✗ On a tous un passé :
Ace, c’est cet homme enchaînant les conquêtes ne durant pas plus d’un mois. C’est cet être froid que tant de filles et d’hommes ont pensé changer, ont voulu remodeler à leur image sans y parvenir. Ace, c’est cet étudiant brillant, blasé et blagueur. Humour noir. Humour visant les autres. Toujours un mot pour blesser, pour mordre, pour tuer. Il ne fait pas dans la dentelle, Ace, surtout pas si on le fait chier. Qu’on se le dise, ne pas lui adresser la parole est sans doute ce qu’il y a de plus intelligent à faire. Tomber dans ses filets, c’est prendre le risque de ne jamais se relever. Parce que le blond ne laisse que des débris derrière lui. Il n’a jamais appris à prendre soin des autres. Non. La vérité est qu’il trouve cela futile, inutile. A quoi bon prendre soin d’autrui s’il ne récolte rien derrière ? Et qu’attendre de la part de ces post-adolescents à l’acné parfois persistante et au QI indigne du sien ? Rien.

La seule personne qui le connaît sous un angle totalement différent est sa mère. Sans qui, Ace le reconnaît, il ne serait rien. C’est la seule femme qu’il a aimé, qu’il aime et qu’il aimera inconditionnellement. Le plus sûr moyen de s’attirer ses grâces est d’entre dans celles de sa maman. Le plus sûr moyen de finir haché menu est de lui faire volontairement ou non du mal, ou de la critiquer de façon négative. Un mot mal placé sur sa génitrice et c’est une mort lente et douloureuse qui vous attend. Parce que monsieur n’a pas peur de se salir les mains, sachez-le. Une espèce de taureau fonçant droit sur le drapeau rouge agité devant ses yeux, en quelque sorte, dès que la colère court dans ses veines.

Ace, sa vie d’avant, il n’en avait rien à faire, ou presque. La seule chose pour laquelle il se levait le matin était sa mère. Aller à l’université, suivre ses cours, prendre ses heures de barman au bar en bas de chez lui, de quoi arrondir les fins de mois et lui permettre deux ou trois petits extra. Dormir. Se lever, suivre les cours, travailler, manger un peu, dormir. Week-end : réviser, dormir, jouer un peu à des jeux vidéos stupides, passer du temps avec sa mère, lui cuisiner deux ou trois choses à peu près comestibles. Dormir.

Un train-train qui lui faisait royalement chier, faut avouer. Presque s’il ne pensait pas de temps en temps à se suicider. Comme ça. Juste une pensée parmi tant d’autres, pas de quoi sauter le pas quand même. Mais il trouvait son existence quelque peu rédhibitoire. Puis…

Puis CE jeu. Et CE jour.

✗ Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :
Un sms. Un putain de sms dérangeant les cours, ou plutôt brisant le silence imposé par le partiel de science politique. Bien, très bien. De toute façon, il avait fini son devoir, il ne restait plus qu’à le rendre. Car il savait, Eirik, que la relecture ne serait qu’une perte de temps. Estimation de la note globale : 17/20. Et il ne s’était jamais trompé.

Il se leva sans grâce, s’étira de tout son long avant de marcher d’un pas nonchalant vers le professeur qui lui lança un regard pouvant signifier « putain, t’aurais pas pu fermer ton portable, sale gosse ?! » ou un truc du genre. De toute façon, qu’est-ce qu’il en avait à battre, Eirik ? Rien. Et le professeur n’oserait même pas l’ouvrir. Autant économiser sa salive avec un cas comme le blond. Rien ne marchait, rien de rien, pour le faire changer.

Il zyeute le sms reçu cinq minutes plus tôt. Encore de la publicité. Et dire qu’il avait espéré un message de la part de son plan cul lui annonçant qu’elle rompait avec lui après deux semaines de relation. Au moins, ça lui aurait évité de la voir ce soir et de faire face à ses larmes et ses cris. Qui le laisserait de marbre quant à sa décision.

Il ignora le sms, se contentant de l’effacer. Il n’y pensa plus.

Il prit le chemin de son chez lui, un appartement de trois pièces avec cuisine et salle de bain assez larges pour que lui et sa mère ne se marchent pas trop sur les pieds. Dormir un peu, prendre son service au bar, rompre avec sa copine après avoir baisé avec. Se faire jeter dehors à trois heures du matin. Fumer une clope. Rentrer chez lui. Dormir encore un peu avant son deuxième partiel. Et on recommence la journée, plan cul en moins.

Tu te fais encore harceler par un sms. Ca te fait chier mais tu es intrigué. Alors tu réponds oui, juste pour voir. Même pas le temps de rentrer chez toi que voilà, le matos est là. Le casque new generation avec pas un pet de poussière dessus. Tu écarquilles les yeux, surpris, plus que surpris. Avec ton salaire, tu ne pouvais que rêver de posséder pareille bête. L’envie est trop grande alors tu cours presque jusqu’à ta chambre avec le besoin d’essayer la merveille. Tu te branches après avoir lu les instruction et te laisses transporter dans…

Un paradis sur terre. C’est… Magnifique. Chaque détail est rendu parfaitement, encore mieux que le monde réel. Chaque sensation y est, jusqu’à la caresse du vent sur ta nuque.

Un grand sourire éclaire ton visage, un sourire que seul ta mère arrive à te tirer de temps à autre, tous les cinq ans. L’Ennui est vaincu, tu le sens, par ce jeu aux possibilités infinies. Victoire complète, rêve éveillé.

Fais gaffe, mon gars. Entre rêve et cauchemar, il n’y a qu’un pas aisément franchi. Et le bonheur peut se transformer en un battement de cils en malheur. Suffit juste de changer quelques lettres…