✗ On a tous un passé :

« Bloodshed gives way to more bloodshed. Hatred breeds more hatred until all of the violence soaks into the land carving rivers of blood. And no matter how many times it happens they never learn. The human race is made up of violent miserable fools. »

La vie d'Haruna commença le jour qu'on lui octroya comme étant celui de ses huit ans. Trouvée au beau milieu d'une forêt enneigée par un couple de randonneurs, ils ne la reconnurent jamais comme étant leur enfant, mais l'élevèrent comme telle. Elle fût aimée, chouchoutée, mais grandissait d'une façon bien étrange pour une jeune fille sensée évoluer dans un environnement aussi épanoui. Haruna était vide. Une véritable poupée se pliant aux moindres valeurs qu'on lui inculquait. Vivait-elle ? Ses parents venaient parfois à en douter, si bien qu'ils usèrent de tous les moyens possibles pour remédier à ce qu'il considérait comme un problème d'ampleur. De l'éducateur au pédopsychiatre. Mais rien n'y faisait. Haruna était comme morte de l'intérieur.

J'ai peur, avait-elle simplement murmuré lorsqu'on lui avait demandé pour quelle raison elle agissait ainsi.

Peur de ce trou noir au début de sa vie. Peur d'être une nouvelle fois abandonnée. Peur de se retrouver seule et confrontée à elle-même. Mais il ne s'agissait là d'une raison invalide. Haruna était ainsi. Point. Elle ne pouvait changer, ne parvenait pas à socialiser, à éprouver de quelconques sentiments. Alors elle s'adaptait, agissait selon ce qu'elle voyait et entendait.
Et puis un jour, une tête brune avait passé le pas de la porte. Elle s'était cachée, avait refusé de se montrer, s'était montrée d'une agressivité presque féroce envers ce nouveau venu qui n'avait pourtant rien demandé. Voulait-il lui voler ses parents ? Elle l'avait ignoré, longuement, s'était acharnée à ne lui montrer aucune attention malgré les cadeaux qu'il lui offrait démontrant clairement sa gentillesse et son envie de s'entendre avec elle. Ses parents avaient donc pris les choses en mains, l'avaient poussée à cesser d'ignorer ce pauvre garçon qui n'était autre que son voisin cherchant désespérément à comprendre pour quelle raison elle le rejetait avec une telle force. Alors Haruna avait cédé, s'était ouverte à lui, et avait même fini par s'enticher malgré les quatre ans d'écart entre eux. Elle qui n'avait jamais ressenti une quelconque sentiment de la sorte se retrouvait à sentir son cœur s'accélérer à la vue seule de ce garçon d'une banalité pourtant accablante. Mais elle aimait ces cheveux bruns, ces yeux noisettes, cette grande silhouette à l'odeur fraîche et enivrante. Elle n'avait alors que quinze ans, mais le voulait par-dessus tout. Sauf qu'elle était incapable de le montrer, ou même de le traduire de quelques façon que ce soit. Et il était parti. Elle n'avait pas pleuré, n'avait rien démontré. Elle en était incapable, et s'en voulait. Ce fait ne changea rien à sa vie de tous les jours, il ne bouleversa que ce qu'elle était. Haruna changea, peu à peu, devînt bien moins éteinte et absente qu'auparavant. Des sourires illuminaient ses lèvres, elle commençait à devenir affectueuse, à démontrer des sentiments autres que de l'indifférence. Mais sa vie sociale demeurait d'un vide plat en dehors de ses parents. Alors ils l'avaient envoyée en Angleterre, espérant ainsi la pousser à se faire des amis et à socialiser, au sein d'un internat. Elle haï cette année de sa vie. De toute ses forces. Ne désirait que rentrer. Elle n'était ni persécutée, ni même embêtée, uniquement seule. Terriblement seule. Et puis, un soir où elle se glissait sous ses draps en compagnie de sa peluche, Teepo, son portable avait vibré. Par réflexe, elle avait instantanément ouvert le message bien qu'il fût d'un expéditeur inconnu.

« Toi, oui toi : toutes mes félicitations ! Hedger Impact t'a choisi pour participer au jeu le plus révolutionnaire de notre siècle.
As-tu déjà rêvé de liberté ? Vivre sans l'angoisse de ton train-train quotidien ? Cette vie est possible, elle est à portée de tes doigts : les portes d'Euphemia te sont ouvertes. Un monde qui dépasse toutes tes espérances, loin de la raison, bien au delà de ton imagination. Dans ces terres virtuelles raisonne l'essence de ta liberté, Haruna.
Bien sûr, ce choix ne sera pas sans conséquences. Il te faudra laisser derrière toi tout ce que tu as connu jusqu'à présent. Oseras-tu commencer la partie ?

1- OUI / 2-NON

Tu as 24 heures pour nous adresser ta réponse. »

Oui ou non ? Elle avait automatiquement envoyé oui. Elle reçût un casque le lendemain, emporta le colis avec elle chez sa tante adoptive la gardant pour le week end, et l'avait posé sur sa tête aussitôt dans la chambre qu'elle occupait lors de ses rares séjours dans son gigantesque manoir.

« Née de ton imagination, je ne vis que pour toi. »

Et elle redeviendrait cette poupée qu'elle avait toujours été. Euphemia lui permettrait de tout recommencer à partir de zéro. De lui forger de nouveaux souvenirs qui cependant ne remplaceraient jamais ce vide angoissant avant ses sept ans.

✗ Ton arrivée à Euphemia et ta réaction :

Haruna jeta un coup d'oeil nerveux au lieu où elle se trouvait. Alors elle n'avait pas rêvé... Ou alors peut-être était-ce réellement le cas, comme Alice au Pays des Merveilles. Peut-être finirait-elle par se réveiller. Mais pour le coup, elle avait avancé, s'était inscrite comme nouvelle habitante de Hope Corporation, passionnée pour la nouvelle technologie. Si ce monde devait être sa nouvelle folie, autant qu'elle s'y perde au maximum, non ?