✗ On a tous un passé :

Rose est née à Londres, il y a de cela 23 années. Fille unique d’une famille aisée, elle n’a partagé que très peu de moments de complicité avec ses parents, membres du gouvernement.

Son enfance a été plutôt banale et il n’y a rien à en dire. A partir du lycée, sa « réputation » de fille hautaine s’est diffusée dans son établissement. A son grand bonheur. Plus les gens parlent d’elle, mieux elle se sent. Sa plus grande phobie ayant toujours été d’être complètement effacée de la société, inintéressante, elle n’avait pas trouvé de meilleur moyen pour la combattre. Elle n’avait pas forcément un mauvais fond et pourtant, tous les mensonges qu’elle colportait pour faire parler d’elle ne la présentaient pas comme une jeune fille rêveuse. Car oui, comme à peu près tous les adolescents de son âge, Rose avait un rêve : marquer l’Histoire de son nom. Mordue de littérature, elle voulait devenir un héros des temps modernes.

Le lycée terminé, elle entama des études dans le journalisme. Avec un goût prononcé pour la littérature, l’écriture et l’histoire, elle réussit brillamment et obtint le diplôme nécessaire pour arriver sur le marché du travail. Rose débuta rapidement sa carrière, avec l’aide de ses parents qui la pistonnèrent. Elle se retrouva ainsi très souvent sur la une des journaux ou bien intervenait à la télévision, aux heures de grande audience. On la regardait, c’était le plus important. Elle faisait la fierté de ses parents et elle flattait son ego en trouvant son travail remarquable. C’était gratifiant de savoir que d’autres personnes attendaient ses écrits.

Son activité au sein du journalisme fut brève. Sa vilaine habitude de jouer les mégères, de s’immiscer là où elle n’avait pas lieu d’être, lui joua des mauvais tours. Ainsi Rose perdit en popularité et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, elle passait du statut de « journaliste prisée » à « mais quel est son nom déjà ? ». Dans ce milieu plutôt impitoyable, où une seule faute commise peut compromettre toute une carrière, il est parfois difficile de jouer des coudes pour revenir sur le devant de la scène.

Malgré tous ses efforts, son nom ne faisait plus fureur dans les journaux. Et puis d’autres personnes lui volaient la vedette. On ne lui confiait plus la rédaction des sujets scandaleux et peu à peu elle passait au second plan. Rose n’était plus regardée. Elle se sentait ignorée. Avec l’angoisse d’être complètement oubliée, de ne pas être quelqu’un d’important en ce monde, elle se tourna vers la boisson. La vilaine faiblesse des humains qui ne veulent pas se droguer…

Ses changements d’humeur à répétition, son orgueil et son ton méprisant lui coûtèrent sa place de journaliste. Personne n’avait envie de lui confier le moindre travail. Lorsque Rose jugeait mériter mieux que l’article page 17, entre l’horoscope et les prévisions météorologiques, on tendit le doigt en direction de la porte. Sa fierté l’empêchant de retourner quémander du travail, elle préféra débuter l’écriture d’un roman. Celui-ci n’aboutit jamais à rien, les éditeurs n’étaient pas intéressés par son travail. A ce moment, il y avait bien plus excitant pour donner lieu à des écrits…

Les réseaux sociaux ne parlaient plus que de ça. Un jeu révolutionnaire proposait une nouvelle vie à une poignée de participants choisis de manière hasardeuse. L’accès à un monde de rêve, seulement en répondant « oui » à un petit texto, puis en enfilant un casque. C’était ce qui pouvait calmer la colère de Rose. Car oui, ce monde virtuel l’empêchait de percer dans le monde de la littérature avec ses propres histoires. A défaut d’être une personne populaire en ce monde, peut-être pourrait-elle faire ses preuves à Euphemia ? Et puis ce serait pour elle une manière de vivre un événement ressemblant aux intrigues de ses lectures…

Mais pourquoi elle ne recevait pas de message ? Qu’est-ce qui lui manquait de si important pour ne pas faire partie des élus ? Rose digérait mal le fait d’être mise à l’écart de la société. Ce dernier détail n’arrangeait en rien son état d’esprit. Une lueur d’espoir apparaissait pourtant… Ses parents étaient dans le coup. Le Royaume-Unis mettait en place une infiltration et il y avait besoin de personnes sagement choisies pour pénétrer dans ce jeu « idyllique ». Ni un ni deux, tout en forçant très légèrement la main à ses parents, Rose se portait volontaire pour devenir un espion du Gouvernement.

Peu lui importait les risques. Elle pouvait bien mourir là-haut que cela ne l’effrayait pas des masses. Ce qu’elle voulait, c’était réduire à néant ce petit monde qui n’avait pas voulu d’elle. C’est ainsi qu’on se souviendrait de son nom. C’est ainsi qu’elle marquerait l’histoire : en mettant un terme aux folies de Father, en prenant le contrôle de ce monde virtuel, en se montrant prodigieuse.

✗ Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :

C’est avec beaucoup d’excitation que Rose arrivait dans ce nouveau monde. Elle en était persuadée, son travail permettrait de changer la situation et de renverser Father. Sans sa présence, le Gouvernement ne réussirait à rien, elle est le pion déterminant dans cette histoire. Et encore, utiliser le terme de pion pour désigner son rôle, c’est une grave erreur. En bref, bientôt on chanterait ses louanges et ferait d’elle un personnage clé de l’Histoire.

Arrivée à la mairie, elle offrit un sourire radieux lorsqu’on lui posa quelques questions. Des formalités, rien de plus et pourtant elle retrouvait cette impression d’être regardée, d’être intéressante. Elle optait pour « Robin » lorsqu’on lui demanda son identité avec un pseudo. C’était le nom d’une héroïne qui l’avait tout particulièrement marquée… Puis elle choisit Dream Land pour élire domicile. A vrai dire, tous les membres du Gouvernement s’y regroupent.

Lorsqu’elle quitta la mairie, elle eut un sentiment de déception en se rendant compte que ce monde prodigieux est en réalité d’une banalité déconcertante. Elle s’était attendue à voir une faune et une flore digne… des plus grands romans fantastiques. Avec un air hautain, elle décidait de rejoindre son domicile et de pester face à ce monde qui lui avait vendu du rêve inutilement. Raison de plus pour s’en emparer : avec son imagination débordante, elle en ferait sans doute un endroit extraordinaire…