Pauvre Melancolie.

Te voilà enfermée dans un placard, condamnée à ranger le matériel de tes petites camarades infirmières. Enfin "camarade", c'est un grand mot pour toi. Tu préfères employer le mot "collègue" suivit de l'adjectif "insupportable". Et eux, ils te comprennent bien. Messieurs les ciseaux sont toujours là pour se moquer d'elles. Cela te donne le sourire aux lèvres mais ce n'est pas très gentil de rire des personnes, alors tes larmes, elles se laissent doucement couler du coin de tes yeux bridés. Monsieur le désinfectant, il préfère te consoler et te dire que grâce à ce travail supplémentaire, tu seras beaucoup mieux payé qu'elles. Mais Madame la seringue, elle rit aux éclats de te voir ordonner le petit bazar de tes sympathiques collègues de travail. Ah cette seringue...  Elle effraye certain de tes patients. Elle a un sale caractère. Tu ne peux qu'être furieuse contre elle. Sauf que tu es trop faible... Alors, tu baisses la tête. Tes lèvres se déforment. Maintenant c'est ton nez qui pleure. C'est laid. Tu deviens hideuse, Melancolie.

Alors tu sors ton précieux mouchoir de ta poche. Ton plus grand ami car lui, il te soutient. Arrête de pleurer ma petite. C'est ce que tu crois avoir entendu. En séchant tes grosses larmes et la morve qui dégouline de tes petites narines, tu retrouves un visage normal. Tes yeux restent brillants. Ils prouvent que tu as pleuré encore pour un rien. Mais ce n'est pas grave, tu penses qu'un moment à l'autre tu retrouveras le sourire. Enfin... tu as finis de ranger le désordre des autres infirmières qui te servent de collègues. Ta mission est désormais terminée. Tu sors du placard en frottant tes yeux éblouis par la lumière blanchâtre du couloir de l’hôpital.

« Hé vous ! Oui vous ! »

Cette voix t'a interpellé, alors que tu venais à peine de finir ton boulot. Tu te retournes vers l'inconnu, étonnée. La surprise te donne quelques petites perles de larmes aux bords des yeux. Il pointe le doigt sur ta personne. Alors tu pointes également ton index sur toi.

« Euh… Où se trouve Mlle. Gonzales Salmon de la chambre 107 ? Elle n’est pas dans sa chambre, ça m’étonne vous comprenez… »

C'est un vieux monsieur barbu. Assez bien vêtu. Mais le mariage des couleurs de ses habits parait étrange. Tu sens un parfum particulier et très fort titiller ton nez. Cela t’embarrasse de devoir répondre négativement. Car sur l'horloge du couloir, indique l'heure à laquelle l’hôpital ne prend aucune visite. Alors polie comme tu es, tu te courbes en avant en plaçant tes mains contre tes genoux.

« V-Veuillez... m'excuser... M-mais, ce... ce n'est p-plus l'heure d-des... visites... Il... Il va falloir... r-revenir plus t-tard. »

C'est triste, lorsque tu vas te redresser, tu verras le visage déçu du vieil homme. Et bien entendu, tu auras  envie de pleurer. Pourquoi ? C'est tellement dommage car du coup, il pleurera avec toi. Tu ne peux rien faire. C'est ton pouvoir, hélas. Pourquoi l'avoir choisi ? C'est méchant de rendre les gens aussi pleurnichards que toi, Melancolie... Ton corps se redresse, mais ta tête reste baissée. Elles coulent tes larmes, comme une fontaine.

« Je... Je suis vraiment... d-désolée... »

Tu sanglotes. Ta voix est déformée par ta tristesse. Comment te faire pardonner ?