• On a tous un passé :
Si ça n'en tenait qu'à moi, je n'en divulguerais rien, puisque ce fut un véritable enfer psychologique jusqu'à maintenant. Quand l'on se sent mal aimé, moins que rien, alors que l'on a rien fait pour se mériter un tel châtiment, l'on cherche un moyen de fuir la réalité.
Voici mon histoire...

Je suis née au printemps, alors que les fleurs de cerisiers devenaient à peine des fleurs. Cette journée-là, le soleil brillait déjà hautement dans le ciel, plongeant le grand jardin derrière l'humble maison de mes parents dans une lumière éblouissante. C'est bien beau ainsi, mais en réalité, c'était le drame à l'intérieur, dans la chambre des maîtres. La sage femme était en panique, portant l'enfant -moi-, dans ses bras alors que mon paternel hurlait sur ma mère qui était devenue bien pâle. Son souffle avait cessé quelques secondes auparavant, tout comme son coeur de battre; elle était morte en me mettant au monde.

Le hic, c'est que jamais il n'avait réussi à faire son deuil. Jamais.

Peu de temps après l'enterrement de ma mère, il avait engagé une nourrice pour s'occuper de son seul et unique fils, n'y portant aucunement attention.
Oui, il m'en a toujours voulu pour la mort de ma mère et me l'a fait comprendre tout au long de ma jeunesse. Le seul modèle féminin que j'avais était ma nounou qui était une mère, puisque je n'avais pas connu la mienne, morte en couche. En somme, je n'ai jamais été réellement heureux, surtout le jour où il jugea que le temps était venu pour elle de partir. Ce fut affreusement difficile... Elle m'avait toujours soutenu, parlé, m'amenait avec elle lorsqu'elle sortait faire les courses. Le jour de son départ, tout s'écroula.

Je grandissais et j'allais en cours, comme tous les jeunes de mon âge, mais il m'était difficile de me faire des ami(e)s alors je mangeais seul, sous l'ombre d'un arbre, à regarder les nuages qui défilaient. En dehors de ça, je prenais des cours de kenjutsu histoire de me défouler un tant soit peu. De retour à la maison, mon père trimait jusqu'à tard dans la nuit, j'allais courir dans les environs puis je me collais devant mon ordinateur afin de jouer en ligne une fois le repas prêt pour son retour. J'y passais le clair de mon temps en fait, et plus ça allait, plus je devenais accro. Pourquoi? Je me sentais quelqu'un par l'entremise de mon personnage virtuel, important, apprécié. Bientôt, je me mis à dormir de moins en moins et manquais exprès mes séances de kenjutsu pour me loguer online. Je devenais fort et on me réclamait régulièrement pour tanker dans les raids. Dans cet univers, j'étais quelqu'un à part entière et non pas un jeune homme détesté par son propre père. Un bon à rien. J'étais assez connu et c'était le seul moyen pour moi de passer du bon temps ainsi que de rire un peu.

Un matin, il défonça presque la porte de ma chambre tant il était en rogne et m'engueula comme un poisson pourri :

'' Tu décampes cet après-midi! T'as terminé tes études, maintenant c'est l'université. J'en ai marre de tes habitudes d'ermite ! ''

Qu-quoi... ?! Il me donna la documentation et j'en fus abasourdi. Comment? L'Université? Mais...!

'' Tes notes sont assez bonnes en général, c'est une chance... tu n'es bon qu'à l'école et rien d'autre... ''

Il me regarda avec dédain et j'en fus profondément blessé. Retournant à mon ordinateur une fois qu'il fut partit en claquant la porte, je me remis à jouer pour évacuer cette frustration qui me rongeait à petit feu. Je ne voulais pas partir... mais avais-je le choix? Fermant tout, je fis mes valises et retrouva mon paternel dans la voiture. Le trajet fut long, très long et silencieux. Une fois en ville, devant un grand établissement, il me dit:

'' Tu as un dortoir assigné. Demande à la réception. ''
'' D'accord... '' Soufflais-je.

Sortant, nous n'échangeâmes aucun regard avant que je n'entre, ne demande les informations à la réceptionniste pour me retrouver dans un nouveau cocon.
Au final, j'avais choisi le cours de gastronomie avec un cours de langue française en option. Encore une fois, je faisais équipe en solitaire, évitant les gens le plus possible au risque qu'ils soient tous comme mon père envers moi. Cette souffrance me tuait de l'intérieur et le seul moyen de m'isoler était le jeu. Alors quand je reçus cet étrange SMS, lors d'une pause, je crus que c'était une belle blague. Ça disait :

« Toi, oui toi : toutes mes félicitations! Hedger Impact t'a choisi pour participer au jeu le plus révolutionnaire de notre siècle.
As-tu déjà rêvé de liberté? Vivre sans l'angoisse de ton train-train quotidien? Cette vie est possible, elle est à portée de tes doigts : les portes d'Euphemia te sont ouvertes. Un monde qui dépasse toutes tes espérances, loin de la raison, bien au-delà de ton imagination. Dans ces terres virtuelles, raisonne l'essence de ta liberté, Ryù.
Bien sûr, ce choix ne sera pas sans conséquence. Il te faudra laisser derrière toi tout ce que tu as connu jusqu'à présent. Oseras-tu commencer la partie?

1- OUI / 2-NON

Tu as 24 heures pour nous adresser ta réponse. »

Je ne sais pas combien de temps je restai figé sur mon téléphone portable, mais je n'entendis que la cloche sonner, me ramenant sur terre. Aussitôt je mis l'appareil dans la poche arrière de mon pantalon et retournai en classe. Sauf que mes pensées tergiversaient sans cesse sur ce message. Je déglutis et tentait de me concentrer à nouveau. Une fois dans ma chambre, je repris mon téléphone et écris « 1-OUI » puis envoyai le message. Qu'avais-je à perdre de toute manière? J'avais une vie de merde et si c'était une mauvaise blague, ça ne me tuerait pas davantage. Autant essayé dans ce cas.

Le lendemain, à la fin des cours, je retournais vers ma chambre quand on m'arrêta à la réception; un colis pour moi. Le prenant après avoir signé, je montai à ma chambre et l'ouvrit pour voir un étrange casque. Assit en tailleur sur mon lit, je l'observais, menton dans le creux d'une main. Je réfléchissais au pour et au contre quand je soupirai. Et puis merde quoi! Je le prit et le mit sur ma tête.

C'était... surprenant!

• Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :

L'écran chargeait et bientôt demanda le nom d'utilisateur. Humph... Ryù. Voilà. Une fois fait, tout s'activa et bientôt l'univers se matérialisa autour de moi. Qu'est-ce... ?! Les yeux ronds, je touchai ma tête pour ne plus sentir le casque sur ma tête, mais pour me rendre compte que j'étais dans cet univers virtuel. Bon... sang! Confus, le coeur fou, je regardai partout autour de moi pour voir des nouveaux arrivants agir de la même manière que moi et d'autre qui parlaient entre eux plus loin. Décidant de me promener, j'étais tout simplement sidéré par tout ce que je voyais. Tout était réel en plus! Après une bonne heure à errer, je regardai le journal de quête afin de commencer. Première étape : rencontrer le maire.

Celui-ci ne semblait pas de bonne humeur quand j'arrivai et il me donna un pouvoir si... stupide! Mais c'était quoi ça?! Se transformer en peluche?! Irrité, je m'en allai en le remerciant tout de même puis m'en alla vers l'une des passerelles, sa description m'attirant plus que toutes les autres...