Aujourd'hui, Justice avait une mission. Un objectif qu'elle s'était donné elle-même. A savoir : trouver de nouveaux vêtements, à sa taille. Elle n'avait plus rien à se mettre.
Et quoi de mieux pour cela que les Rues Commerçantes d'Holly Sword ?

C'est en se levant ce matin, lorsqu'elle ouvrit son armoire pour choisir ses vêtements, qu'elle se rendit compte qu'il fallait faire quelque chose.
Alors, elle fût contrainte de mettre des affaires aux motifs enfantins, qu'elle gardait en cas d'urgence comme celui-ci. Certes, ils étaient à sa taille mais porter un haut bleu ciel avec des lapins roses dessus, ça faisait perdre en crédibilité lorsqu'on était chasseuse de prime. Métier qui, par ailleurs, lui avait fait perdre nombre de vêtements, qui avaient finis abîmés, déchirés.
Elle s'habilla donc, et cacha avec honte sa tenue de petite fille comme elle pouvait, avec une veste bien longue. Puis, elle se dirigea vers la sortie de l'île pour prendre le tunnel menant à Holly Sword.

Une fois arrivée, elle n'eut qu'une crainte : et si King la voyait habillée de la sorte ?
Toute gênée de cette éventualité, elle alla au plus vite à sa destination pour se perdre dans la foule, histoire qu'on la remarque moins.
Elle entrait dans plusieurs boutiques, et, en sortant de l'une d'elles, qui se trouvait dans une rue plus calme, elle s'appliquait à remettre sa veste en place du mieux qu'elle le pouvait lorsque quelqu'un la bouscula largement.
Elle eut un mouvement en arrière dû au choc. Grrr... Qui osait ?
Elle se tourna, et leva des yeux noirs vers l'individu.


« Tu peux pas regarder où tu vas ? La rue n'est pas assez large ? »

Sérieusement. Ce que les gens pouvaient être énervants. Encore, une rue bondée, d'accord, mais là, c'était de petites boutiques tranquilles, il y avait au maximum quatre personnes dans la rue. Il fallait presque le faire exprès pour percuter quelqu'un. 

« Ouais, ouais, pardon, mille excuses, je suis navré, tout ç... »

Et en plus, ses excuses n'étaient même pas crédibles. Le pire, c'est qu'on aurait dit qu'il avait déjà sorti cette phrase des millions de fois, tant sa voix était sans conviction. 

« Houla... j'ai jamais vraiment suivi la mode, mais elle a sérieusement dérapé depuis les pattes d'éléphants... »


« Si tu ne m'avais pas bousculée comme un idiot au moment où je remettais ma veste pour cacher ça, tu ne dirais pas de telles bêtises ! »

Les dents serrées, elle ferma les yeux et relâcha sa chemise en desserrant son poing. Elle souffla un coup, rouvrit les yeux sans lui accorder un regard, et réajusta son manteau. Elle était concentrée à la faire tenir du mieux qu'elle le pouvait, vérifiant qu'en voyait ses vêtements le moins possible. 

« Tu vas rester là encore longtemps à me regarder et te foutre intérieurement de moi ?  »

C'est vrai ça. On ne pouvait plus sortir d'un magasin sans se faire bousculer ? Si elle avait pu l'éviter, elle l'aurait fait, mais elle sortait tout juste de embrasure de la porte lorsqu'il l'a percutée. C'était donc sa faute. En plus, il n'avait qu'à pas longer les murs comme ça. 
Et puis, la vraie raison, c'est qu'elle n'admettra pas d'avoir tort, pas dans cette situation. Parce qu'elle serait encore moins crédible, en plus des vêtements la ridiculisant. 
Malgré tout, elle n'hausse plus le ton, gardant une voix calme. Enfin, c'est ce qu'elle essayait de faire du mieux qu'elle le pouvait, parce que ça lui demandait des efforts. 

Bien, il s'en va. Il ne s'est pas mieux excusé, mais s'il passe derrière elle, alors avec de la chance, il ne la recroiserait plus et donc, il ne lui rentrerait plus dedans de la sorte. 
Ah non, conclusion trop hâtive. Il se retourne. 

Elle avait commencé sa tirade avec une petite pointe d'agacement. Puis, en parlant de sa taille, elle avait bien baissé le ton, chuchotant presque. Elle s'était même un peu rembruni, baissant la tête, rougissant presque. 
Et ensuite, elle avait terminé à toute allure. 

Elle avait rajouté ça juste après, cachant sa gène en lâchant cette dernière phrase avec force. Elle savait que les gens se moquaient de sa petite taille en la voyant. Enfin, c'est ce qu'elle croyait. La plupart des gens la trouvaient surtout mignonne, mais ils se doutaient bien qu'ils faisaient mieux d'éviter de le lui dire.

Il répond à tout comme ça ou c'est juste pas son jour ? Non parce qu'actuellement, Justice se demande s'il ne fait pas ça juste pour l'énerver. Il a réponse à tout et le fait savoir. Autant, quelqu'un qui a de la répartie, c'est cool et elle les admire, mais lui, il est juste. Lourd. 
Il doit s'en prendre des coups avec un caractère pareil. C'est même pas de la franchise, mais plutôt un irrespect cassant. Et il critique son caractère ? 

D'accord, Justice n'était pas quelqu'un de très facile. 
Cela dit, elle allait admettre qu'il avait raison sur un point, le fait qu'elle s'était mal organisé pour ses vêtements. Et c'aurait été injuste de le nier. 
Mais elle n'en a pas le temps, qu'il continue à parler. Et là, c'est le drame. 

Mignonne ? C'est ce qu'il a dit ? C'est bien ce qu'il semblait. La chose qu'il fallait le moins faire, en outre. 
Tout ce qu'il a dit avant importe peu. Elle l'attrape à nouveau par son col, encore froissé, bien que moins violemment. 

Ne redis jamais ça. Je ne suis pas mignonne.

Elle montre les crocs, mais elle rougit aussi légèrement, malgré qu'elle aimerait que ça ne se voit pas. Personne n'a le droit de lui dire qu'elle est mignonne, c'est tout. 
Elle le relâche presqu'immédiatement, ne comptant pas lui faire le moindre mal. 
A nouveau, elle arrange ses vêtements avec concentration, ne le regardant plus, ayant la tête baissé sur les boutons de sa veste. 

Et puis je ne cherche pas de mec, comme tu dis. J'ai d'autres choses à faire.

Comme trouver des vêtements par exemple, pour éviter une telle discussion à l'avenir.

Était-il idiot jusqu'au bout ? Le pire, c'est que s'il joue la comédie, il le fait vraiment bien. Si bien qu'au final, on se doute que malheureusement, ce n'est pas un rôle mais bel et bien la réalité. 

« Ben quoi ? C'est la vérité. »

Justice fait mine de se concentrer sur ses vêtements, ses cheveux, n'importe quoi d'autre, juste pour oublier ce qu'elle vient d'entendre. Elle, mignonne ? Ca va pas ? Ce n'est pas quelque chose à lui dire. C'est l'une des choses qui la fait partir au quart de tour. Mais on lui dit parfois qu'elle devrait se calmer un peu, agir moins par pulsions et paraître plus féminine de temps en temps. Alors elle préfère faire comme si elle n'avait pas entendu sa réponse à sa réaction précédente. Histoire de ne pas avoir à le reprendre par le col, voire pire. 

« Oh, désolé... Je savais pas que tu... préférais les femmes. Bon... ben bon courage, je suis sur que t'en trouveras une qui te convient. Et pour les fringues, y'a des boutiques un peu plus loin, tu trouveras peut-être ton bonheur... et jette ceux que tu portes, tu éviteras de te retrouver à nouveau dans cette situation. »

En revanche, elle ne pouvait pas faire comme si elle n'avait pas entendu ça. Elle leva la tête vers lui, fronçant un sourcil. Puis, elle ouvrit de grands yeux et le fixa. Sans être choquée non plus, ayant eu des amies homosexuelles dans sa vraie vie, elle est juste très surprise qu'on puisse la penser lesbienne. 

« Pardon ? Je ne suis pas homo ! Quand je disais que je n'avais pas que ça à faire, c'était dans le sens où j'ai d'autres chats à fouetter ! Du travail, des affaires à traiter ! Je n'ai pas le temps de fricoter. Merci pour les conseils en tous cas, je vais aller voir si je trouve quelque chose. Et j'admets que tu as raison, ce sera préférable que je les jette en effet. »

Oui, ça pouvait sembler étrange d'admettre qu'il pouvait avoir raison. Mais il ne fallait pas être injuste et restée butée. Donc oui, ce n'était pas faux, garder de tels vêtements étaient une erreur. Cependant, une question lui reste en tête, et elle ne peut pas s’empêcher de la poser. 

« Dis-moi, tu trouves que j'ai l'air lesbienne pour de vrai ? »

Tant de maladresse dans ces mots. N'importe qui pourrait trouver affaire à se vexer dans la moindre de ses phrases. Pourtant, il ne donne absolument pas l'impression que son intention est de blesser, de faire du mal à quelqu'un. Il a même l'air gentil au final. Parce que ce qu'il dit a beau l'air être tranchant, ils donnent des conseils et de l'affection. En fait, il ne réfléchit pas vraiment à ce qu'il dit, et cette forme de franchise, puisque c'en est une, est tournée de façon maladroite par sa façon de dire les choses.
Quoiqu'il en soit, Justice aurait été la candidate parfaite pour être du genre à se vexer dans ces cas-là et à ne pas apprécier la façon d'être de Shikonai. Et pourtant. Elle le trouve amusant. Elle ne se moque pas de lui, non ! Mais il est rare de rencontrer quelqu'un qui parle ainsi, surtout lors de cette rencontre, lorsque l'on ne se connait pas. C'est ce qu'elle apprécie, et c'est pourquoi elle sourit légèrement à sa nouvelle bourde. En plus, elle aurait des raisons de le frapper, et ça lui plaît. Parce qu'elle pourrait le faire quand elle voudrait, ce ne serait pas injuste, mais mérité. N'est-ce pas ?
Oh mais zut, Justice ne pense pas autant et se contente de réfléchir à la réponse de ce dernier.

« Sur le plan physique, non c'est pas visible comme ça. Je pense que ça qui m'a donné cette idée absurde, c'est ton comportement loin de la féminité. C'est peut-être moi qui a des préjugés absurde sur le comportement des lesbiennes, mais je les ai toujours vu avec un caractère assez impulsif, genre garçon manqué, comme toi quoi... et aussi un blocage total sur les compliments venant des hommes... ouais, c'est ton comportement qui m'a fait penser ça, je pense. Enfin, si tu l'es pas, ça ne regarde que toi. »

« Ah... On se refait pas ! Tout le monde me dit ça, que je ne suis pas féminine. »

Elle dit cela en souriant. Son premier vrai sourire depuis avoir été bousculée par ailleurs. En fait, quand elle n'est pas énervée, ou méfiante, ou vexée, ou qu'elle ne se met pas sur la défensive, ou qu'elle n'attaque pas, elle peut paraître gentille et mignonne, en effet. Mais Shikonai ferait mieux de se rappeler que ce n'est pas chose à lui faire remarquer surtout.

« Et sinon, t'es là pour quoi toi ? Tu fais les magasins aussi ? »

Elle se préoccupe un peu moins de ses vêtements et se dit qu'elle ira en acheter des convenables aux magasins que lui a indiqué le jeune homme.

A ce jour, une question se posait. 
Aujourd'hui, Justice était partie faire les magasins. Fait déjà rare chez elle. Il s'agissait vraiment d'un cas d'extrême urgence, la preuve étant qu'elle même s'en est rendu compte, bien que peut être un peu tard. 
Dans son armoire, si vous avez un jour l'occasion de la fouiller sans la peur qu'elle vous surprenne et ne vous frappe, vous ne trouverez rien de bien intéressant. Entendons par là que les vêtements que vous verrez ne serons, pour commencer, jamais de grande marque, et ne lui auront pas coûté une fortune, ça non. Après tout, les vêtements n'existent que pour cacher son corps, et pas autre chose. Tant qu'ils ne gênent pas nos mouvements. Pas besoin de dépenser beaucoup pour en trouver de la sorte. Ensuite, vous ne trouverez pas de vêtements très féminins. Peut être une robe ou deux, l'une pour les grandes chaleurs d'été, l'autre pour les soirées et les grands événements. Du reste, il n'y aura que pantalons et tee-shirt, voire chemises avec de la chance. Jamais rien de féminin. Généralement, ce n'est pas confortable pour courir quelqu'un. 
La question qui se pose donc aujourd'hui est... Achètera-t-elle quelque chose de plus féminin, même légèrement, ou pas du tout ? Continuera-t-elle à acheter de tels haillons ? 
Voyez-vous, pour Justice, la question ne se pose pas. Elle connaît déjà la réponse, et sans doute sera-t-elle celle qui vous décevra. 

En lisant l'expression de Shikonai sur son visage, elle cesse de sourire. Elle ne fait pas la tête non plus, ne redevient pas agresse, non. Plutôt une sorte de curiosité, avec quelque chose d'autre en plus. 

« Tu as l'air surpris que je souris. Pourquoi ? Tu m'en croyais incapable ? »

Ce ne serait pas la première que quelqu'un penserait cela, mais tout de même, c'est vexant. De toutes façons, les sourires rares sont plus précieux que ceux distribués à tout va sans aucune raison, non ? 

« Non, moi je suis là pour chercher du travail. Donc si t'as une idée d'où je pourrais aller postuler... je suis preneur. »
« Là, tout de suite, aucune idée ne me vient. Mais dis-moi plutôt ce pour quoi tu es doué. T'as déjà travaillé dans quoi ? T'as des facilités dans quelque chose ? »

Peut être pourrait-elle l'aider. Sans forcément chercher à sa place, elle pourrait le contacter si elle entend parler d'une opportunité quelconque.

« Tu as l'air surpris que je souris. Pourquoi ? Tu m'en croyais incapable ?
- Oh non c'est pas ça, c'est juste que ya encore 5 secondes tu faisais la gueule, je m'attendais pas à un changement aussi rapide et radical d'humeur. »

Elle observe la visage du jeune homme, cherchant une sourire moqueur ou quoi que ce soit de semblable. Elle ne trouve rien de tel.
Avait-elle oublié à qui elle avait à faire ? Cet innocent disait tout sans réfléchir, ça sortait comme ça lui venait. Il serait étonnant de sa part qu'il se moque.
Il faut dire que, généralement, Justice voit les gens d'en bas. Donc logiquement, pour elle, tout le monde la prend de haut, et elle se fait souvent des films, s'imaginant qu'on rit ouvertement d'elle.

« Si c'est ce que tu te demandes, non, je ne suis pas bipolaire, ou quoi que ce soit d'autre qui mêle le fait d'avoir deux personnalités, ou des sautes d'humeur. Du moins, aucun médecin ne m'a jamais diagnostiqué un tel trouble. »

Une question traversa son esprit, mais elle ne fit pas part de ses réflexions à haute voix.
Y'avait-il des médecins sur Euphemia ? Elle n'en avait jamais rencontré. Mais après tout, il était probable qu'un médecin soit tombé dans cet univers comme elle, et que pour gagner sa vie, il soit devenu médecin ici également. Une autre question lui vint alors. Pouvait-on tomber malade dans ce monde virtuel ? Etre blesse oui, elle en avait déjà fait l'expérience. Mais être malade, même un simple rhume ? Elle demanderait sans doute possible s'il lui arrive de rencontrer quelqu'un qui es ici depuis un moment déjà. En tous cas, elle n'était jamais allée chez le médecin en tant que Justice.

« Tiens, j'y pense. T'es arrivé sur Euphemia depuis longtemps ? »

Dans tous les cas, lui n'était pas médecin. Voilà qu'ils parlaient de son potentiel futur travail.

« Là, tout de suite, aucune idée ne me vient. Mais dis-moi plutôt ce pour quoi tu es doué. T'as déjà travaillé dans quoi ? T'as des facilités dans quelque chose ?
- Ben... J'ai fait des études de compta, j'ai des notions de commerce et je suis adeptes des boulots pas glorieux ou de caissier... Enfin après, s'il y a d'autres boulots prêts à prendre quelqu'un sans connaissance dans leur domaine, je veux bien.
- Heureusement que tu veux bien ! Tu serais vraiment débile sinon. Ou alors tu ne cherches pas vraiment à travailler. Autrement, évidemment que tu accepterais un travail où il n'y a pas besoin de qualifications. Bon, sinon, on va essayer d'éviter les boulots pas glorieux, pas vrai ? Comptabilité et commerce... Hmm... D'ailleurs, tu penses qu'ils vont te croire sur parole si tu leur dis que tu as fait de telles études dans ton ancienne vie ? Ils vont peut être te demander de passer un test. Enfin, c'est ce que je ferais si j'étais à leur place. »