés contre son torse, il planta ses yeux verts dans ceux de son interlocuteur.

Ne répondit rien.

Le contraste net de dents blanches contre une lèvre foncée ; une incisive un peu cassée.
Je suis la rétine.

« T'as pas... Faim ? Ou... »

Ses talons glissèrent doucement contre le Toplax. Tendant ses jambes petit à petit, il finit par pouvoir frôler le mur d'en face du bout des orteils ; au prix de quelques mouvements supplémentaires, la plante de ses pieds finit par être posée bien à plat contre le carrelage blanc. C'était d'un confort discutable. Le problème n'était pas là.
Quoi qu'attentif à son manège, le jeune homme ne laissa pas son regard dériver à plus d'un centimètre autour de son visage. La plupart du temps, leurs yeux restaient rivés sur ceux de l'autre.
Là encore, c'était d'un confort discutable.

« Dis quelque chose. »

Les mains qui jusque là s'occupaient à s'entre-martyriser se détachèrent l'une de l'autre ; et tandis que la droite revenait se poser sur ses genoux, docile, l'autre se surprit à effleurer la tâche noirâtre qui s'étendait sur le tibia nu de son invité. Cortège de frissons et symphonie du mal ; la douleur enveloppée d'un fin linceul de satin.
Peau brune contre peau claire. Neige et écorce.
Et les yeux verts baignés de larmes, comme un ciel de printemps un rien trop calme.

« Viens. J'ai de la pommade pour ça. »

Paume vers le haut, il attendit quelques secondes avant que des doigts abîmés ne viennent enserrer son poignet. Concentré sur le bruit de l'eau sur la peau, sur le carrelage, et même celle qui s'échappait en fine buée d'entre des lèvres encore bleuies – tout plutôt que les flaques sur lesquelles ses jambes fragiles risquaient de glisser pour mieux lui rompre la nuque, briser ce qui l'était déjà.
Toute l'eau de mon baptême pour toi.
La serviette changea de mains. Une seconde, que le plus grand saisit sans y penser, fut déposée avec mille précautions sur les cheveux bouclés.

« Keane. »

Le son délicat de cordes oubliées résonna dans le tympan et les archivoltes comme celui d'une balle dans sa chambre noire.

Et toi, mon ange, de l'arc à la harpe...

« … Darrel. »



Why are you weeping,
Weeping, weeping,
Why are you weeping,
On a bright summer's day ?



« Wah ! J'avais pas remarqué à quel point c'est grand ! »

Comme un mécanisme n'attendant qu'un mouvement de sa clef pour être actionné, le jeune homme avait – semble-t-il – recouvert l'usage de la parole. Quelques pas en arrière, son hôte surveillait ses mouvements maladroits avec l'assiduité d'une maman prête à rattraper son petit en cas de chute ; précaution loin d'être superflue étant donné le boitillement du faon en question. Sa jambe gauche, probablement douloureuse, ne frôlait le sol que par à-coups hésitants.
Noir sur blanc.
Évidemment.

« Ça doit être dur à chauffer.

-Euh... Ouais. Je sais pas, j'y ai jamais vraiment réfléchi. »

Vu le regard qu'il reçut, ce n'était sans doute pas la bonne réponse.
S'il y en avait seulement une.

« Ta chambre est où ?

-Au premier, deuxième porte à droite. »

Le rouquin, après un gloussement satisfait, répéta « au premier, deuxième porte à droite » dans un anglais volontairement désuet qui lui donnait des airs de vieux majordome typiquement british. A l'évidence, la situation l'amusait beaucoup.
Cela pouvait vouloir dire beaucoup de choses ; de toutes celles-ci, Darrel ne retint que la plus probable. A savoir que le jeune homme – Keane – n'avait jamais dû voir de maison de cette taille et que donc, il n'habitait probablement pas le quartier. Il n'avait pas le plan exact de la ville en tête et aurait eu le plus grand mal à situer les maisons des gens moins aisés sans l'aide de son ordinateur bien aimé, mais ça ne changeait rien au fait qu'il devait y avoir une trotte entre ici et les quartiers plus moyens. Voire pauvres. Les vêtements du garçon n'étaient ni rapiécés ni en morceaux, mais avec la pluie et les traces de boue sur le pantalon il lui aurait été difficile de poser un réel avis sur la question. En ce moment, tout était dans le lave-linge.
Enfoncé dans les vêtements de son hôte, Keane semblait encore plus petit – et ce malgré les plis censés lui permettre de marcher sans se prendre le sol dans la figure. Le t-shirt lui faisait tout bonnement office de robe. C'en était presque comique.
Ils avaient pourtant l'air d'avoir le même âge.

Dans les faits et non le vécu, du moins.
Noir sur blanc.

La rétine observe intelligemment.

« Je rennnntre ~ »

A peine la clenche baissée, la petite chose rousse pénétra dans la chambre à grand renforts de commentaires tous plus vifs et intéressés les uns que les autres.

« Oh, wow, t'as plein de posters ! »

Ça faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu autant de bruits dans cette maison.

« Je peux m'allonger sur ton lit ? T'as un deux places, cette classe d'enfer ! »

Dans cette pièce, en particulier.

« C'est douuuuuuux. »

Darry, pourquoi...

« … Tu pleures ? »

L'adolescent secoua sa tête de gauche à droite, un sourire radieux aux lèvres. Il était l'arc-en-ciel ; et l'autre qui l'observait toujours, une lueur indéchiffrable cachée au plus profond derrière ses iris verts.
Il n'y avait qu'eux. Il n'y avait rien. Ils ne savaient pas et pour l'instant, ça leur importait peu. Tellement peu.

« Avec cette harpe, je te construirai des ponts en clefs de fa. »



I'm weeping for a loved one,
A loved one, a loved one,
I'm weeping for a loved one,
On a bright summer's day.



Sans un bruit, une vieille berceuse que plus personne ne jouait au bord des lèvres, Darrel regardait les draps se soulever avec l'attention d'un amoureux transi. Au final, la fatigue les avait rattrapés avant qu'il n'ait eu le temps de poser les questions qui importaient vraiment. Qui es-tu, d'où tu viens, pourquoi je te laisse rentrer chez moi, pourquoi, pourquoi...
Mais là, à le regarder dormir paisiblement, ses cheveux roux emmêlés sur l'oreiller gris perle, le jeune homme persistait à se dire que ça n'avait pas grande importance. Il lui demanderait le lendemain, quand il serait bien réveillé ; ses parents ne rentraient de toute façon que le week-end. Il n'y aurait aucun problème à le laisser dormir là le temps qu'il lui explique pourquoi il s'était – probablement – enfui de chez lui et, par la suite, il pourrait aviser et voir quelle serait la meilleure solution pour eux deux. L'héberger ne le dérangeait pas, mais il doutait que ses parents soient aussi aveuglément gentils que lui. Ils se seraient demandé ce qu'un gamin paumé était venu faire chez eux ; et au lieu de se dire qu'il avait...

« Hmmn... Tu dors pas ? »

Jambes tendues sous les draps, mains croisées sur son estomac, Darrel adressa un sourire pâle à son nouvel ami. Tourné dans sa direction, il lui sourit en retour ; et ce simple geste, machinal, sans réel sentiment évident derrière, lui donna l'impression d'avoir perdu toute faculté à la parole. Il ne pouvait plus rien dire. Il n'y avait plus rien à dire, plutôt – rien qui mérite de parler, rien qui ait, comment dire – rien qui...
Il ne savait pas, mon Dieu.
Mais ces yeux, ces yeux.

« Je vais dormir. T'in... Enfin, dors, toi. »

Nouveau sourire. Joueur, celui-ci, avec une touche de gentillesse au coin des lèvres.

« Si si, je m'inquiète. Bonne nuit, alors. »

Il lui souhaita bonne nuit de nouveau ; ne parvint pas à trouver le sommeil pour autant. Dans sa chambre, qu'il avait pris soin de nettoyer juste avant de laisser Keane y entrer, régnait une drôle d'odeur de chien mouillé. Il n'y avait plus ce blanc si caractéristique auquel il s'était habitué au fil des ans. Les couleurs étaient revenues. Pas petit à petit, comme l'on colorierait un dessin devenu trop terne pour lui rendre sa beauté d'antan, non – d'un seul coup, comme une explosion chromatique au beau milieu de l'océan. Ça n'avait aucun sens. Il savait que c'était lui qui en donnait, et qu'il en donnait beaucoup trop à ce qui n'en avait véritablement aucun. Mais peu importe, au fond.
Peu importe.

Quand il se glissa enfin sous les draps pour dormir, Keane se retourna ; laissa tomber son bras contre la taille de son hôte, négligemment, les yeux grands ouverts.

La rétine, la rétine.

Je suis la rétine.

Et toi, en ligne de mire.



Stand up and choose your loved one,
Your loved one, your loved one,
Stand up and choose your loved one,
One a bright summer's day.



Darrel, quoi qu'il n'ait pas vraiment eu le choix d'aller à l'école – il ne pouvait pas sécher sans que ses parents soient au courant, et les inquiéter était vraiment la dernière chose qu'il aurait voulu faire ; il les aimait bien trop pour ça – avait tout de même protesté longuement auprès de son nouvel ami. Il aurait aimé lui dire de ne pas s'enfuir en son absence, de ne pas se faire mal, de ne pas être idiot, de ne pas, de ne, de...
Et puis non. Le regard un peu froid, perclus d'inquiétudes toutes plus monstrueuses les unes que les autres, il n'avait réussi qu'à articuler :

« Vole rien et fouille pas. »

Le sourire amusé de son invité ne changea rien au sentiment de culpabilité qui l'accompagna tout au long de ses classes. Il aurait aimé lui demander s'il n'avait pas cours, lui – et puis finalement, il paraissait logique que quelqu'un s'étant enfui de chez lui n'ait pas l'école comme premier soucis en tête. Il n'était pas certain qu'il se soit tiré de sa maison (probablement dysfonctionnelle, soit dit en passant), certes, mais ça restait une des probabilités les plus faciles et évidentes qu'il ait trouvé. Pourquoi un étranger viendrait sonner à une porte inconnue juste pour le plaisir de le faire ? Il avait beau y réfléchir, rien ne faisait sens. Pourquoi sa maison plutôt qu'une autre ? Peut-être qu'il avait vu  de la lumière, oui. Peut-être qu'il n'avait pas réfléchi, non plus, paniqué comme il avait l'air de l'être en arrivant. Tout était possible. Rien ne l'était. Il ne savait pas. Son problème de mathématique lui semblait fade et sans intérêt ; même sa petite-amie ne parvint pas à lui tirer plus qu'un vague sourire et quelques mots répétés encore et encore, sans sens, sans saveur. Elle s'en plaint, bien sûr, et ils se quittèrent comme trop souvent fâchés – mais là encore, il s'en moquait.
Parce que tout ce qui comptait pour l'instant, c'était ce mystère complet qui l'attendait chez lui.
Était censé l'attendre chez lui.
Clef en main, le souffle court, il pria pour qu'il soit encore là.
Je vous en supplie, j'ai besoin de croire.

« Salut ! »

Enfoncé dans un pull immense, jambes nues, le rouquin lui adressa un sourire radieux depuis la première marche de l'escalier.

« … Salut. »

Mains serrées sur la lanière de son sac, il tenta de lui renvoyer un peu de joie à son tour. Ce ne fut pas bien compliqué ; il rayonnait, assez littéralement.
Bam bam bam.
Ça cognait fort fort fort.

« Bonne journée ? J'ai rien piqué ! lâcha-t-il en hochant la tête d'un air satisfait. Je suis un invité modèle. Tu vois ? »

Il voyait ça, oui. A part lui emprunter des vêtements – et encore, il semblait en avoir eu marre de se prendre les pieds dans le pantalon – il ne donnait pas l'impression de vouloir voler quoi que ce soit. C'aurait été vite vu, de toute façon. Si quoi que ce soit manquait, c'était forcément lui. Il aurait dû partir sur le champ et, honnêtement, Darrel ne voyait pas en quoi le jeu en aurait valu la chandelle. Perdre le gîte et le couvert contre la dernière console à la mode ?
Mouais. Vous me direz, ça se valait peut-être. Il ne faisait que tenter de se rassurer, au fond ; voir le jeune homme partir était la dernière de ses envies.

« Bof, ça pouvait aller. Et toi, tu t'es pas trop ennuyé ? Je t'ai dit que tu pouvais regarder la télé, hein. Tant que mes parents sont pas là... Et puis, aussi – »

Le cœur au bord des lèvres.

Her. Je suis enfin rentré.



Shake hands before you leave 'er,
You leave 'er, you leave 'er,
Shake hands before you leave 'er,
On a bright summer day.



« PAPAAAAAAAAAA. »

Tap, tap, tap. Le bruit de ses chaussures heurtant le mur dans un lancé plus que maladroit dissimula un instant aux oreilles de son père celui de ses pas agacés ; hésitants, malgré tout, refrénés par la douleur significative qui lui courait dans la jambe – entre autre. Il avait mal partout. Dormir sur un matelas confortable avait aidé mais, pour autant, il ne se sentait guère mieux que la veille. Un sentiment doucereux grondait au fond de son estomac comme la faim lui aurait rongé les sens ; pour faire court, rien n'allait.
Énervé au possible, il répéta son cri avec quelques décibels supplémentaires pour être sûr d'être entendu, cette fois. Conscient qu'il était en train de déranger les voisins dans leur truc bidule de télé-réalité moisie qu'ils regardaient tous les vendredi soirs, il prit même un malin plaisir à s'appuyer contre le mur séparant leur appartement du sien pour ce faire.
Manège qui n'échappa vraisemblablement pas à son père, vu la tête qu'il tira en passant dans l'encadrure de la porte.

« Ils vont te détester encore plus, fit-il remarquer en tendant les bras en avant.

-Rieeeen à foutre. »

Par habitude plus que par réel besoin de tendresse, le jeune homme vint enlacer son père en guise de bonjour ; et s'il réfutait avoir besoin du moindre adulte au moins cent fois par jour, ça ne l'empêcha pas de se sentir légèrement mieux lorsque des bras solides se refermèrent sur son dos fragile.
Keane tenait de sa mère pour ce qui était de sa carrure, aucun doute là-dessus. Il suffisait de voir les larges épaules et la barbe rassurante de son paternel pour se rendre compte de ça. Enfin – qu'il tienne ça de sa mère ou de la factrice importait peu, le détail étant surtout dans le fait qu'il ne ressemble pas à son cher père. Ça l'attristait, parfois. Et puis finalement il y avait bien des façons de tirer profit de sa taille et de sa minceur, alors tant pis. Il avait appris à faire avec.
Une fois défait de l'étreinte de son père, il lui asséna un coup de poing sur le torse.

« J'ai faiiim. On mange quoi ? »

Vu le regard qu'il reçut en guise de réponse, il y avait d'autres choses à faire avant de penser à manger. Pas qu'il ne le sache pas.
Notamment...

« Bon, je sais pas où tu étais passé, mais la prochaine fois me laisse pas me démerder avec ton école. Tu sais même pas ce que je dois inventer à chaque fois que tu décides de te barrer comme ça. »

Bras croisés dans son dos, Keane adopta l'attitude « animal mignon en détresse » ; sourcils arqués, moue aux lèvres, il battit des cils pour tenter de chasser un peu de l'agacement qu'il devinait dans les traits tirés de l'homme qui lui faisait face. Homme qui, s'il l'avait voulu, aurait pu l'étrangler d'une seule main. C'était tout de même bon de se rappeler ce genre de détails de temps en temps, dans les situations critiques, histoire de descendre un peu de ses grands chevaux.
Vu l'ego hypertrophié du garçon, ça ne pouvait vraiment pas lui faire de mal.

« Tu leur as dit quoi ? »

Soupir.

« Que ta grand-mère était malade et qu'on avait dû aller la voir d'urgence, au cas où ce soit ses derniers instants et patati. J'étais même prêt à dire qu'on t'avait enterré avec tellement tu tenais à elle au cas où tu reviennes pas, cette fois.

-Her ! Je t'ai envoyé un SMS, abuse pas !

-SMS que n'importe qui aurait pu envoyer à ta place. Je t'aime donc je m'inquiète. C'est normal. »

La bouche de Keane fit une drôle de vague gênée ; finalement, il refrappa son paternel et partit en grommelant vers la cuisine.

« Tu me demandes pas où j'étais ? »

Tu veux pas savoir où j'étais ?

« Tu me répondras pas. »

Vrai. Fils indigne.

Un rire s'échappa d'entre ses lèvres tandis qu'il grimaçait de douleur en posant sa jambe à terre. Ça ferait mal encore longtemps. Et la faute à qui, hein ?

Ahaha.

Père indigne.



Eeny, Meeny, Miny, Mo,
Catch a nigger by his toe.



« Pater noster, qui es in caelis... »

Mains serrées l'une contre l'autre, le jeune homme ferma les yeux. La brise du matin claquait contre ses cheveux et sa peau claire ; il n'avait pourtant pas froid. Malgré les frissons, il restait imperturbable. Statufié. Ses lèvres ne bougeaient qu'à peine. Il n'avait pas besoin de faire savoir au reste du monde qu'il parlait – la seule chose qui importait, en cet instant, étant d'être entendu par la croix s'élevant de la terre comme un temple à l’Éternel.
Des fils de satin du cœur encore vivant aux ossements éclatants.
Tout pour toi, tout pour moi, tout, tout.
Jusque dans l'Au-Delà.

« Sanctificetur nomen tuum ; adveniat regnum tuum... »

Quelque part, une cloche résonna aussi fort que mille tambours. Il était en retard et pourtant, malgré le léger stress qui fit grincer ses dents blanches, cela n'avait pas la moindre forme d'importance. Il devait faire ce qu'il avait à faire ; ce qu'il faisait tous les jours ou presque, sans exception, avec l'assiduité de celui qui sait.
La mortalité, les intempéries, les bleus qui sont plutôt noirs en réalité – les couteaux dans le dos, et toutes ces choses pour lesquelles l'être humain s'amuse encore à chercher des noms.

Comme si les faire exister n'était pas déjà un crime en soi.

Il inspira.

« Fiat voluntas tua sicut in caelo et in terra...

-Keane. »

Sourcils arqués, il adressa une prière à quiconque pourrait lui enlever ses responsabilités le temps de finir celle-ci. Il savait que ça ne servirait à rien ; ne résista pas à l'envie de le faire pour autant. Comme un enfant cherche un peu de réconfort dans des rituels familiers sans grand sens, le jeune homme ne sautait que sur les pavés et non les lignes. Quand il avait besoin d'implorer l’Éternel, il ne se gênait pas pour fermer les yeux.
Son père, mains sur les hanches, lui coula un regard exaspéré.

Aucune prière ne ferait reculer le temps.

Elles n'exauçaient jamais que les souhaits des enfants et des innocents.

...Sûrement.

« Tu dois aller à l'école.

-J'y vais, j'y vais. »

Soupir à fendre l'âme. Redressé, dos droit, il adressa un petit signe de la main à la tombe avant de serrer son père contre lui et de récupérer son sac, posé sur un muret non loin.

Rien, rien, rien.

Rien n'avait changé.

Boulet au pied, je marche au fond de l'eau.

Et Anne, ma sœur Anne, qui ne voit rien venir.



If he won't work then let him go;
Skidum, skidee, skidoo.



Dis, Keane...

«  Nouvelle veste ?

-Ouaiiiiis. »

Oui ?

« Arrête de m'ignorer ! Tu m'écoutes quand je parle ? Darrel, merde ! PUTAIN.

-Je t'écoute, Jenn, gueule pas... »

Tu... M'aimes, hein ?

« Papa, t'as payé la facture d'eau ? Parce que euh comment dire.

-OH PUTAIN DE. »

Non, je fais semblant.

« Arrête, c'est pas drôle. »

Le regard étincelant de malice, brosse à cheveux en main, Keane fit un demi-tour exagérément lent sur ses pieds nus. Depuis qu'il avait rencontré l'afro-américain, il avait pris l'habitude de s'enfoncer dans un de ses pulls pour se promener chez lui ; ça leur rappelait à tous les deux les circonstances premières de leur rencontre et, au fond, ce n'était pas plus mal. Darrel avait ainsi pleine vue sur les jambes frêles de son ami et pouvait vérifier à loisir qu'elles n'étaient pas aussi abîmées que ladite première fois.

Ça allait faire quatre mois.

Quatre mois sans se voir autrement que par coups de fils interposés.

Enfin les vacances d'été.

« Na na na na. Je trouve ça drôle, moi.

-Sérieusement.

-J'étais très sérieux.

-Je te crois pas.

-Tu devrais. »

La pointe de menace dans sa voix d'ordinaire si claire passa inaperçue.

« Keane. Me fais pas répéter. »

S'il y avait bien une chose que le garçon avait appris depuis qu'il connaissait Darrel, c'était que ce dernier n'était avare de sentiments et de marques d'affection qu'en personne : lorsqu'il s'agissait de lui dire qu'il lui manquait par sms, il était capable de se la jouer poète des temps modernes sans le moindre problème. Le lui rappeler aurait cependant eu la malheureuse incidence de faire rougir le pauvre adolescent jusqu'aux oreilles, aussi le rouquin jugea-t-il plus prudent – pour une fois – de se contenter d'un haussement d'épaules distrait. Il n'était pas le premier à distribuer des « je t'aime » et compagnie, mais de là à en être gêné... La marge était nette, le précipice prêt à avaler le plus petit doute.

Keane n'était que rarement gêné de quoi que ce soit.

La rétine, sans le moindre faux pas.

« Jeeeeee. T'adooooore. »

A la tête déconfite du jeune homme, Keane sentit ses lèvres se courber sur un sourire franchement amusé ; et s'il ne rit pas, cela se joua à peu de choses. Il savait bien que ce n'était pas ce que Darrel attendait de lui. Il savait bien, depuis le temps, que ce n'était jamais ce qu'on attendait de cette personne en particulier – le sauveur, le chevalier, l'âme-sœur, et peu importe les noms incongrus que l'on donnait à ces relations-là.
L'amour, s'il fallait le nommer.

Il pensait vraiment être amoureux de lui. Malgré tout. Malgré son sexe. Malgré son genre.

Je n'ai jamais aimé de garçon mais toi, je t'aime.

La castration émotionnelle pour le bien de l'être.

Désolé, désolé. Oublie.

Il n'avait pas oublié.

« Qui te dit que je t'aime, d'abord. »

Les yeux de Darrel se plissèrent à l'extrême.

« Tu m'as pas jeté. Donc.

-Ça, ça veut rien diiire. »

Le bruit que fit la brosse en tombant sur le lit passa inaperçu à côté de celui que fit le dos de Darrel en heurtant les draps ; mains sur les épaules de son ami, cheveux retombant devant son épaule, Keane lui adressa un joli sourire. Yeux fermés. Lèvres closes.
Et son cœur, lui...

« Hm hm hm ~ »

Mains glissées sous son t-shirt, il tapota pensivement des doigts contre la peau foncée qu'il ne pouvait que deviner. Ses genoux, de chaque côté des jambes de son ami, plissaient les draps en rides inquiètes.
Tais toi, mon cœur.

« Je n'aime que moi.

-Je parle pas français.

-Et Jenkin. »

Ses doigts froids se crispèrent sur la peau mate. Dos redressé, Darrel appuya la main qui ne l'aidait pas à se maintenir assis au creux de la nuque de Keane ; appuya et, sans rencontrer de résistance particulière, vint presser ses lèvres contre celles de son ami.
Plus fines que celles d'une fille. Moins douces, peut-être, aussi.

Au-delà de cette fine couche d'apparence, l'attirance perçait tous les remparts.

Oh, menteur.

« Jenn en penserait quoi ? »

Douche glacée. Il s'éloigna de quelques centimètres.

« Jenn ?

-C'est pas ta copine ? Jenn. La jolie rousse. Tu aimes cette couleur, en fait, hein, fétichiste bizarre.

-Elle est auburn, pas rousse, lâcha-t-il fort à propos – et un peu perdu, évidemment. Et on... Je vais rompre, de toute façon. C'est pas grave. »

Mieux installé, il fit glisser ses mains jusqu'à la taille de son ami. Songeur, le plus petit des deux mordilla doucement sa lèvre inférieure. La question – si question il y avait – n'était pas vraiment là, en réalité ; et ça, il le savait parfaitement. Keane n'était pas du genre à dire n'importe quoi n'importe quand sans prendre en compte tous les paramètres, toutes les conditions, tous les détails non sans importances qui jalonnaient ses questionnements. Il était bien trop malin pour ça.
Alors s'il parlait de Jenn, tout à coup, comme ça, ce n'était pas juste pour entendre « je vais rompre » et puis basta.

Qu'est-ce que tu crois.

« Maintenant.

-Hm ?

-Je veux que tu rompes maintenant. »

Des doigts vagabonds tendirent les traits du visage de Darrel sans qu'il cherche à les retenir ; sourcils froncés, lèvres pincées, il semblait en proie aux pires des tourments. Bien sûr. Entre la petite-amie qu'on fréquente depuis un an, la fille qu'on a appris à connaître et que l'on aime, que l'on adore malgré les sautes d'humeurs et tous les problèmes d'entente, entre cette personne et le type que l'on connaît à peine, le garçon qui force à remettre en question de la sexualité aux raisons que l'on a de vivre...
Oh mon Dieu, comme il se faisait peur.

Et comme le choix était vite fait, une fois les personnes posées sur la balance.

Toute l'eau de mon baptême pour toi, c'est bien ça ?

« Si tu veux. Tout à l'heure. » Front posé contre son cou, il les entraîna tous deux en arrière sur le lit. « Demain. Je lui dirai en face. D'accord ? »

Cheveux en désordre et yeux dans le vague, accroché au torse de son ami, attentif à sa respiration rien moins qu'erratique.

L'évidence est là. Il la nie, l'aveugle.

Parce que si je suis la rétine,

Toi tu seras Coats.



But when you get money, your little bride
Will surely find out where you hide.



« COMMENT CA ? HEIN ? »

Clac. Clac.

Font les liens qui se brisent, les élastiques qui se dissolvent dans l'acide.

C L A C.

« TU. Tu peux pas ! »

Yeux plissés, prêt à être frappé – persuadé qu'il le mériterait, surtout – Darrel serra ses bras contre sa taille. Il se sentait mal à l'aise. Perdu. Il restait certain d'avoir fait le bon choix et pourtant, pourtant, quelque chose ne cessait de lui susurrer à l'oreille qu'il s'était jeté droit dans la gueule du loup.
Ce garçon n'avait rien de plus que sa Jenn, si ? Il était même plus enquiquinant par bien des aspects ; moins attentif à ce qu'il disait – moins amoureux, peut-être. Il lui ressemblait de bien des façons, aussi. Par son apparence, sa façon de se vexer si vite, ses drôles de manies, son ego. C'était complexe. Il ne savait pas. Ou du moins, ne savait pas plus qu'il ne voulait en savoir : Keane était son âme-sœur, de ça il était sûr. C'était tout ce qui comptait pour l'instant. Au-delà des doutes, de la culpabilité et des regrets, cette simple certitude lui broyait l'estomac avec la force d'une mâchoire sertie de dents pointues comme d'autant de diamants. Il ne pouvait pas l'ignorer. Ne devait pas l'ignorer. C'était impossible.

S'il avait sauvé la vie de Jenn, Keane avait sauvé la sienne. Alors c'était lui. C'était forcément lui.

« C'est qui ?

-Quoi ?

-Tu vas pas me faire croire que tu veux rompre comme ça sans raisons. Alors c'est qui, hein ? Maddie ? Me dis pas que c'est Elizabeth, putain. »

Adossé au muret extérieur de son école, froissant son uniforme avec la ferveur de celui qui n'aura pas à le repasser ensuite, il retint un soupir dont il craignait qu'il soit mal interprété. Elle ne le fatiguait pas ; ne l'exaspérait pas, non. Il l'aimait encore, d'une certaine façon. Malgré leurs différents, malgré toutes les disputes et les prises de tête, elle restait son premier véritable amour. Il l'avait connue au fond du caniveau et l'avait vue se reprendre comme le plus beau des oiseaux blessé. C'était quelque chose qu'il n'oublierait jamais. Jamais.

Jenn Morris méritait de connaître la vérité.

« Un garçon.

-Hein ?

-C'est un garçon, articula-t-il difficilement.

-... T'es gay ? Qu'est-ce que tu –

-Non ! » Son exclamation lui parut trop forte même à lui ; il se reprit comme il put. « Je... C'est juste lui, okay ? Juste. Lui. »

Les larmes qu'il redoutait tant montèrent aux yeux de sa petite-amie.

Ex petite-amie.

« Et moi c'était juste toi. »

Comme elle était belle dans son désarroi.

Pas étonnant qu'il ait tout fait pour la sortir de là.

Quel monstre tu fais, Darrel. Égocentrique. Égoïste. Égotique.

« C'est qui ? »

Narcissique. Tout devait tourner autour de sa personne.
Au fond, il n'était sûrement pas mécontent d'avoir deux amants rien que pour lui. Sans doute même aurait-il continué de voir Jenn sans rien lui dire, si on ne lui avait pas demandé expressément de rompre avec elle. Parce que ça faisait plaisir. Gonflait l'ego. D'être celui que tout le monde aime, celui qui...
A des amis, des amoureux, des parents, un jour des enfants.

Celui à qui tout réussit.

« Il s'appelle Keane. »

Celui qui a vu un ange, un jour, et ne l'a plus jamais lâché.

« … Keane ? »

Qui l'a nourri, aimé, logé, lui a prêté de l'argent régulièrement, lui a donné son numéro et lui a fait promettre de l’appeler régulièrement, au moindre problème, au moindre coup d'un parent un peu trop violent.

« Anslow ? Roux, bouclé, petit ?

-... Tu le connais ? »

Qui lui a tout donné.

« Un peu, que je le connais, ton connard ! »

Tout.

« C'est mon frère. »



So there's the door and when I count four,
Then out goes you.



« Alors comme ça notre père te bat ? »

Allongé sur le lit, ses belles boucles rousses étalées contre les draps clairs, Keane ne releva même pas la tête. Il se contenta de croiser ses jambes, provocateur, et de lever un bras mou en direction du plafond.

« C'est dur tous les jours, depuis que maman est partie. Tu n'imagines même pas. »

Dos enfin redressé, le jeune homme daigna enfin couler un regard amusé à la demoiselle qui, à côté de Darrel, semblait encore plus petite que jamais. Il s'était douté qu'ils viendraient chez lui ; s'était donc rendu chez Darrel et, en l'absence oh combien fréquente de ses parents, avait investi les lieux comme s'il s'était agi de son propre domaine. Il devait également qu'ils avaient dû croiser son père, qui avait dû leur préciser après des salutations chaleureuses que le fils prodigue s'était enfui on ne sait où : et, à partir de là, voilà qu'ils étaient tous dans la chambre de ce cher Darry. Pas besoin d'être un génie pour savoir que le garçon se serait rendu là. Il avait les clefs, après tout, et des liasses de billets empruntés qu'il n'avait pas même eu besoin de voler.
Je suis la rétine.

Cataracte ou pas, il restait conscient de ses priorités.

« MENTEUR ! »

Le pied qui heurta violemment le sol fit sursauter le garçon à la peau foncée ; pas l'autre. Il était habitué aux crises de nerfs de sa sœur, depuis le temps. Même si ça faisait un moment qu'ils ne vivaient plus ensemble...
On ne perd pas ces choses-là, n'est-ce pas.

« T'es venu pour piquer le fric de Darrel, hein ? T'es qu'un putain de bâtard ! »

Il haussa les épaules, indifférent. Son ami semblait sur le point de pleurer ; il ne s'en préoccupa pas.
Pas qu'il s'en soit préoccupé un jour, me direz-vous.

« Il me l'a donné.

-Parce que tu lui as raconté des conneries ! Papa te battrait jamais !

-Ben, tu sais, il s'en passe des choses quand on abandonne sa famille. Tu devrais le dire à maman.

-Maman est pas partie, ils se sont SEPARES. T'es qu'un –

-Mais il... »

La voix de Darrel, brisée, coupa net les deux jeunes gens. Main contre sa bouche, il secoua sa tête de droite à gauche. Une fois. Puis deux.

« Il était – il aurait jamais fait ça ! »

Haha. Si touchant.

« Pas fait quoi ? Voler le copain de ma sœur ? Te mentir ? Piquer ton fric ? Je t'en priiiiie. Elle a tué mon chat, elle me doit bien ça.

-J'avais que dix ans ! »

Jambes croisées de façon volontairement provocante, il passa une main dans ses cheveux détachés. Il semblait vraiment sortir d'un tableau, vu comme ça.

« Je suis même pas gay. Alors tu vois. »

Même si je ne vois toujours rien.

« Mais t'étais – t'avais – KEANE ! »

La panique prenait le pas.

Et mes ponts en clef de fa ?

« Écoute, quand tu – quand tu es arrivé, j'étais désespéré, j'allais mal, je – »

Avoue le, que ça fait mal.
Avoue avoue avoue avoue avoue avoue avoue avoue avoue
Que ça te fait plaisir
D'une façon franchement dégueulasse.

« J'avais, j'allais -

-Oh, ça me saoule. »

BAM.

Cataracte, cataracte.

BAM BAM BAM
Chut mon cœur chut chut.

« … Jenn, si tu l'as tué je te jure que je te pardonne pas.

-C'était mon copain avant, pédé.

-Je suis un très bon acteur, nuance. »

Debout sur ses deux pieds, le garçon regarda la batte que tenait la demoiselle entre ses deux mains frêles.
Regarda Darrel, par terre.

Éclata d'un rire sans joie.

« Tu sais, je t'en veux toujours vraiment pour le chat. »

Mais ça devait se finir comme ça.



Ils sont partis avec ce qu'ils ont trouvé dans ma chambre. Des affaires, de l'argent.

J'ai rien dit à mes parents.

Mais le casque qu'ils ont pris – ils auraient dû savoir, non ?

Dreamland, Alcyon. Contrôle des envies. Waw, ce que ça a l'air marrant.

Qu'il fallait pas y toucher.

Que c'était dangereux.

Ils regardent jamais la télé ?

Ils ont pas de télé.

Avaient.

Avait.

Keane, Keane, Keane.

Voleur de fortune, protégé par la gentillesse de mes parents.

Personne te touchera. Tant que j'aurai de l'argent, personne te touchera.

Personne te touchera.

Personne, personne, personne.

Toute l'eau de mon baptême pour toi.

Ma corde transformée en harpe pour toi.

Tous mes ponts en clefs de fa.

Je serais plus là sans toi.



« Tape fort, Jenn. Sinon il y croira pas. »



Debout sur la chaise, Darrel regarde dans le vide. La corde lui rape les doigts, pend autour de son cou ; il n'ose pas donner de coup de pied, pas encore, mais sait que bientôt les remords seront tous partis en fumée. Tous comme les regrets, ils ne durent jamais longtemps. Si ses parents ne s'en remettent pas alors tant pis pour eux. Il n'a plus la force. C'est trop difficile. Il est fatigué, rien ne va, il n'en peux plus. Personne ne l'aide. Personne n'est là.
Personne n'est là.

Toc toc toc.




» Toi le geek.



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Dernière édition par Alcyon le Jeu 13 Juil - 22:42, édité 15 fois
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MessageSujet: Re: Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »   Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. » I_icon_minitimeSam 23 Aoû - 17:57

STEAKI. SUBARASHI. MON KOKORO VIBRE. IRASHIMASEN. TADAIMA.
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MessageSujet: Re: Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »   Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. » I_icon_minitimeSam 23 Aoû - 18:41

"wat."
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MessageSujet: Re: Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »   Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. » I_icon_minitimeDim 24 Aoû - 15:56

Alcyon est un nom commun d'une sous-famille des alcyonaires, animal sous-marin de type corail mous.

Je l'aime pas il est ro/MUR
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MessageSujet: Re: Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »   Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. » I_icon_minitimeDim 24 Aoû - 16:33

Bitte /pan/
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MessageSujet: Re: Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »   Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. » I_icon_minitimeSam 1 Nov - 19:27

C'est moche mais c'est fini ♥ Love love.
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MessageSujet: Re: Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »   Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. » I_icon_minitimeDim 2 Nov - 22:26

Déjà toi t'es parti avec un point fort
clairement ton pseudo je le surkiffe, c'est surement comme ça que j'appelerai ma fille si j'en ai une //die (oui ma fille 8D)

mais ta fiche quoi
sérieux
TA FICHE QUOI
ton prénom, ta description de caractère, ton orientation sexuelle, ton histoire D:
mais marry me putain


on notera pas le retard hein ee.

Bienvenue encore!


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MessageSujet: Re: Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. »   Alcyon ▬ « I melt in your mouth like liquid sugar. » I_icon_minitime

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