• On a tous un passé :
Je suis née alors que les arbres se paraient de leur couleur automnale, or et rouge pour la plupart. C’était une magnifique période et ma mère m’a souvent dit que ça portait chance. Je ne sais pas si elle avait raison. Je suis la petite dernière, celle qui « vole » les parents à l’aîné. Mais contrairement à leurs craintes, mon grand frère m’a tout de suite acceptée et surtout, on est devenu inséparable. Il me donnait à manger quand maman le lui autorisait, l’aidait à me laver et m’habiller. Et quand j’eus l’âge de parler, de marcher et de comprendre, il me montra même quelques tours à faire pour avoir des gâteaux en cachette, ou pour faire enrager nos parents. C’était tellement drôle qu’eux mêmes riaient avec nous par après. Et on jouait ensemble, principalement. A l’ordinateur ou avec ses consoles. Il m’apprenait à m’en servir, et me laissait faire un avatar pour que je puisse jouer moi-même. Bien sur, à neuf ans, je ne faisais pas ce que lui faisait à treize ans, mais je m’amusais à cueillir, à fabriquer, comme il me le montrait.
Nos parents divorcèrent à mes dix ans.
Je pense que ce fut le point déclencheur de notre « chute ». Mon frère se renferma sur lui-même, bien plus touché par ce divorce que moi je ne le fus. Il me repoussa, ne voulut plus qu’on joue ensemble. Même quand j’essayais de lui remonter le moral, il me criait dessus. Alors je me suis renfermée aussi. Dans les livres. Au moins là-bas j’étais à mon aise, et je vivais au travers des personnages. En classe, je n’avais pas beaucoup d’amis, et ils me considéraient comme un boulet. Parce que je comprenais moins bien qu’eux, que j’avais besoin d’aide. Quand je demandais mon frère, il me rejetait. Les devoirs, les jeux, tout. J’étais un boulet. Un jour il m’a même hurlé dessus en disant : « Tu n’arrives à rien toute seule ! Tu n’arriveras jamais à rien ! Boulet ! »
Cela m’a fait rudement mal. Notre mère, qui se relevait à peine du divorce, ne se préoccupait plus autant de moi. Et je ne voulais pas qu’elle aussi me considère comme un boulet.
Donc je restais le nez dans mes livres et j’écrivais mes propres histoires. Je m’évadais, loin, pour ne plus être le boulet, mais moi-même. J’observais mon frère et ses copains jouer à l’ordinateur en cachette. Il était fort. Même à mes dix-neuf ans, je me voyais toujours comme une fillette débile. Je n’avais pas l’impression d’avoir un grain de jugeote, ou de ruse. Un peu d’intelligence grâce aux cours, mais c’était tout. J’étais naïve et facilement manipulable et influençable.
Jusqu’à ce jour où je reçus un étrange sms. Je dus le lire deux fois pour être sûre d’avoir compris ! Il parlait d’un jeu. Mais ce qui me faisait peur et me retenait de dire oui, c’était le fait de devoir tout abandonner. Quoique, mon frère s’en fichait de moi, notre mère préférait courir les jupons pour se trouver un autre mec. Personne ne remarquerait que je suis partie. Donc le soir venu, j’envoyais mon « oui ».

Le lendemain, je reçus un colis. Bizarre, je n’avais rien commandé. Dans ma chambre, je l’ouvris et en sortit un drôle de casque. Waouh ! Je le mit sur ma tête et m’allongeais.

• Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :
J’avoue que ça m’a paniqué. Je ne voyais dans un premier temps que des sortes de fenêtres, de drôles d’interfaces comme j’en avais vu dans les jeux de mon frère. Et puis d’un coup… je fus éblouie par le soleil. Ma main en visière, je découvris que j’étais dans une sorte de ville. Magnifique ! Tout était plus vrai que nature ! Les couleurs étaient enchanteresses, l’architecture joliment travaillée. Waouh ! De tous côtés, je voyais d’autres personnes arriver ou tout observer comme moi. Fière, je me dis que je pouvais aller montrer ça à mon frère. Même s’il allait vouloir garder le casque et ne plus me le rendre, je voulais lui dire que j’avais quelque chose pour moi seule, que j’allais me débrouiller et ne pas être un boulet. Mais quand je fis le geste de retirer le casque, je ne sentis que ma tête. Pas de casque. Que… ? Farfouillant en novice dans les interfaces je trouvais le menu, mais pas de déconnexion. Hein ?! Mais je ne voulais pas rester enfermée ici ! Merde…enfin… on ne me regretterait sûrement pas.
J’avançais donc et j’entendais les autres parler de quêtes. Tâtonnant, je trouvais mon journal de quêtes, et lu la première rapidement. Voir le maire, ok ! J’y allais en demandant mon chemin ou simplement en suivant la carte. Celui-ci me reçut très vite, et m’octroya un pouvoir. Un pouvoir ? Me changer en loup ! C’était trop bien ! J’adorais les animaux et encore plus les loups ! Je demandais à aller à Holy Sword. Dans sa description, c’était un endroit qui me semblait parfait pour une fille comme moi. Et pour le métier qu’il me demanda, je n’hésitais pas et répondais bibliothécaire.

Fière de ce que j’avais fait seule, je ressortais et me dirigeais vers la passerelle, prête pour de nouvelles aventures et rejetant au fond de moi ma peur panique.